Thèmes : Biographie, Angleterre, Pouvoir de la lecture
De la fratrie Brontë, nous connaissons le malheur qui les frappa très tôt, la mort qui les prit un à un si jeunes, leur imagination fertile, leur paysage de landes, leurs écrits à la popularité toujours croissante, leurs caractères variés...
Et pourtant, les connaissons-nous si bien ?
Et surtout Anne, la dernière de cette singulière famille, toujours présente comme une oiselle fragile et sensible, effacée et timide.
Celle dont le portrait fut surtout façonné par sa sœur Charlotte est l'autrice de deux romans qui heurtèrent à leur parution, surtout le deuxième.
Que faites-vous des pauvres femmes qui se trouveront avec un tel ouvrage entre les mains ?
Pour lui donner toute la place qu'elle mérite et n'être plus dans l'ombre de ses sœurs, Emily et Charlotte, Paulina Spuchhes nous montre qui était Anne, jeune fille à la chevelure rousse flamboyante, aussi calme que déterminée à prendre son envol par elle-même.
Mais il est impossible de parler d'un membre de la famille Brontë sans lui associer les autres, car tous se façonnèrent individuellement en se construisant ensemble. Ainsi, Paulina Spucches redonne vie à tous et chacun dans son album aux couleurs profondes et puissantes, qui contrastent fortement avec l'image grise et terne qui accompagne souvent l'évocation des Brontë.
Passant brièvement sur la mort tragique de la mère puis des deux sœurs aînées, elle raconte leurs jeux et créations livresques créés grâce au cadeau reçu par leur frère Branwell en 1826, une boîte de petits soldats de bois jusqu'à la publication de leurs ouvrages respectifs comme de leurs décisions de vie.
Emily ne vit que par et pour Haworth et son paysage de landes dans lequel ils ont donné vie à leurs Royaumes et où Emily et Anne se promènent souvent. Elle a une tendresse particulière pour sa jeune sœur qu'elle défend ardemment.
Charlotte, la plus affirmative et décisionnaire, voire chaperonne, qui prit l'initiative des envois de leurs écrits aux éditeurs.
Branwell, l'unique garçon, extrêmement intelligent mais aussi jaloux, sur lequel reposait tous les espoirs paternels, qui sombra bien vite dans l'alcool et les drogues ; ne sachant comment faire face au monde.
Et Anne, si douce Anne...
Vous pensez que je n'ai pas de jugement propre, puisque je vous obéis depuis toujours.
Mais vous ne m'avez pas mise à l'épreuve, et ne savez donc pas de quoi je suis capable...
L'autrice n'occulte rien des doutes, des moments d'engouement comme de craintes des sœurs, des moments d'écriture et de création, de leur quotidien au Presbytère ou dans leurs différents séjours ailleurs et qui inspirèrent leurs écrits.
Les nombreuses cases sans texte, les cadrages variés se suffisent à eux-mêmes et sont forts d'évocations. La peinture de Paulina Spucches est vibrante d'expressivité, de volonté, de liberté, d'émancipation.
Elle leur redonne magnifiquement vie et offre à Anne tout la place qu'elle mérite par ce superbe hommage.
L'album se referme sur une postface qui nous explique sa genèse, une chronologie et un carnet de croquis. C'est passionnant !
J'ai très envie de retrouver leur écriture à chacune, et particulièrement celle d'Anne, que je n'ai encore jamais lue.
Qu'en a pensé Nathalie ? Allons lire son avis ! Paulina Spucches est déjà sur le blog avec son premier album: Et les Brontë (surtout Emily)Depuis ta prose inspirée de Gondal jusqu'à aujourd'hui, tous semblent provenir d'une voix qui a déjà tout vécu.