T.C. Boyle (Tom Coraghessan Boyle) est un écrivain et romancier américain né en 1948 dans l’Etat de New York. Depuis 1978, il anime des ateliers d’écriture à l’Université de Californie du Sud et vit près de Santa Barbara, dans une maison dessinée par l’architecte Frank Lloyd Wright. Un Ciel si bleu, son nouveau roman, vient de paraître.
Le roman se déroule entre la Floride et la Californie et court sur plusieurs années. Sur la côte Ouest, dans leur belle maison, Ottilie la mère de famille, élève des grillons destinés à remplacer la viande pour les repas sur les conseils de son fils Cooper, écologiste convaincu et étudiant en entomologie, tandis que Frank, le père, médecin, approche de la retraite. A l’autre bout du pays, en Floride, Cat leur fille, s’est installée avec Todd dans une maison en bord de plage ; lui, est ambassadeur pour les alcools Bacardi et mène grand train, elle, se rêve influenceuse sur internet !
Ainsi planté, c’est un peu comme un conte pour bobos sous le ciel bleu, verres de vin (car oui, ça picole beaucoup) et piscine… sauf que de nos jours, il n’y a plus de saisons ni même de climat. En Californie, c’est la fournaise, en Floride il pleut sans arrêt, les grandes marées submergent les routes et la mer gagne continuellement du terrain sur la plage et s’attaque aux maisons.
Conséquence, à l’Ouest du nouveau, un beau jour les insectes meurent tous et Cooper veut savoir pourquoi exactement, pas de pot avec ceux qui ne meurent pas, comme une tique qui va le piquer, l’infecter grave et obliger la médecine à l’amputer d’un bras. A l’Est ce n’est guère mieux avec les bestioles, Cat pour faire « mode » s’offre un python avec lequel elle parade sur les réseaux sociaux et dans les bars, le reptile autour du cou, le bestiau va grossir, s’échapper malencontreusement et provoquer un drame terrible. La pauvre Ottilie, faisant la navette entre Californie et Floride pour combler les manques.
Il se passe évidemment beaucoup d’autres choses dans ce roman dont vous comprenez que les effets du réchauffement climatique sont au cœur du sujet : pour les uns chaleur, sécheresse (« « Buvez beaucoup », dit-elle, ce qui équivalait désormais au « Bonne journée » de naguère. »), pluies, ouragans, crues et grandes marées pour les autres. Les gens s’adaptent comme ils peuvent, avec ce pragmatisme américain dans « cette société dingue qu’était l’Amérique contemporaine ».
Comme toujours chez l’écrivain, le texte est dense, très précis et détaillé, les évènements s’enchainent avec facilité et rythme. Boyle montre sans prendre parti. Le monde est mal barré ? Pourtant le roman s’achève sur une scène d’une grande beauté dont les papillons monarques font le décor… espoir ?
Excellent roman.