Nous y sommes : la nouvelle rentrée littéraire est lancée ! C’est aujourd’hui que sort le nouveau roman de Sorj Chalandon, Le jour d’avant, aux éditions Grasset. Grâce à Netgalley et à l’éditeur, j’ai eu la chance de le lire en avant-première. C’est la première fois que je lis un roman de Sorj Chalandon. Évidemment, je connais d’autres titres, comme Le Quatrième mur. Mais je n’avais pas encore franchi le cap de la lecture. C’est désormais chose faite, et ce fut pour mon plus grand plaisir…
1974, du côté de Liévin : Michel Flavent a seize ans, et depuis son plus jeune âge, il n’a d’yeux que pour son frère, Joseph. Il est son modèle, Michel rêve de se mettre dans les pas de son grand frère. Après avoir été apprenti en mécanique, Jojo, son Jojo, répond à l’appel de la mine, en dépit de l’avis paternel. Le 26 décembre 1974, après cinq jours de fermeture de la fosse 3bis, là où est affecté Jojo, l’horreur surgit. Au petit matin, une explosion, un coup de grisou. 42 victimes parmi les ouvriers…
2014-2015, entre Paris et le Nord : tout juste veuf, et après avoir longuement mûri son projet de vengeance, Michel quitte son quotidien parisien et retourne sur les traces de sa jeunesse, vers Liévin. Son objectif, retrouver Lucien Dravelle, le contremaître responsable de la sécurité des ouvriers morts à la mine, l’assassin de son frère…
Avec ce nouveau roman, Sorj Chalandon nous plonge au cœur du bassin minier, dans le Nord-Pas-de-Calais, entre passé et présent. L’immersion dans le milieu est totale. Ainsi donc, c’est comme si nous étions, nous aussi, issus de ce monde dont nous ne connaissions jusqu’alors peut-être pas grand-chose. Le vocabulaire, l’atmosphère globale du roman renvoient constamment à la mine. Et bien que ce livre soit une fiction, Sorj Chalandon s’appuie sur un fait réel : la catastrophe minière du 27 décembre 1974, à Liévin, dans le Nord. Les recherches que j’ai effectuées sur ce désastre minier m’ont permis d’ancrer encore davantage le récit dans le réel.
La personnalité, le profil psychologique de Michel sont si précisément dessinés que le tout en devient toujours plus intense. La tension s’installe progressivement. On attache de l’importance à certains détails de l’histoire, en espérant trouver la clé au fil des pages. Et puis, on s’en éloigne, jusqu’au moment où. Ce livre m’a cueillie au vol à un moment où je ne m’y attendais franchement pas. Le lecteur accède à une autre partie de l’histoire, qui prend alors une autre dimension. Je me suis retrouvée complètement déstabilisée, et j’ai aimé cela. Il est difficile d’évoquer mon ressenti au sujet de ce roman sans prendre le risque de trop en dévoiler. C’est pourquoi je m’arrêterai là, et n’irai pas plus loin dans les détails.
Jusqu’où la douleur de la perte d’un être cher peut-elle conduire ? Jusqu’où la culpabilité et le désir de vengeance peuvent-ils mener ? Sombre, puissant, bouleversant. Le nouveau roman de Sorj Chalandon est incontestablement une surprise, à découvrir d’urgence à l’aube de cette nouvelle rentrée littéraire…
En complément, un reportage tourné en décembre 1974, sur la catastrophe minière de Liévin (archives INA). Les 30 premières secondes sont muettes.