Le passage aux aveux d’Electra m’a replongé dans les affres de ma dépendance pas si lointaine: l
’accumulation de livres gonflant comme un pain au four. En ex-junkie que je suis, j’ai lu son billet avec compassion et fierté. Elle sur la bonne voie!Je ne suis pas là pour prodiguer une quelconque recette de gestion saine de la PAL. Il n’y a pas de gestion saine. Seul le sentiment de bien-être importe. Pour plusieurs, la PAL, aussi gigantesque soit-elle, ne sera jamais source d’anxiété. Bien au contraire, plus ils ont de livres non lus, plus ils sont heureux. Aussi, la réflexion qui suit doit leur sembler bien oiseuse. Mais pour les autres... Quand notre PAL commence à nous dépasser, il est temps d’agir.À partir de quel moment ma PAL est-elle devenue une source d’anxiété? Ça m’a frappée comme un coup de massue, le jour où je me suis retrouvée devant mes trois cents et quelques livres non lus, que je tentais de me trouver une nouvelle lecture et que celle qui me tentait le plus était le livre que j’avais commandé trois jours plus tôt à la librairie. Là, je me suis dit qu’il y avait un problème.C’est à ce moment-là que mes trois cents et quelques livres non lus sont devenus un boulet. Parce que je mettrai au moins cinq ans à les lire, et parce que je ne cesse d’acheter des livres. J’ai pris le caribou par les bois et j’ai fait un tri. C’était en mars 2017. Trois livres étaient alors sortis de ma PAL. Un bien mince soulagement, mais quand même un début.Parenthèses: je n’ai pas de liseuse et je n'ai jamais mélangé les livres lus avec les livres à lire, ce qui me permet de ne jamais perdre le fil du nombre grandissantL’avant-dernier gros tri s’est passé au début de 2019. J’ai pris tous les livres de ma PAL. J’ai remisé sur la tablette les livres des auteurs que j’apprécie et dont je veux lire tous les livres (Faulkner, Steinbeck, Larry Brown, Jean-Paul Dubois, etc.). Ensuite, j’ai lu les quatrièmes de couverture (chose que je ne fais jamais à l’achat) et j’ai élagué grassement, passant à un peu plus de cent livres. Plusieurs livres ne me parlaient plus, d’autres m’avaient été offerts. Tant pis pour la culpabilité et la perte d’argent. Il en allait de ma santé mentale.
Le dernier tri, le tri rédempteur, est venu à la fin de 2019. Là, je m’étais fixée l’objectif de baisser ma PAL à cinquante livres. Je me suis vue, devant déménager sur une île déserte avec tous mes livres lus et seulement une grosse valise de nouveaux livres à lire. Je me suis dit que cette valise pouvait contenir une petite cinquantaine de bouquins. Lesquels j
’aurais envie d’amener avec moi? Ça m’a pris plus d’une semaine, avec quelques heures glanées ici et là. J’ai lu le premier chapitre entier de tous les livres restants. Au-delà d’un sujet porteur ou d’une bonne histoire, il est essentiel que le style m’interpelle. C’est là que la coupe à blanc a eu lieu. Il y avait cinquante-trois livres dont j’avais envie de poursuivre la lecture, de dépasser le premier chapitre. Résultat: ces cinquante-trois livres, je les lirais et, encore mieux, j’ai déjà hâte de les lire.L’attrait de la nouveauté est dans mes gênes. Je déteste magasiner, mais j’adore acheter des livres: accueillir des p’tits nouveaux – qu’ils soient frais sortis de l’imprimerie ou âgés de quelques mois à plusieurs années –, est un des grands plaisirs de ma vie. Aussi, je trouve embêtant d’avoir souvent plus envie de lire le nouveau venu plutôt que les livres de ma PAL. Avec ma PAL raisonnable, je me sens en meilleur équilibre et je n’ai aucun mal à lire un nouveau livre et un plus ancien en alternance. Aussi, malgré les multiples tentations que je dénichent sur les blogues et sur Instagram, je gère mieux mon impulsivité et je pèse le pour et le contre avant de courir à ma librairie.Si tu veux confier tes angoisses palesques au Dr Caribou, il est à l’écoute!