Strange - Geneviève Damas
Grasset
Parution : 23/08/2023Pages : 180Isbn : 9782246834977Prix : 18.50 €
Présentation de l'éditeur
Un roman bouleversant sur l'identité, mais aussi sur le passage à l'âge adulte, le perfectionnement d'un art, le renouement avec l'acte d'aimer.
Il y a des choses que l’on écrit parce qu’on n’a pas pu les dire. Nora envoie une longue lettre à son père, qui vit dans une autre ville. Cette ville, elle l’a quittée pour apprendre le chant à Bruxelles. Mais aussi pour autre chose. « Ma vie n’est pas exactement comme je te l’ai racontée. »
L’enfant que connaît ce père était un « il ». Il se prénommait Raphaël. Tout ce que le père ignore, le voici, depuis l’enfance, la mort de la mère. Les déguisements que portait le petit garçon. Les princesses qu’il dessinait. Les brutalités subies dans la cour du collège. Les mensonges. La douleur. Et puis, un jour, une lumière : le chant. Et le départ. Et ce que Nora est devenue, sa nouvelle vie. Voici un sens inédit ajouté au « Je est un autre » de Rimbaud.
Loin d’être une lettre d’amertume, de vengeance ou de règlement de comptes, la lettre de Nora est une lettre d’amour. Lettre d’amour à un père, dans l’espoir qu’il comprendra. Lettre pour s’aimer soi-même, aussi, enfin.
Un roman bouleversant, et d’autant plus qu’il évite les excès de la plainte comme de la caricature, sur l’identité, mais aussi sur le passage à l’âge adulte, le perfectionnement d’un art, le renouement avec l’acte d’aimer.
Geneviève Damas
© Ovni
Après une licence en droit, Geneviève Damas suit une formation de comédienne à l'IAD puis se tourne vers différents métiers du théâtre où elle est comédienne, metteuse en scène, adaptatrice puis autrice dramatique. Pour mettre en œuvre son projet artistique, elle crée en 1998 à Bruxelles la compagnie Albertine qu’elle anime depuis lors.
Autrice d’une vingtaine de pièces de théâtre, elle en a publié sept aux éditions Lansman.
En 2004, son texte dramatique, Molly à vélo, reçoit le Prix du théâtre/meilleur auteur 2004, ainsi que le Coup de cœur des lycéens de Loire-Atlantique 2006 et STIB, publié en 2007, le Prix du Parlement de la Communauté française. Elle est également l’autrice de cinq romans et d’un recueil de nouvelles. En 2011, son premier roman Si tu passes la rivière (Luce Wilquin) reçoit le Prix Victor Rossel 2011, le Prix des cinq continents de la francophonie 2012, la Plume d’Or du premier roman en 2012, ainsi que le Prix du roman de la ville de Seynod en 2013.
Jacky publié en 2021 est son troisième roman aux Éditions Gallimard.
Source : Bela
Mon avis
Cela fait 5 mois que Raphaël n'a plus vu son père à cause de la pandémie. Il est plus que temps de lui dire aujourd'hui ce qu'elle n'a jamais su lui dire : Raphaël est aujourd'hui Nora.
Une longue lettre, un grand témoignage d'amour à son père, maton qui pourtant en a vu d'autres, pour enfin lui expliquer ses souffrances subies sa vie durant.
C'est poignant, bouleversant. Nora lui raconte ce qu'elle a toujours subi depuis l'enfance, depuis la mort de sa mère, depuis toujours, cette différence. Cette honte, ces souffrances, insultes et j'en passe.. gardées au fond d'elle-même pour ne pas choquer ou décevoir son père adoré.
Il faut dire que vivre dans un petit village des Ardennes où tout le monde se connaît et subir le jugement de tous ne facilitait pas les choses. Ce n'est qu'en venant à Bruxelles pour étudier le chant que peu à peu, Nora a pris conscience de qui elle était et a enfin décider de rétablir son identité.
Un récit bouleversant sur les chemins de la transition et de la difficulté qui existe encore aujourd'hui dans le regard d'autrui. L'écriture est belle, juste, prenante, bienveillante.
Indispensable !
Les jolies phrases
Il y a ce que je suis et ce que tu vois !
Mettre les gens dans des cases est absurde.
Toute la beauté, l'harmonie qui me font défaut, je tente d'en parer les autres.
La transition est un voyage, la vie aussi. Si tu t'arrêtes, tu meurs.
Depuis l'enfance, j'aime me déguiser. Déguiser n'est pas le mot. Aimer, non plus. Disons que j'ai un besoin vital et irrépressible de porter des vêtements qui me correspondent. Des habits féminins. Quand je les passe, comme lorsque je joue le rôle de la Marquise, je me sens à ma place. Avec le sweat warrior que tu aimais tant et mes baskets noires, je me suis toujours trouvé à côté.Si j'étais né dans le corps d'une femme et si je m'habillais en homme, personne ne trouverait à y redire. Peut-être même que personne ne le remarquerait. L'inverse est saugrenu, grotesque, laid. Pourquoi ? C'est le même geste pourtant.
Dans la vie que toi et moi menons, les mots manquent pour exprimer ce que je suis. "Garçon" ne me convient pas. "Fille" est-il adéquat, si je n'en ai ni le corps, ni la voix ? Il faut que je me trouve une langue où exister.
Elle ajoute que certaines personnes ont besoin de temps pour comprendre ce que traversent les gens comme moi ; mais, parfois, les murs sont à l'intérieur des têtes, la personne en transition s'imagine le pire et n'ose s'affirmer, alors que l'entourage est bienveillant.
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