Après avoir bénéficié d'une libération conditionnelle, Tookie, une quadragénaire d'origine amérindienne, est embauchée par une petite librairie de Minneapolis. Lectrice passionnée, elle s'épanouit dans ce travail. Jusqu'à ce que l'esprit de Flora, une fidèle cliente récemment décédée, ne vienne hanter les rayonnages, mettant Tookie face à ses propres démons, dans une ville bientôt à feu et à sang après la mort de George Floyd, alors qu'une pandémie a mis le monde à l'arrêt... Tookie sort de prison et se fait embaucher dans une librairie à Minneapolis. Elle a découvert le pouvoir des mots en prison. Passionnée, elle conseille les clients, oriente, prodigue son amour pour les livres. Quand une cliente décédée revient hanter la librairie, Tookie doit affronter ses propres démons... Avis aux amoureux des livres, ce roman est fait pour vous. On y parle de PAL, d'achats compulsifs, de librairie, de libraires, du pouvoir de la littérature. J'ai adoré ce roman très singulier qui évoque une multitude de thèmes, tous très forts. Il y a d'abord le personnage de Tookie. Elle sort de prison et c'est là-bas qu'elle a découvert la littérature grâce à un dictionnaire. Les mots, les histoires l'ont sauvée, elle qui était à la dérive dans sa vie familiale. Amérindienne, Tookie permet d'évoquer aussi la condition des natifs américains mais aussi des noirs américains. En toile de fond, le racisme, le meurtre de George Floyd, le besoin des blancs de toujours vouloir faire " à la place des autres " et de chercher à s'approprier une histoire qui n'est pas la leur. On y parle droits des femmes, littérature, Covid, sexualité. C'est parfois léger, parfois plus dur et plus grave. Il faut aussi ouvrir son esprit à cette histoire de fantôme qui vient hanter la librairie de manière chaotique, une métaphore de cette Amérique hantée par ses crimes racistes. Roman intime et touchant, l'autrice évoque d'une manière puissante ce qu'on peut transmettre à travers les mots mais pas seulement: les traditions, les rites qui permettent aussi de ne pas oublier d'où l'on vient. Je suis tombée sous le charme de cette plume parfois un peu foutraque, certes, mais très belle et si humaine. Louise Erdrich livre ici un roman intimiste, magnifique et nous rappelle qu' " On trouve dans les livres tout ce qu'il faut savoir, sauf l'essentiel ".