En deux mots
En se retournant sur sa vie, Jaromil se souvient de ce père qui lui a tant manqué, du jazz qui aura été toute sa vie et de sa belle histoire d’amour avec Maisha. De leur rencontre est née Indira, sa fille chérie, à laquelle il adresse de magnifiques lettres.
Ma note
★★★★ (j’ai adoré)
Ma chronique
« Jaromil a le Jazz à l’âme »
Le nouveau roman de Marc Alexandre Oho Bambe est tout à la fois hymne au jazz, roman sur la transmission du père au fils et déclaration d’amour d’un père à sa fille. Mais c’est avant tout une tentative de combler l’absence par des mots qui swinguent.
Jaromil, musicien de jazz, reçoit un jour dans sa boîte aux lettres un paquet contenant un courrier long, des cassettes audio d’un autre temps, un disque de jazz et la photo d’un homme lui ressemblant trait pour trait. «J’ai découvert que mon père était encore en vie. Le jour de sa mort. Ma mère m’avait toujours tout caché».
Alors Jaromil part en quête de cet homme qu’il n’a pas connu, le grand-père de sa fille Indira à qui il va écrire tous les jours pour lui raconter ce qu’il découvre.
Indira qui lui a sauvé la vie, lui qui a failli mourir d’overdose. Indira qui est l’amour de sa vie maintenant qu’il est séparé de sa mère Maisha, qui n’a pas supporté les excès de sa vie de bohème.
Il va lui raconter comment un concert de jazz, alors qu’il avait quinze ans et filait un mauvais coton, lui a ouvert un horizon qu’il croyait jusque-là réservé aux autres. Comment il a rencontré Al à Harlem et comment il a intégré le KGB, le Kilimandjaro Groove Band. Rencontre déterminante qui a transformé sa vie. Désormais, il va parcourir le monde, se donner corps et âme à ce jazz qui l’a sauvé.
Jusqu’au jour où il va croiser le regard de Maisha et vivre une passion rare dont Indira sera le fruit.
«J’étais un homme du dehors, me destinais à l’être jusqu’à mon souffle dernier. Et elles sont arrivées, l’une après l’autre, naturellement, femme et fée. Et ma vision des choses n’a plus jamais été la même. Je me camais toujours pourtant. Je n’avais pas su arrêter, malgré les premières disputes vite arrivées à ce sujet, avec celle qui allait m’offrir de devenir père, celle que j’allais aimer comme je n’avais jamais aimé personne, celle que j’allais finir par perdre, comme j’avais perdu toutes les autres, à cause de ma liberté dont j’étais épris et prisonnier. Le temps aura fini par m’apprendre la leçon: la liberté à rien ne sert, si on n’a personne, pour la partager.»
Dans ce roman de l’héritage et de la transmission, Marc Alexandre Oho Bambe joue à la fois sur la relation père-fils en nous livrant notamment des extraits de la longue lettre adressée post-mortem par un père dont on va découvrir des bribes d’un parcours chaotique et sur la relation entre Jaromil et Indira. Ici aussi, des lettres du père à sa fille viennent enrichir le récit, mais elles sont complétées par des paroles de chanson qui disent tout à la fois l’amour et la souffrance.
Si ce roman touche au cœur, c’est aussi par sa forme. En choisissant la poésie qui vient s’insérer au fil du récit, l’auteur vient ajouter de la musicalité à cette quête. Il écrit avec le rythme du jazz dont certains morceaux emblématiques donnent leur titre aux chapitres. Ce faisant, il fait aussi de l’histoire familiale un ferment à la création. Il dit la ségrégation et le racisme – l’hommage à George, ce noir tué par les policiers américains est bouleversant – il dit l’absence et la passion. Il dit aussi l’espoir et la mort.
Après le saisissant Diên Biên Phù et Les Lumières d’Oujda, Marc Alexandre Oho Bambe nous offre une nouvelle facette de son talent multiforme. Souvenez- vous de ne pas oublier de le mettre sur votre liste des romans de la rentrée!
Souviens-toi de ne pas mourir sans avoir aimé
Marc Alexandre Oho Bambe
Éditions Calmann-Lévy
Roman
286 p., 19,50 €
EAN 9782702181836
Paru le 17/08/2023
Où?
Le roman est situé un peu partout dans le monde où le jazz a sa place et plus particulièrement à New York, à Paris, mais aussi à Limoges et Dar el Salam, au sommet du Kilimandjaro et à Zanzibar.
Quand?
L’action se déroule de la seconde moitié du XXe siècle à nos jours.
Ce qu’en dit l’éditeur
« Quelques musiciens et musiciennes parviennent à vous absoudre de péchés que vous n’avez pas commis, à vous faire toucher la grâce et à briser la glace entre vous et vous-même, vous avez vingt ans, vous pleurez, à un concert, un concert de jazz à Harlem, vous ne vous en remettrez pas. »
Jaromil a le Jazz à l’âme.
Un jour, il reçoit dans sa boîte aux lettres un colis contenant un courrier, des cassettes audio, un disque, Mo’ Better Blues, et la photo d’un homme qui lui ressemble trait pour trait, seul héritage du père qu’il n’a pas connu. Bouleversé, il part en quête de réponses, et écrit à sa fille, pour lui dire. Tout lui dire.
Conçu comme un récital de jazz, cet objet littéraire hors-norme efface les frontières entre poésie et roman, et offre un regard poignant sur la paternité, l’absence, la solitude et l’amour.
Les critiques
Babelio
Lecteurs.com
20 minutes
Actualitté (Hocine Bouhadjera)
Blog Alex Mot-à-mots
Blog Des livres et Sharon
Marc-Alexandre Oho Bambe présente «Souviens-toi de ne pas mourir sans avoir aimé» © Production Éditions Calmann-Lévy
Les premières pages du livre
« Je n’ai pas connu mon père.
Ma mère et la sienne m’ont tenu éloigné de cet homme dont le sang coule pourtant dans le mien.
J’ai grandi sans phare, ni guide. Sans repère paternel.
Je n’ai jamais rien su.
De lui.
Avant ce jour d’octobre.
Et ce paquet, dans ma boîte aux lettres.
Un courrier, long.
Des cassettes, audio d’un autre temps.
Un disque, de jazz.
Une photo aussi.
Trait pour trait.
Troublante.
J’ai découvert que mon père était encore en vie.
Le jour de sa mort.
Ma mère m’avait toujours tout caché, de l’homme qui dort. Impassible. Là, sous mes yeux.
L’homme que j’accompagne, à sa dernière demeure.
L’homme dont nous escortons le cercueil aujourd’hui, ma fille et moi. Sentiment étrange, cette émotion qui m’étreint. Et ces oiseaux dans ma voix.
Je ne connais pas l’homme qu’on enterre, nous n’avons rien partagé, rien vécu ensemble, rien dont je me souvienne. Et pourtant.
Envie de pleurer.
Est-ce l’enfance qui remonte, et toutes les fois où j’ai rêvé qu’il revienne à la maison, rêvé d’avoir une famille comme les autres, une maman et un papa, même séparés, comme les autres. Les autres, ces gamins de l’école qui me traitaient de bâtard métis, café au lait sans famille.
Les autres. L’enfer c’est, parfois.
Envie de pleurer.
Est-ce parce que cet homme m’a manqué tout le temps au fond, parce que j’aurais aimé qu’il soit là, à chaque moment important, mon entrée au collège, mon décrochage du lycée, mon premier flirt, ma première rupture, ma première cuite, mon premier joint, mon premier cours de solfège, ma première fugue, mon premier concert, mon mariage, mon divorce, la naissance d’Indira.
Indira, qui me regarde.
On dirait qu’elle essaye de me dire qu’elle est là pour moi. Et qu’elle sera toujours là.
Petite fée dont la petite main frêle lovée dans la mienne m’aide à tenir debout. Elle me rassure, les rôles s’inversent. Je suis son père. Et l’homme qui dort, impassible, là sous nos yeux, est celui qu’elle aurait pu appeler Papy. Dans une autre vie.
Indira est née un soir d’automne.
Sa venue au monde a tout bouleversé en moi, tout.
De mon rapport aux choses, aux êtres.
Et depuis ce jour d’octobre, ce paquet dans ma boîte aux lettres, ce courrier long, ces cassettes audio d’un autre temps, ce disque de jazz, cette photo trait pour trait troublante, pas une semaine ne s’écoule sans que je ne lui écrive comme je m’écrirais à moi-même, un mot, une phrase, un message. Ces missives à ma fille sont aussi des adresses à l’enfant, l’enfant que j’ai été. Inconsolable.
Indira est née un soir d’automne.
Et je me suis remis au monde avec elle, en devenant père, papa parapluie paratonnerre paravent parasol, bouclier humain. Je suis devenu père et à partir de cet instant, j’ai senti naître en moi l’émoi du plus grand des grands soirs, et mille rêves et mille vœux, et mille feux et mille feuilles, de tendresse éternelle pour elle, ma fille, gamine joyeuse dont le rire aux éclats me porte et m’emporte loin des doutes et déroutes de l’homme que j’étais, avant.
Avant elle, avant nous.
Je n’étais rien, ou si peu.
Indira est née un soir d’automne.
Son grand-père, cet étranger, est mort à la même saison. Grise pluvieuse. J’ai composé pour elle Indira, et pour lui It’s Not so Hard to Say Goodbye (to a stranger)…
Mélodies bleues. Oraisons. Heureuse et funèbre.
Ainsi va, s’en va, la vie.
À l’amour ou à la mort.
Et parfois.
Entre les deux, à la mort de l’amour.
J’ai joué à l’enterrement, il pleuvait. Des cordes sur ciel d’acier. Et ma trompette a versé pluie elle aussi. Averse de notes indigo, impro blues pour saluer l’inconnu dont je portais le visage dans le mien. Je ne saurais expliquer pourquoi, mais je n’ai pas réfléchi, pas hésité une minute avant d’accepter de prendre la parole lors des funérailles, enfin à condition de ne pas la prendre justement, pas à proprement parler, ma musique le ferait pour moi. Avant d’y être, je n’imaginais pas les larmes en dedans, toutes celles que je n’arrivais pas à laisser couler dehors, sûrement. It’s Not so Hard to Say Goodbye… est devenu un titre de mon répertoire, que je partage toujours avec la même émotion, en me sentant lentement pleuvoir à l’intérieur.
J’ai joué à l’enterrement, jouer n’est pas le juste verbe, mais il n’y en a pas d’autres, ah si je pourrais dire peut-être que j’ai parlé à l’âme de l’homme qui gisait là, lui exprimant tout ou presque de ce que je ressentais, de colère, d’incompréhension, d’envie de savoir, d’émotions contraires, tout, en onze minutes et onze secondes entrecoupées de silence et de notes libres comme le jazz, qu’il aimait manifestement, le jazz, dans lequel je suis tombé radicalement une nuit de lune pleine dans un vieux club désuet de Harlem, Renaissance Bar, pendant un séjour avec mon amour d’alors au pays de Dizzie G. Le jazz, qui m’a fait et défait vivre, intense, fragile, révolté et free, comme les solos inachevés et désespérés qui sublimaient, disaient certains critiques, mon « je » musical, et me donnaient cette réputation qui collait à mes guêtres depuis que j’avais embrassé cette vie bohème avec mon souffle de «nègre à moitié».
« Nègre à moitié », c’est ainsi que m’appelait une partie de la famille de ma mère qui ne s’était jamais remise que leur fille, bien sous tous rapports, ait osé ramener un homme de couleur à la maison, alors qu’elle avait tant d’autres choix possibles. J’avais passé toute mon enfance à chercher où était ma place, broyé par la complexité d’avoir le cul entre deux chaises avant de comprendre, à Harlem, que je n’avais pas à choisir, et que je pouvais, comme le chantait un ami, m’asseoir par terre. J’avais vingt ans, et la musique dans le corps, même si à l’époque je l’ignorais encore.
J’avais vingt ans, et la musique.
Irriguait mon sang-mêlé.
J’avais vingt ans.
Et un sens incertain.
De la fuite en avant.
Déjà.
Indira
Je suis né père.
Dans ton regard.
Et ta petite voix.
Regard et voix.
D’enfant.
Être-ange,
À l’innocence fragile.
Qui m’enlève,
Mon droit légitime au désespoir.
Me relève,
Quand je tombe.
M’élève
Et me fonde.
Me pousse, à la fronde du monde.
Me meut et m’émeut, me fait.
Grandir
Chaque jour
En amour.
Indira
J’ai
Ta main
Dans la mienne
Et me reviennent
En mémoire
Du cœur
Mille souvenirs
Du futur
Mille sourires
À la vie qui bat des ailes
Dans tes jeux
D’enfant
Dans tes yeux
De fée
Le temps, labyrinthe réversible, est passé.
Trop vite.
Ma fille m’a sauvé la vie, au sens propre.
Victime d’une overdose, j’y serais resté, si Indira ne m’avait trouvé. Chez nous, dans le salon. Inerte ou presque, au sol. La voix de Billie H., soleil noir, résonnait dans la pièce, le premier vinyle que je m’étais acheté tournait en boucle sidérante tandis que j’agonisais, drapé dans l’émotion du chant de Lady Day, consumé par la came consommée jour et nuit. Je m’étais écroulé ce matin-là, après un shoot rapide que je pratiquais comme un sport, de combat contre la mort. Qui aurait sûrement remporté victoire, si ma princesse n’était pas sortie de son lit parce qu’elle avait soif, et que je ne répondais pas à ses appels.
Indira m’a sauvé la vie. Au sens propre.
En prenant ma main gauche dans la sienne droite, tandis que de l’autre, elle composait le numéro des urgences sur le téléphone de la maison comme sa mère le lui avait appris. Geste maintes et maintes fois répété, par une enfant appliquée. Geste juste, qui m’a sauvé la vie.
Au sens propre.
Et figuré.
J’ai arrêté les drogues dures, après ce jour de septembre où j’ai littéralement vu ma fille me regarder crever. Ma fille dont le visage d’ange m’était apparu si flou, si loin, au seuil de partir. Et pourtant ce visage m’avait tenu ou retenu, là en présence, je pense, avant l’arrivée des premiers secours. Sur la platine, la face B du disque Lady Sings the Blues, mirifique album.
Pour mourir. Ou revivre.
Près de moi ma jolie môme, qui allait perdre, définitivement, partie de son innocence d’enfant, ma jolie môme,
qui veillait depuis sur moi, petite maman.
Ma, fille.
Harlem Blues of Mine
Un saxophone pleure.
Et la voix de Langston H. déchire le vide, à la dérive mon esprit flotte, et mes souvenirs qui s’emballent, me replongent au nord de Manhattan, à Harlem, en ces temps immémoriaux où ce quartier foisonnant était considéré comme la « Mecque du renouveau noir », Harlem, berceau et foyer d’une effervescence artistique porteuse d’espérance pour la communauté afro-américaine, Harlem, ce nom raisonne et résonne en moi, Harlem, jazz, Harlem, blues, Harlem chante, Harlem danse, Harlem rit, Harlem vit, Harlem vibre, Harlem inspire, Harlem respire, Harlem expire, Harlem meurt, vive Harlem, Harlem est morte, avec Duke E., Art B., W.E.B D., Louis A., Marcus G., Alain L., Countee C., Claude M., Zora Neale H., Dorothy W., Mamie S., Count B., entre autres… Harlem est morte, vive Harlem, morte plus d’une fois, car il faut mourir, pour renaître, oui, la mort est condition fondamentale de toute renaissance, Harlem, dont le souffle créateur a traversé le temps et les continents, Harlem est au confluent d’un fleuve de pensées en offrande à qui veut entendre et comprendre, et à qui peut ressentir, que les mouvements nés à Harlem, intellectuels, militants et culturels, ne cherchaient et ne cherchent « rien d’autre en l’homme que l’homme », n’affirmaient et n’affirment qu’une chose : être nègre c’est être homme, ou femme, être homme et femme, être humain par naissance, humain par le sens, humain par reconnaissance, humain par résistance, humain par résilience, humain par existence brûlée à l’essence.
De vivre.
Bird s’envole.
Je bois black label.
Et tresse mes silences.
À la dérive mon esprit flotte, toujours.
Et mes souvenirs qui s’emballent.
Me replongent à Harlem…
J’ai vingt ans.
Et je dors alors.
Avec un corps de guitare.
Me demandant ce que je pourrais bien faire.
De ma vie.
Je m’en souviens, comme si c’était hier.
Harlem m’a donné réponses, à toutes mes questions primordiales, celles que je me posais et celles que j’ignorais. Par et pour la musique, j’ai erré dans nombre de rues du monde, me cherchant, et me trouvant parfois. Dans les bars, ou dans les bras de femmes qui se perdaient dans les miens, me nourrissant du bruit de certaines villes et de certains quartiers que je traversais halluciné.
Oui j’ai erré un peu partout sur la terre, mais New York et Harlem sont à part en mon âme et en mon cœur.
New York et Harlem m’ont enseigné qui j’étais, un nègre, donc un homme.
Juste un homme.
Et pas un « nègre à moitié ».
Je suis devenu celui que j’étais, depuis toujours au fond quand j’y pense, grâce à ma rencontre avec moi-même et ma part d’histoire noire à New York, dans un club, un vieux club désuet, à Harlem.
Renaissance.
Je travaillais sur un projet d’album solo que je pensais intituler ainsi, Harlem Blues of Mine, lorsque je reçus ce paquet, dans ma boîte aux lettres, ce courrier, long, ces cassettes, audio d’un autre temps, ce disque, de jazz, cette photo aussi, trait pour trait, troublante.
My Funny Valentine
« De ces amours qui durent la vie, serons-nous?»
C’était la question, rituelle, de Maisha, pendant.
L’acte d’aimer.
Avant.
La chute de notre couple voué à l’échec, à cause de tout ce que je m’injectais, et de la musique aussi, qui ne prenait pas une place, mais toute la place, ou presque.
Avant.
La naissance d’Indira, fille de notre histoire.
D’amour, qui ne se lasse, ne se casse, ne passe, pas.
Ne se passe, jamais. Comme on aurait aimé.
J’avais rencontré Maisha, à un anniversaire. Les parents de sa meilleure amie avaient organisé une fête somptueuse pour la célébrer, et le KGB (Kilimandjaro Groove Band), quintet dans lequel j’ai tout appris, avait été invité à se produire pendant la soirée. Un gombo comme un autre, plutôt bien payé il faut le dire, la famille avait les moyens, et nous étions ravis d’avoir été choisis parmi les orchestres du catalogue de notre petit label indé.
Le répertoire qu’on nous avait demandé était des plus classiques, mais Al, pianiste et leader du groupe, nous avait assuré que nous nous amuserions à cet événement, sur scène et en dehors. Il connaissait la java, Al, nous sortait souvent, pour nous déniaiser disait-il, dans un grand éclat de vivre. Al m’avait présenté Maisha, en me disant de prendre soin d’elle, le temps qu’il aille au bar nous chercher des verres. Nous venions de finir notre set, et avions laissé la place à un DJ chargé d’embraser la nuit. Al n’était pas revenu tout de suite, il n’était jamais revenu même, alpagué par ses groupies, nombreuses toujours, et la belle et moi avions fait connaissance, sur la terrasse de la grande maison de nos hôtes. J’étais un peu timide, ou plutôt réservé, et elle était tout le contraire, Maisha, pétillante et radieuse jeune femme, soleil portant son prénom à merveille.
M’avaient tout de suite séduit sa repartie, son humour bien à elle, et une philosophie, une manière d’être en vie, que je n’avais jamais envisagée ni même imaginée.
Avant.
Le début de notre couple voué à l’échec, à cause de tout ce que je m’injectais, et de la musique aussi, qui ne prenait pas une place, mais toute la place, ou presque.
Avant.
La naissance d’Indira, fille de notre histoire.
D’amour, qui ne se lasse, ne se casse, ne passe, pas.
Ne se passe, jamais. Comme on aurait aimé.
Le musicien préféré de Maisha était Chet B., et nous avons ouvert le bal de notre mariage, trois ans plus tard après notre premier fou rire aux larmes ensemble ce soir-là, sur My Funny Valentine, qu’elle était. Tellement.
Le KGB s’était reformé pour la merveilleuse occasion, et Al et Christiane, la meilleure amie, avaient été les témoins de notre union devant les étoiles, les Hommes, et Dieu auquel croyaient ma femme et son père, pasteur habité.
«De ces amours qui durent la vie, serons-nous?»
C’était la question, rituelle, de Maisha.
Pendant.
L’acte.
D’aimer.
Avant. »
Extraits
« Indira, Maisha, AI, Ed Miller, et tant d’autres, consciemment ou inconsciemment, ont transformé ma vie, élargi ma vue, donné envies et raisons essentielles à mon être, de fixer l’horizon, un horizon possible, un bout de ciel. » p. 127
« J’étais un homme du dehors, me destinais à l’être jusqu’à mon souffle dernier. Et elles sont arrivées, l’une après l’autre, naturellement, femme et fée. Et ma vision des choses n’a plus jamais été la même. Je me camais toujours pourtant. Je n’avais pas su arrêter, malgré les premières disputes vite arrivées à ce sujet, avec celle qui allait m’offrir de devenir père, celle que j’allais aimer comme je n’avais jamais aimé personne, celle que j’allais finir par perdre, comme j’avais perdu toutes les autres, à cause de ma liberté dont j’étais épris et prisonnier. Le temps aura fini par m’apprendre la leçon: la liberté à rien ne sert, si on n’a personne, pour la partager. » p. 131
À propos de l’auteur
Poète, écrivain et slameur connu sous le nom de Capitaine Alexandre, Marc Alexandre Oho Bambe est l’auteur de plusieurs ouvrages de poésie et de deux romans remarqués, Diên Biên Phù (Sabine Wespieser, 2018) et Les Lumières d’Oujda (Calmann-Lévy, 2020). (Source: Éditions Calmann-Lévy)
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