Tant que fleuriront les citronniers – Zoulfa KATOUH

Tant que fleuriront les citronniers – Zoulfa KATOUH

Tant que fleuriront les citronniers
Par Zoulfa KATOUH
Chez Nathan

Avertissements de contenu : Violences de guerre (physiques, psychologiques, sexuelles), mort, blessures explicites, rupture de la convention de Genève.

Tant que les citronniers fleuriront, il y aura de l’espoir…
Salama Kassab, 18 ans, avait la vie devant elle, quand la révolution a commencé en Syrie et quand les combats lui ont tout pris : sa famille, son avenir de pharmacienne.
Il ne lui reste plus que Layla, sa belle-sœur enceinte, et sa conviction de pouvoir aider son pays grâce à son travail bénévole à l’hôpital. Mais elle est tiraillée entre l’envie de se rendre utile, et celle de mettre Layla à l’abri. Au moment où elle se résigne finalement à fuir la Syrie, une rencontre avec un jeune militant plein d’espoir va tout remettre en cause.


La quatrième vend très bien Tant que fleuriront les citronniers. Personnellement, j’étais assez craintif que le roman entre trop dans le pathos des affres de la guerre sur les citoyens mais au contraire, Zoulfa Katouh évite tous les pièges pour nous offrir une œuvre aussi émotionnelle, intime que magistrale.

Salama est un personnage tout en contraste, fragile et forte, brillante et cassée. Dix-huit ans, elle faisait des études pour devenir pharmacienne mais la révolution est devenue une guerre. Les hommes se disparaissent, surtout les médecins, donc elle se retrouve vite à devoir amputer, recoudre, remboiter les civils et l’armée de libération de la Syrie. Autant vous dire que ce n’est pas ce qu’elle avait prévu.
Nous la suivons donc entre ce besoin qu’ont les soignants d’aider inconditionnellement et cette promesse qu’elle a fait à son frère de protéger sa belle-sœur, troisième trimestre dans sa grossesse. Au milieu d’une révolution qui devient une guerre, dans une Homs gardée par l’Armée de Libération Syrienne, résistante face aux bombardements du gouvernement corrompu.
Je ne pensais pas autant être touché par l’ouvrage, j’avais peur d’y lire un énième récit larmoyant sur le dos de ceux qui souffrent. Ce n’est pas le cas. Zoulfa Katouh s’en aie bien assurée ! Ses racines syriennes colorent donc sa plume, le vécu de Salama, les odeurs et les gouts du livre, la tristesse ambiance, le désespoir de cet hôpital qui n’en peut plus, de cette femme qui n’en peut plus.

Le réalisme de l’autrice est saisissant. Les états de vigilance constante des habitants de Homs, les traumatismes à répétition… Salama est saisissante dans son dilemme. Même le passeur arrive difficilement à passer pour le monstre qu’il est lorsqu’on prend tous les paramètres en compte. La survie rend les gens dégueulasse, ça a été vu et maintes fois revu mille et une fois au détour des guerres et des massacres.
Tant que fleuriront les citronniers est profondément triste à cause de ce réalisme. Les manifestations de la révolte ont repris cet été en Syrie. Tant que fleuriront les citronniers est profondément triste par la justesse sur stress post-traumatique de Salama, par ses hallucinations, ses craintes, ses angoisses, l’espoir qui renait avec Kenan.

Je ne pensais pas tant vibrer avec un livre. Zoulfa Katouh est tellement juste que je pensais lire une autobiographie ! C’est un roman que je conseille et que je vais offrir !