Punisher tome 3 : la fin du punisher (vraiment ?)

PUNISHER TOME 3 : LA FIN DU PUNISHER (VRAIMENT ?)
 L'heure est peut-être arrivée de rendre des comptes. En tous les cas, Jason Aaron change à jamais le destin du Punisher. Le lecteur était au départ animé par un doute sincère : s'agissait-il d'une tentative de relancer la carrière de l'anti-héros Marvel par excellence, ou bien une manière discrète de l'enterrer une bonne fois pour toutes, pour faire taire des polémiques absurdes dont on a encore bien du mal aujourd'hui à cerner le sens véritable. Cela a commencé par une opération cosmétique, la modification d'un logo qui a fait la fortune du personnage et l'objet d'une récupération hors sujet, au profit d'un emblème cornu, assez désagréable au premier coup d'œil, qui nous démontre que oui, Frank Castle est désormais l'objet de la Main. Cette secte ninja pensait pouvoir faire de Frank son tueur en chef, une machine à disposition pour se débarrasser de ceux qui le méritent et de ceux qui gênent, tout simplement. C'était mal connaître le Punisher ! On le retrouve ici dans un affrontement invraisemblable contre Arès, le dieu de la guerre. Sur le papier, le match est vite plié. Seulement voilà, dorénavant le Punisher possède des pouvoirs mystiques qui lui ont été conférés par la Main et nous le découvrons donc presque comme un super-héros traditionnel, capable de recourir à des dons paranormaux. Cela s'est déjà fait dans le passé et ce fut un désastre. L'autre piste narrative très importante est la relation tendue entre Frank Castle et sa femme, Maria. Celle-ci est revenue à la vie mais elle a bien compris qu'elle ne reverra plus ses enfants, qu'on lui promet en permanence, sans jamais lui montrer. Quant à l'amour qui unit les deux tourtereaux, il se transforme peu à peu en défiance, voire en rejet, au risque d'un final cataclysmique.
PUNISHER TOME 3 : LA FIN DU PUNISHER (VRAIMENT ?)
C'est un jeu de massacre au personnage, au sens propre comme au sens figuré. Au singulier comme au pluriel. Non seulement le Punisher affronte Arès, mais Daredevil également se mêle aux aventures de Frank Castle. Pire encore, les Avengers. Et finalement, ce qu'il faut lire entre les lignes, c'est bien que c'est Marvel, plus encore que les héros de l'univers Marvel, qui semble s'être ligué contre celui qui expédie ad patres les criminels de manière un peu expéditive. Evidemment, nous n'allons pas vous gâcher la surprise de la fin de cette longue aventure en douze parties, mais sachez que la solution finale qui est retenue par Aaron présente deux défauts majeurs. Le premier, c'est bien évidemment de ne pas choisir et d'utiliser un de ces subterfuges dont les super-héros semblent être les dépositaires presque exclusifs, pour ne pas se confronter à la réalité. La seconde chose qui cloche, c'est le sort réservé à la femme de Frank, Maria. En fait, elle aussi est une partie intrinsèque du personnage. Le Punisher ne peut pas naître si son épouse et ses enfants ne sont pas morts, aussi il était très important de voir comment le scénariste comptait gérer le contrecoup de son idée assez délirante, à savoir faire revenir l'épouse parmi les vivants. Notre conclusion est simple : beaucoup de bruit pour pas grand-chose ou pour être plus précis, beaucoup de bruit pour une énorme erreur stratégique, clairement pilotée par une maison d'édition un peu trop embarrassée. Au moins, nous restons sur du bon côté dessins, puisque Jesus Saiz est toujours aussi appliqué, avec des planches toujours aussi spectaculaires, bien équilibrées par la partie réservée à Paul Azaceta, qui s'occupe de bribes du passé. J'ai bien conscience que cet avis n'engage que moi et que vous pourrez peut-être considérer cette aventure du Punisher comme une avancée majeure dans l'histoire du personnage, mais j'ai beaucoup plus la sensation qu'il s'agit d'un énorme coup de canif dans le contrat, qu'il sera bien difficile d'oublier par la suite.
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