Editeur : Autoédition
Nombre
de pages : 307
Résumé : L’univers est rempli de civilisations
extraterrestres éteintes. Et s’il y avait une raison terrifiante à ce qu’aucune
ne soit parvenue à survivre ? Les Archéonautes, premiers Terriens à quitter le
système solaire pour partir à la découverte de ruines d’une multitude de
civilisations disparues, guidés par leur curiosité et une soif inextinguible de
connaissance, vont tenter de percer ce mystère dans l’espoir de voir l’humanité
être la première civilisation à échapper à ce destin funeste.
Un grand merci à Guy-Roger Duvert pour l’envoi de ce volume et à la plateforme SimPlement pour avoir rendu ce partenariat possible.
- Un petit extrait -« Or, [ils] avaient apparemment tiré une conclusion terrifiante de cette découverte : selon eux, il y avait une explication au fait qu’aucune civilisation n’ait finalement jamais survécu. Si certaines devaient se développer et se maintenir suffisamment longtemps, alors quelque-chose était là pour s’assurer de leur extinction. [Leurs] dirigeants, conscients du niveau de progrès réalisé par leur société, et selon leurs dires ne devinant aucune raison pour leur monde de s’éteindre, voyaient donc cette menace inconnue comme très concrète. S’ils devaient disparaître un jour, ce ne serait pas du fait de leurs propres errements, mais bien à cause de ce danger mystérieux. »- Mon avis sur le livre -
Il s’en est fallu de peu, mais l’humanité a évité le pire : l’ombre d’une troisième guerre mondiale, qui planait depuis bien des décennies, est définitivement écartée, et la paix règne à nouveau autour du globe. L’heure est à la Confédération planétaire : malgré ses défauts, cette organisation politique mondialisée permit au genre humain de faire face aux pandémies et aux flux migratoires sans que n’éclate de nouveaux conflits meurtriers. Mais une menace rôde toujours, toute aussi forte si ce n’est plus : surexploitée, à bout de souffle, la Terre devient chaque jour qui passe un peu plus inhospitalière, un peu plus hostile à la vie. A la vie humaine tout particulièrement. Durant un temps, la découverte et l’exploitation d’une technologie extraterrestre sur Mars permit aux hommes de résoudre l’épineuse question du manque d’énergie … Mais reste toujours celle, toute aussi problématique, du manque de ressources : à force de puiser sans vergogne dans le capital terrestre, sans laisser à la planète la possibilité de se reposer et de reconstituer ses réserves, l’humanité aveuglée par sa frénésie de croissance et de consommation, d’insouciance et de loisirs égoïstes, a signé son propre arrêt de mort. Prise à la gorge, la Confédération lance alors une mission de grande ampleur : envoyer quelques scientifiques aux confins de l’univers pour traquer cette mystérieuse civilisation extraterrestre …
Retour aux sources du space-opera avec cette nouvelle saga : nous retrouvons ici plusieurs postulats de base de la saga Outsphere du même auteur, même si l’ambiance est clairement moins morose, presque optimiste. Sans avoir résolu l’intégralité des problèmes, l’humanité est parvenu à maintenir une certaine forme d’équilibre : la mise en place d’une Confédération planétaire, quoiqu’étant une solution imparfaite, s’est avérée être la seule capable de mettre fin aux nombreux conflits latents qui menaçaient de mener à une troisième guerre mondiale. La paix règne à nouveau sur le globe, forcément fragile, mais préservée coute que coute. La découverte inopinée de ruines, et surtout de technologies avancées, extraterrestres sur le sol de Mars constitua un deus ex machina parfait pour résoudre la question de l’énergie, devenue capitale pour subvenir à la demande toujours croissante des hommes. Pacifiée, rassasiée, l’humanité semble pouvoir prospérer à nouveau, libérée de toute entrave, de toute contrainte, de toute crainte. De toute ? A vrai dire, pas vraiment : nous ne sommes pas dans une utopie à la Bisounours où tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Il reste un gros problème, un énorme problème gros comme une planète : la Terre a fait de son mieux, mais elle n’est plus capable de fournir aux hommes toutes les ressources dont ils ont besoin. C’est fini. Elle a atteint ses limites, elle ne peut plus rien offrir : l’humanité vit à crédit, sans pouvoir rembourser sa dette. L’avis d’expulsion, ou plutôt d’extinction, se rapproche inexorablement ….
Il faut donc trouver une solution. Et vite. Du moins le plus vite possible. Les fameuses ruines extraterrestres trouvées sur Mars ont prouvé que l’univers connait, ou du moins a connu, au moins une autre grande civilisation. Quelque part dans le cosmos, vit ou a vécu une autre espèce intelligente, plus avancée même que nous autres humains. Peut-être auront-ils une solution à notre problème, peut-être pourront-ils nous aider. Et si ce n’est eux, du moins leurs vestiges. Tout est bon à prendre. Et c’est ainsi qu’une petite équipe de scientifiques, surnommés les Archéonautes, est envoyée au fin fond de l’espace pour chercher – et trouver – ces êtres extraterrestres ou les ruines de leur civilisation. L’exploration spatiale est déjà quelque chose d’assez fascinant (même si je dois honnêtement avouer faire partie de ceux qui n’ont pas très envie que l’homme aille bousiller une autre planète après avoir détruit la nôtre, on a fait assez de dégâts comme cela, laissons donc le reste de l’univers en paix), mais quand on y ajouter la perspective d’y trouver d’autres formes de vie intelligentes, on arrive vraiment à quelque chose d’incroyable. Je peux vraiment comprendre l’excitation des héros de cette histoire : non seulement ils savent que les résultats de leur recherche contribueront à améliorer la vie de l’humanité (et peut-être même à la sauvegarder purement et simplement), mais en plus ils auront peut-être la chance de faire la connaissance d’autres êtres intelligents ! « Sommes-nous seuls dans l’univers ? » est assurément l’une des plus grandes questions qui hantent l’homme depuis les origines, juste après l’interrogation métaphysique cruciale « y a-t-il quelque chose après la mort ? » …
D’ailleurs, et c’est quelque chose que j’ai vraiment apprécié dans ce récit et qui le rend très différent d’Oustphere en dépit de leurs ressemblances initiales, ces deux questions finissent ici par s’entremêler, subtilement, magistralement. Car même si nous sommes avant tout dans ce qui se veut être une incroyable et formidable grande aventure spatiale, avec de l’action et du rebondissement à répétition, il y a vraiment un petit côté « philosophique » en arrière-fond. Car derrière la quête de nos Archéonautes, qui cherchent donc à comprendre comment il est possible de trouver des ruines extraterrestres sur Mars sans parvenir à établir un moindre contact avec cette civilisation extraterrestre, se pose finalement en arrière-fond la question de l’avenir de notre propre civilisation : sommes-nous immortels, non pas en tant qu’individus, mais en tant que société ? Tout ce que nous avons construit, et dont nous sommes si fiers, ne finira-t-il pas par devenir des vestiges figés dans le temps de notre existence éphémère ? Peut-être que dans des centaines de milliards d’années, des « archéonautes extraterrestres » viendront à leur tour visiter notre petite planète désolée et étudiera notre société à travers les traces matérielles que nous aurons laissées. Allons-même plus loin : quelle image voudrions-nous donner de notre humanité, quelles traces souhaiterions-nous laisser ? Avons-nous réellement envie que ces potentiels extraterrestres du futur en viennent à la conclusion que nous avons été des parasites qui ont gâché l’intelligence qui leur a été donné en détruisant leur planète, en surconsommant de manière hystérique et aveugle, en nous abrutissant nous-mêmes dans l’utilisation d’une technologique qui finira par nous dépasser ? Individuellement et collectivement, qu’allons-nous laisser derrière nous ? La question est ouverte …
En bref, vous l’aurez bien compris, une fois encore, Guy-Roger Duvert m’a pleinement convaincue. Comme toujours, il nous offre un récit passionnant, palpitant, riche en rebondissements, en coups de théâtre, en explosions d’adrénaline et en révélations incroyables : on ne peut clairement pas s’ennuyer quand on lit du Guy-Roger Duvert ! C’est le genre de roman qu’on n’arrive pas à lâcher, qui nous font répéter « aller, encore un chapitre, un seul », encore et encore, jusqu’à tourner la dernière page sans même s’en être rendu compte. C’est le genre de roman qui se lit « vite et bien », à la narration tellement fluide qu’on n’a même pas conscience qu’on est en train de lire : c’est presque comme si le film se déroulait sous nos yeux à chaque mot que nos yeux survolent, c’est dynamique, vivant, incroyable ! Mais comme toujours également, à demi-mots, sans vraiment en avoir l’air, c’est un roman qui dit énormément de choses de notre société, qui pose sans les poser vraiment beaucoup de questions. On peut, bien sûr, se contenter de le voir comme un simple récit d’aventure interplanétaire, mais on peut très facilement également aller plus loin, voir les enjeux qui se cachent derrière cette « simple » histoire. La porte est ouverte à de grandes et longues réflexions, aux débats également. Et personnellement, c’est vraiment cet aspect-là que j’ai le plus apprécié : les livres sont peut-être des prismes qui nous aident à déchiffrer le monde dans lequel nous vivons, qui nous poussent à nous y intéresser et à forger nos propres opinions en prenant un peu de recul. Et en cela, la science-fiction est idéale : en nous « voyant » à partir du futur, nous sommes quelque peu « contraints » de nous remettre en question … Ou à faire l’autruche, à chacun de voir.