Au milieu des serpents

Par Lalitote

Je remercie les Editions Les Arènes pour l'envoi de ce nouveau titre.

Traduit de l’anglais (américain) par Yoko Lacour.

 Patrick Michael Finn

Patrick Michael Finn est né à Joliet, Illinois. Professeur d'écriture créative, il vit en Arizona avec son épouse et leur fils. Au milieu des serpents est son deuxième roman.

Présentation de l'éditeur

La grande plume de l'Amérique des bas-fonds.

Tammy a 17 ans. Après une nouvelle dispute avec sa mère, la jeune fille part retrouver Weldon, un père qu'elle n'a jamais connu, en Californie. Weldon, alcoolique repenti qui tente de reprendre sa vie en main, ne sait pas ce qui l'attend... Tammy est inexorablement attirée par la destruction. Le père et la fille doivent apprendre à cohabiter tant bien que mal.
Lorsque Tammy fugue, Weldon part à sa recherche dans le sud désertique des États-Unis. Là où chaque ville est plus misérable que la précédente, chaque rencontre, plus désespérée. Au bout de la route : nuit, violence et folie.
Avec ce voyage dans l'Amérique des bas-fonds, cette Amérique éternelle des laissés-pour-compte et des oubliés, Patrick Michael Finn signe un roman vertigineux qui, longtemps, vous hantera...

Ma chronique : 

J'ai rarement lu un livre aussi sombre, la lente descente aux enfers de Tammy, 17 ans, après une énième dispute avec sa mère, elle part retrouver son père Weldon en Californie. Son père, ancien alcoolique l’accueille sans savoir où la jeune fille en est rendue par se payer sa dose quotidienne de drogue et d'alcool. La cohabitation ne dure pas longtemps avant que Tammy ne fugue encore une fois. Son père décide de suivre sa trace pour tenter de la retrouver. L'auteur nous dépeint une Amérique comme on ne pensait pas qu'elle puisse exister. Un road trip infernal où chaque arrêt est pire que le précédent. Une désespérance assumée dans les bas-fonds que recèlent les petites villes rurales. Les ravages de la drogue, de l'alcool, de la prostitution sont inhumains. Les aires d'autoroute où les poids lourds ne font que passer sont peuplées d'une faune de laissés pour compte et de miséreux. Une véritable cour des miracles, regorgeant de personnages marquants.

Avec un style factuel, tendu qui retrace sans affecte les pires horreurs que l'on puisse imaginer notamment lorsqu'il s'agit d'enfants ou de bébés. Un livre dont on espère voir arriver la lumière, l'espoir, la rédemption sans que jamais rien ne vienne éclairer le parcours de Tammy ni celui de son père. Un court roman qui pose un état des lieux dramatiques de cette face glauque de la Californie, inimaginable. Mais aussi la relation distendue entre un père et sa fille, Weldon qui fera tout son possible pour lutter contre la tentation et sauver Tammy de l'autodestruction. La mort plane sur eux, les vapeurs d'alcool et de méthamphétamine , risque à tout moment de les emporter dans une fin brutale. Bref vous l'aurez compris, un grand coup au cœur pour cette perte d'humanité qui fait froid dans le dos. Bonne lecture.

Citations :

Il sut qu’elle était partie sans avoir besoin de regarder. La marche racoleuse à travers le dépotoir de l’Ouest. Les points de suture, son visage tuméfié qu’il reconnaissait aussi comme le sien. Un pouce levé. Des motels aux oreillers tachés de myriades de saignements de nez ; les draps ternes, une toile pour mille éjaculations. Ponts routiers, bretelles d’accès, sorties de route. Un joint sur les toilettes, dans une chambre où la puanteur à chaque minute empire. 


Certaines filles arrivaient à vivre comme ça. La plupart n’avaient pas le choix. Forcées de bouffer comme des rats et de se laver comme des rats. De convulser et mordre comme des rats. Alors qu’elle n’était même pas foutue de garder sa bouteille de vodka.