Titre : L’Homme des Mille Détours

Auteur : Agnès Martin-Lugand

Édition : Michel Lafon

Genre : Contemporain

Pages : 415

Parution : 28 septembre 2023

L’un rêve de fonder une famille.
L’autre a fui toute attache.

Tous deux se sont rencontrés au milieu de l’océan Indien et, sans rien savoir de leurs secrets, se sont liés d’amitié.

Quand le premier décide de regagner la France, le second lui demande une étrange faveur : se rendre à Saint-Malo et lui donner des nouvelles de celle qu’il a abandonnée sept ans plus tôt sans laisser de traces…

Ce livre était annoncé depuis déjà quelque temps, subjugué par sa magnifique couverture et ce résumé très intrigant, j’avais hâte de le découvrir. Je ne sais jamais à quoi m’attendre avec cette autrice, parfois ça ne passe pas et d’autres fois, ses livres sont d’énorme coup de cœur qui me marque dans ma vie de lectrice. Je vais essayer de vous en dire le maximum en n’en révélant que le minimum à l’image du résumé.

Dans ce livre il y a trois personnages :

Gary, plongeur professionnel, baroudeur, il est depuis quelques mois à La Réunion. Il passe son temps à fuir, de mission en mission, mais cette fois le passé va le rattraper et mettre du sel sur une plaie qui n’était pas cicatrisée. Il va donc décider qu’il en a assez de cette vie, cette fois, il rentre définitivement en métropole pour se sédentariser.

Il y a Ivan, lui aussi habite La Réunion, il a abandonné sa femme et ses enfants sept ans auparavant. Un matin, il est parti sans se retourner pour vivre son Odyssée comme il en a toujours rêvé.

Et puis il y Erin, celle qui a été abandonnée il y a sept ans. Après toutes ces années sur pause, elle a décidé que c’était fini, elle veut prendre un nouveau départ et oublier celui de son mari, du père de ses enfants.

Le destin va réunir ces trois personnes d’une façon étrange, mais évidente…

J’étais devenue sa mère, son amante, sa femme, sa chose. Je m’étais convaincue que je pourrais le guérir. Il avait eu beau s’enfoncer dans sa violence, sa frustration, j’avais été incapable d’accepter que parfois certaines personnes, certains êtres ne pouvaient pas être réparés, ni sauvés.

Ce livre, que dire… C’est le genre de livre où les mots sont difficiles à trouver pour le décrire.

Pourtant, j’ai eu peur de ne pas aimer, parfois, je n’ai pas compris certaines réactions des personnages. Mais surtout, un des personnages m’a rendu très mal à l’aise. Il n’y a pas beaucoup de passages sur lui dans le livre, mais chacun m’angoissait, me faisait peur, me mettait mal à l’aise. C’est ça le pouvoir d’Agnès Martin Lugand, la psychologie de ses personnages est tellement bien construite qu’ils peuvent devenir terrifiants, si proche de la réalité, des personnages qu’on aimerait garder bien loin de nous…

J’ai aimé le personnage d’Erin, cette maman warrior qui était prise dans une relation toxique, abandonnée avec ses trois enfants du jour au lendemain. Elle s’est relevée, ça a été dur, mais elle y est parvenue, pour ses enfants, pour elle, pour sa famille, elle s’est relevée plus forte que jamais. Elle m’a touchée, c’est une maman louve qui protège ses enfants quoi qu’il arrive. J’ai aimé ce lien qu’elle a avec ses enfants, que ce soit avec le petit ou les plus grands, adolescents. C’est une famille fusionnelle qui se sert les coudes et c’est là toute la beauté de cette histoire.

J’ai aussi aimé Gary, il a écumé les déceptions comme il a écumé les mers avec son travail. Il y a des plaies dont il peine à se remettre, des plaies qu’il ne pense pas pouvoir refermer. Cette envie de fonder une famille, à 45 ans, il a vraiment envie d’y croire.

Même si tout va un peu vite entre Gary et Erin, j’ai eu envie d’y croire, j’ai fait abstraction de ce détail pour me concentrer sur eux. Erin, qui a peur de l’abandon, va enfin trouver celui qui ne demande qu’à rester, l’aimer et aimer ses enfants. Après des années de souffrance, chacun de leurs côtés, c’est comme une évidence, une seconde chance, de l’espoir et surtout de l’amour. L’amour qu’ils redécouvrent, l’amour qu’ils croyaient impossible.

Dans ce livre, il est essentiellement question d’amour et de famille. Ma famille a une place très importante dans ma vie, alors quand je lis ce genre d’histoire, il y a beaucoup de résonance chez moi. Et qu’elles sont belles ces histoires de familles. Que ce soient Erin et ses enfants, et encore plus entourée de ses parents, de son frère et sa femme. Depuis le départ d’Ivan, ils se sont tous soutenus, tous entraidés, que ce soit dans les bons ou les mauvais moments, ils sont là. Et puis il y a la famille de Gary, avec qui il n’a presque plus de contact. Mais grâce à Erin, tout va changer, ça m’a touché, ces pardons, cette résilience.

Et puis évidemment, ce qui m’a bouleversé, c’est la relation entre Gary et les enfants, Ulysse, Lou et le petit Milo. C’est ça qui m’a fait ressentir le plus d’émotions, c’est ça que j’ai trouvé le plus beau dans cette histoire. L’amour ne se définit pas forcément par le sang, mais aussi par le cœur. D’ailleurs, l’épilogue a entraîné une marée de larmes, j’ai su que ce livre m’avait bouleversé bien plus que je ne l’avais imaginé.

L’amour est vraiment un sentiment étrange. Il se décuple, se démultiplie, il naît sans que l’on en ait conscience et sa réalité vous percute.

J’ai aussi aimé tout ce qui se rapporte à la mer dans le livre, cette façon de vivre si particulière de Gary, ces métiers dont je ne connaissais même pas l’existence. J’ai aimé le décor planté à Saint-Malo évidemment, j’ai aimé l’ambiance de l’Odyssée, ce bar dans lequel j’aurais aimé m’arrêter, cette chaleur qu’il dégageait. L’autrice nous embarque complètement avec elle dans ce livre, que ce soit dans les décors, l’environnement et la psychologie si bien travaillée de ces héros.

Un coup de cœur pour moi, malgré un personnage qui m’a mise mal à l’aise. Mais l’amour et la bienveillance l’emportent dans cette histoire ou la famille et l’amour y ont une place centrale. Un roman poignant et bouleversant qui vous plongera dans un tourbillon d’émotions, une lecture parfois en apnée qui ne pourra pas vous laisser indifférent.