Sauvage - Julia Kerninon
L'iconoclaste
Parution : 17/08/23
Pages : 304
Ean : 9782378803742
Prix : 20.90 €
Présentation de l'éditeur
A Rome, Ottavia Selvaggio a décidé à quinze ans d'être maîtresse de son destin.
Ni ses histoires d'amour, ni le mariage, ni même la maternité ne la font dévier de sa route. Pendant que son mari s'occupe de leurs enfants, elle invente dans son restaurant une cuisine qui ne doit rien à personne. En robe noire et sans frémir, Ottavia avance droit, jusqu'au jour où un homme surgit du passé avec un aveu qui la pousse à douter de ses décisions. Comment être certaine d'avoir choisi sa vie ?
Le désir a-t-il une fin ?
L'auteure
Julia Kerninon est née en 1987 à Nantes, où elle vit. Elle est docteure en lettres, spécialiste de littérature américaine. Elle s’est fait remarquer dès son premier roman, Buvard (2014), qui a reçu notamment le prix Françoise-Sagan. Trois livres vont suivre aux Éditions du Rouergue, dans lesquels elle affirme son talent et déroule son principal thème de prédilection, la complexité du sentiment amoureux.
Source : L'iconoclaste
Mon avisOttavia Selvagio est un sacré bout de femme qui sait ce qu'elle veut. Elle est déterminée et l'a toujours été. Elle est mariée à Bensch, a trois enfants et dirige son propre restaurant. Elle a aujourd'hui 40 ans. Un homme va surgir de son passé avec un aveu et c'est là que surgissent des questions : a-t-elle fait les bons choix ?
L'histoire d'Ottavia devient universelle et engendre d'autres interrogations :- Être libre en suivant sa carrière ou en fondant une famille ? Choisir entre ses aspirations professionnelles ou vivre l'amour ? Ce n'est pas simple d'être une femme , s'investir, aimer, créer, échapper au quotidien ?
Ottavia a 15 ans lorsqu'elle décide d'arrêter l'école et de travailler au restaurant de son père. C'est avec Cassio de 5 ans son aîné qu'elle va apprendre le métier mais aussi la violence de la vie en cuisine. Elle qui cherche sa liberté à travers sa passion sera en réalité soumise. Elle résistera, avancera en gardant toujours en tête l'idée de faire SA cuisine, elle, SEULE, sans ordre. Avec beaucoup de persévérance, elle y arrivera, déterminée . Oui mais les sentiments dans tout ça, est-elle certaine d'avoir fait les bons choix, de ne pas être passée à côté d'une autre vie ?
Ce sont les questions explorées par Julia Kerninon qui continue à explorer les femmes fortes, déconcertantes, certes libres MAIS ...
J'ai beaucoup aimé le rôle de la mère d'Ottavia, qui est la plus libre de toutes, celle qui refuse le patriarcat et s'assume vraiment. Ottavia est libre mais tellement égoïste, autocentrée qu'elle m'a manqué d'empathie.
La plume de Julia Kerninon est toujours aussi splendie, les mots sont savamment choisis, justes.
Une jolie lecture.
Ma note : 8/10
Les jolies phrases
La sagesse donne la force, mais l'ignorance aussi.
Les enfants posent rarement les bonnes questions à leurs parents.
Est-ce que tu connais le poème qui dit "Je veux te faire ce que le printemps fait aux cerisiers ?"
Evidemment que je sais cuisiner, Ottavia. Pour qui me prends-tu ? Mais je sais aussi qu'il ne faut jamais montrer l'étendue de ses compétences à un homme. Parce qu'il t'exploitera à l'infini et fera de toi sa servante, son outil.
Ton père, il s'agrippe à la tradition parce qu'il n'a aucun intérêt à ce que les choses changent, parce que c'est un homme.
La cuisine était comme le mur de squash de notre amour, c'était par là qu'on passait nécessairement pour s'aimer, notre amour rebondissait comme une balle sur le plan de travail, sur le cuivre des casseroles à confitures, sur les couteaux japonais, notre amour se reflétait à la surface des sauces opaques, se lovait dans les spaghettis, se cachait au fond des coques délicates des tellines, notre amour passait par les mains, la bouche, le silence, l'adrénaline. La cuisine nous opposait sur un ring de feu mais elle nous réunissait aussi, comme d'autres courbent leurs têtes apaisées sur un berceau, et à cause de ça comme eux nous finissions toujours par nous réconcilier sans réfléchir.
L'amour c'est du travail, hein ?, et j'entends encore Cassio lui répondre, sincèrement surpris, presque courroucé Non, non, tu confonds, c'est le travail qui est de l'amour.
Je suis exactement la fille que je rêvais d'être, je me tiens exactement là où je rêvais de pouvoir me tenir un jour. C'est tout ce que je voulais. L'amour, c'est du travail. Le travail, d'est de l'amour.
On dit que les gens ne changent pas mais c'est faux, ils changent, mais seulement très lentement, et pendant ce temps nous changeons nous aussi, alors ça ne tombe jamais juste, c'est infernal.
Plus tu vieillis, plus tu comprends que tout compte fait, ta mère n'était pas si folle que ça, non ?
Ottavia, ta cuisine peut être parfaite, mais ta vie échappera toujours à ton contrôle, sache-le.
De la vie que j'avais tellement voulue et dont je ne savais plus quoi faire ? Je pense que ce qui me terrorisait, c'était l'idée qu'en changeant, en grandissant, j'avais perdu la moitié de ce que j'étais, que je ne parvenais même plus à retrouver en moi. C'était moi-même, je crois, que je craignais d'avoir oubliée, ou remplacée - mais par quoi ? par qui ?
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