Bangkok, 1938. Remy Burke, membre de la haute loge, reprend conscience après une nuit trop arrosée et se souvient qu'il a parié avec Abhik Lee, joueur redoutable, un bien précieux : sa mémoire. Le jeu qui déterminera le vainqueur ? Une partie de cache-cache, Lee ayant un mois pour trouver Burke ; après quoi les rôles seront inversés. Le plateau de jeu ? La Thaïlande toute entière. Burke doit donc se cacher comme il le peut... ce qui n'est pas chose aisée quand on est un Européen à la forte carrure. D'autant que Lee dispose de tous les moyens possibles pour traquer sa proie...
Pourquoi ce livre ? Après le succès que fut la lecture du premier tome, j'étais bien contente d'avoir la suite dans ma PAL pour sauter dessus sans trop attendre.
Le Voleur m'a beaucoup moins embarqué, même si cela reste une lecture largement convenable.
La bonne surprise de cette suite, c'est que je n'avais pas compris à quel point les parties jouées sous couvert de Maison des jeux pouvaient être aussi différentes. Ici, on est loin d'une partie d'échec à plusieurs adversaires, on se situe davantage dans une partie de cache cache très inégale, où la cible est jouée successivement par l'un puis l'autre. Le gagnant est le chasseur qui aura trouvé le plus rapidement sa proie. Et la partie se compte en nombre de semaines, pas d'heures. Un rythme moins haletant que le premier opus mais…
…dépaysant par ces paysages de la Thaïlande du siècle dernier, avec cette césure entre une population en respect des traditions et ces grandes villes au fait ostentatoire. La différence d'ambiance est marquante et j'ai aimé me perdre aux côtés de Rémy dans les deux - avec une nette préférence pour la campagne et ses valeurs.
La partie est inégale, notamment au niveau des atouts octroyés par la Maison des jeux, mais c'est là ce qui fait le sel de l'intrigue. Car comme Argent, notre meneur soufflant discrètement la révolte, on s'interroge sur les causes de cette inégalité, sur les véritables desseins de la Maîtresse des Jeux. Ainsi ce qui apporte n'est pas la scène qui se déroule sous nos yeux mais ce qui est tenu au secret, dans les mots et dans les gestes. Même si cette suite me paraît moins bonne, je reste alléchée par cette cette intrigue et j'ai très envie de comprendre les tenants et aboutissants de cette fresque grandiose.
Je me suis un peu plus attachée aux personnages cette fois-ci, d'autant plus que la partie est très inégale, ce qui facilite la compassion envers Remy, la première proie. En fait, ça paraît tellement déséquilibré qu'on ne peut suivre en silence, simple témoin impuissant, à cet étau qui se resserre inexorablement sur lui - tels les Arbitres, finalement. Je me suis surtout attachée à cet ivrogne par l'évolution dans sa personnalité au fil des rencontres singulières. À l'inverse, la main reçue par Abikh rend ce dernier totalement déplaisant, par son manque d'élégance et de combativité. Il part gagnant tel un tricheur, sans comprendre face à qui il se mesure. C'est un être exécrable, à un point où la fin m'a énormément fait sourire ! Petite pensée pour Argent, et pour Thène, toujours là quand on ne s'y attend pas, toujours à souffler des idées étranges et à rassembler des forces mystérieuses. Non vraiment, j'ai très hâte de découvrir le grand final !
J'ai adoré le style d'écriture. Loin de la Renaissance vénitienne, la plume absorbé tel un caméléon la moiteur et les couleurs de la Thaïlande, et on s'y croit. C'est toujours aussi entraînant, et j'ai pris plaisir à embarquer dans ce voyage coloré.
Une suite un peu moins bonne que la précédente, avec une tension beaucoup moins présente. Cela dit une partie plus grande encore se dévoile derrière cette partie de cache-cache et j'ai très envie de connaître le fin mot. Argent réunit ses pions, comme la Maîtresse des Jeux, et je suis satisfaite de retrouver Rémy et Thène à ses côtés. Ajoutons à cela un style d'écriture qui s'adapte au décor et je suis comblée. Vivement la suite !
15/20
Les autres titres de la saga :
1. Le Serpent
2. Le Voleur
3. Le Maître
- saga terminée -