Éditions de Fallois, 2022 (185 pages)
Ma note : 15/20Quatrième de couverture ...
Vingt ans ont passé. Marius est devenu garagiste à Toulon, Fanny est la riche madame Panisse, et César le parrain de Césariot, le fils de Fanny, élève à Polytechnique. Lorsque Panisse meurt, il veut que le jeune homme apprenne qu'il n'était pas son véritable père...
En 1936, Pagnol décide de conclure l'histoire de ses héros marseillais. Il est maintenant cinéaste, et c'est directement pour l'écran qu'il écrit César, dont il publie cependant le texte. Il démontre avec maestria que, pour lui, théâtre et cinéma ne sont pas fondamentalement différents : l'important, ce sont l'auteur, ses personnages, et les mots qu'ils prononcent.
Raimu, Charpin, Fresnay, Orane Demazis, artificiellement vieillis, retrouvent leur rôle dans ce film mélancolique : le Vingt ans après de Pagnol.
La première phrase
" César : Bonjour. Est-ce que je pourrais voir M. l'abbé Bonnegrâce ? "
Mon avis ...
Dans ce troisième et dernier volet de La trilogie marseillaise, vingt ans se sont écoulés. Alors que Césariot réussit haut la main ses études de Polytechnique, Fanny ne peut s'empêcher de s'inquiéter quant aux fréquentations amoureuses de celui-ci. De son côté, Marius s'est installé à Toulon et ne rend plus du tout visite à son père qui tient toujours le bar de la Marine.
D'abord écrit pour le cinéma (contrairement aux deux autres pièces), César vient mettre un point final à la destinée de nos personnages. Secrets et non-dits doivent être levés pour que chacun puisse retrouver un peu de sérénité. Les protagonistes vont donc solder des comptes vieux de vingt ans. Il y a de la tristesse, des regrets, de l'amertume. Mais c'est tellement bien écrit ! Comme à son habitude, Pagnol réussit à nous faire sourire alors même que nous assistons à des scènes tragiques. Et je trouve cela tellement beau et émouvant. Les vicissitudes de l'existence sont là, mais nos personnages conservent leur joie de vivre et leur franc-parler. Ils sont humains, terriblement attachants, et je serai sans doute un peu triste de tous les quitter (oui oui, même Escartefigue et monsieur Brun qui sont loin d'être irréprochables).
Si j'ai préféré les deux premiers opus (la faute peut-être ici à un happy end plutôt convenu), j'ai de nouveau passé un bon moment en compagnie des mots de Marcel Pagnol. Il fait désormais partie de mes auteurs favoris. Après avoir aimé L'eau des collines et adoré ses Souvenirs d'enfance, La trilogie marseillaise fut encore une fois une belle surprise. Je trouve qu'il se dégage des écrits de Pagnol de la simplicité, et à chaque fois beaucoup d'amour et de tendresse dans les liens (familiaux ou amicaux) qui unissent ses personnages. Et même si l'on sent que le tout se fait témoin d'une époque révolue, on ne peut qu'en ressortir ému(e). Alors après avoir couru pieds nus dans la garrigue avec Manon ; assisté à des repas avec l'oncle Jules et la tante Rose ; regardé le petit Paul jouer et s'inventer tout un monde propre à l'enfance ; ou encore après avoir ressenti tellement d'empathie pour Fanny, j'espère ne pas avoir fait le tour des œuvres de Marcel Pagnol et découvrir encore quelques pépites. Sinon il me restera toujours le plaisir de la relecture.
Extraits ...
" César ( digne) : Je ne peux pas vous le dire à tous à la fois, et si vite que ça. Parce qu'un secret, ce n'est pas quelque chose qui ne se raconte pas. Mais c'est une chose qu'on se raconte à voix basse, et séparément. "