Premier roman d’Amaury Barthet, Le diplôme dresse le tableau d’une France qui adore mettre les gens dans des cases. Un bien beau thème, hélas pas aussi bien exploité qu’il aurait dû l’être.
Le diplôme d’Amaury Barthet (éditions Lizzie)
Écrire un roman qui rappelle que le diplôme n’est en rien le reflet de la qualité d’une personne, voilà une riche idée, à la fois originale et dans l’air du temps. Mais une idée suffit-elle à faire un bon roman ?
Un tel thème peut se prêter aussi bien à une critique sociale ultra réaliste à la manière des romans de Karine Tuil, qu’à une satire où l’humour côtoie l’absurde à la façon de Charlie Roquin. Le problème, c’est qu’entre réalisme et situation ubuesque, Amaury Barthet, l’auteur du Diplôme, a décidé de ne pas choisir et de nous livrer les deux dans un seul et même roman. Il fallait oser !
Est-ce qu’il a bien fait ? Je ne pense pas. Je trouve même qu’il s’est planté en beauté en voulant faire sa démonstration à partir d’une situation hors du commun et complètement caricaturale. Imaginez plutôt… Vous êtes une petite vendeuse de chez Zara qui n’a pas fini ses études à la fac. Vous rencontrez un jour un jeune prof de banlieue complètement désabusé, qui n’a qu’une idée en tête, vous mettre dans son lit. Une fois fait, il s’aperçoit qu’en plus d’avoir un joli minois, vous avez aussi une tête plutôt bien faite et qu’il serait bien dommage de ne pas l’exploiter davantage. Si seulement vous étiez diplômée… Mais comme vous êtes quand même sacrément intelligente, notre Robin des bois décide de rééquilibrer les choses et de vous offrir une seconde chance en falsifiant pour vous un diplôme. Mais pas n’importe quel diplôme, HEC, ça vous dit ? Et hop, un petit coup de photoshop et vous voilà prête à conquérir le monde des affaires. A vous les postes à responsabilité dans des multinationales, soyons fou !
Son diplôme – ce document qui certifiait moins les compétences que le milieu social d’origine – agissait comme un plafond de verre sur ses ambitions professionnelles.
Mais bien sûr ! C’est bien connu que les diplômés de grandes écoles font cavaliers seuls. Que le réseau n’a aucune importance dans ces milieux. Que l’on accède à des postes très haut placés sans qu’il n’y ait la moindre vérification de la véracité des diplômes, des expériences passées ni des références. Evidemment…
Il était tout à fait possible de construire la même histoire et d’arriver aux mêmes conclusions dans un contexte plus réaliste. Pourquoi perdre toute crédibilité en partant dans de telles élucubrations ? L’auteur lui-même ne semble pas convaincu par sa démonstration, raison pour laquelle il nous invente une histoire parallèle en transformant le petit prof en triste sire ?
Écoute, ce que je te propose c’est de vivre la vie que tu aurais pu avoir si tu avais été mieux conseillée. Il ne s’agit pas de tricher, mais simplement de corriger la mauvaise décision que tu as prise dans ta jeunesse, de renouer avec la vie meilleure qui aurait dû être la tienne.
L’idée de départ était bonne, c’est indéniable. Mais la réflexion semble ne pas avoir été assez mûrie pour parvenir à donner un sens à ce roman. Si le but visé était de divertir le lecteur, c’est réussi. Le Diplôme se lit d’une traite et est un régal en version audio notamment. Mais si l’auteur voulait pousser plus loin la réflexion, alors c’est raté, il y a beaucoup trop de naïveté et de maladresses qui décrédibilisent le propos, ça manque de finesse et d’analyse.
Je ne parvenais pas à savoir jusque-là si j’avais aimé ou non ce roman, maintenant que je vous ai livré mes impressions, je peux enfin trancher : pour moi c’est non. Mais je reste persuadée que cet auteur a du potentiel pour peu qu’il se retienne de céder à la facilité.
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L’ESSENTIEL
Couverture du Diplôme d’Amaury Barthet
Le diplôme
Amaury BARTHET
Editions Albin Michel en GF, Lizzie pour la version audio
Sorti le 23/08/2023 en GF et en audio
Lu par Samuel Charle
224 pages (4h55 d’écoute)
Genre : roman contemporain
Personnages : Nadia et Guillaume
Plaisir de lecture :
Recommandation : pas sûre
Lectures complémentaires : Travailler tue d’Yvan Robin, Métadata de Charlie Roquin, La décision et Les choses humaines de Karine Tuil
RÉSUMÉ DE L’ÉDITEUR
Pour réparer l’injustice, a-t-on le droit à l’imposture ?
Jeune, intelligente, Nadia a toutes les compétences pour réussir. Il ne lui manque qu’un diplôme pour en attester et lui ouvrir les portes d’un avenir meilleur. Conquête pour certains, droit inné pour d’autres, ce sésame agit ici comme le révélateur d’un vaste mensonge érigé en système. Guillaume, prof de banlieue désabusé, va lui en offrir les clés. Mais si le mérite se monnaie au même titre que le sexe, le pouvoir et les idéaux, quel est le prix à payer?
Amaury Barthet orchestre le récit d’une revanche à double tranchant, mêlant critique sociale et fable philosophique. Un premier roman dérangeant, cruel et drôle qui dénonce les faux-semblants de la société.
TOUJOURS PAS CONVAINCU ?
3 raisons de lire Le diplôme
- c’est divertissant
- c’est rapide à lire
- c’est original bien que très franco-français donc pas du tout dépaysant
3 raisons de ne pas lire Le diplôme
- c’est totalement tiré par les cheveux
- ça part en vrille au beau milieu sans qu’on ne comprenne l’intérêt
- c’est finalement plus plombant que ça en a l’air
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