Ouvrir un roman de Stephen King (à raison d'un par an depuis bientôt quarante ans), c'est un peu comme rentrer chez soi, retrouver sa ville natale, ses petites habitudes à l'épicerie du coin, ou se rappeler les bonnes années avec de vieilles connaissances... Dans les premières pages bien sûr, celles qui vous ramènent à la maison avant de reprendre la route vers d'autres contrées. Sentry dans l'Illinois, que l'on apprendra à connaître comme Derry dans le Maine sert de décor à une histoire qui démarre en étant très ancrée dans la réalité. Charlie, dix sept ans, peut être fier de lui : après avoir perdu sa mère dans un accident de voiture, il a aidé son père à sortir d'une longue période d'alcoolisme. Etudiant doué et sportif, il fait figure de héros local lorsqu'il vient au secours de Mr Bowditch, un vieil homme vivant à deux pas de chez lui. Durant la convalescence de celui-ci, il l'aide à s'occuper de sa maison et de sa chienne Radar, pour laquelle il se prend d'affection. Dans un cabanon, il découvre un escalier qui le mène vers un autre monde, une autre réalité où vivent d'étranges êtres qui semblent tous avoir perdu l'un des cinq sens. Une malédiction semble peser sur les habitants et Charlie y est accueilli comme celui à même de sauver la cité magique des forces du mal qui la dominent.
Dans un roman de Stephen King, on apprend à appréhender la vie, ses drames et ses trahisons, un peu comme dans un roman d'apprentissage. Ici dans les premiers chapitres, Charlie raconte le drame qui a marqué son enfance et la force qu'il a dû trouver en lui pour surmonter une très mauvaise période et aider son père à s'en sortir. Comme si ce qui lui arrive dans la vie réelle ne suffit pas, il doit se battre dans un monde parallèle pour aider un peuple à vaincre le mal, en une belle métaphore de notre monde décadent.
Conte de Fées est un hommage à la littérature fantastique, aussi vaste soit-elle. Je suis ravie de toujours trouver des bribes de réponses à cette question récurrente chez Stephen King : d'où viennent les histoires? Et sa capacité à sans cesse se renouveller est étonnante (même si je l'avoue il y a maintenant beaucoup de déjà vu mais c'est toujours un plaisir de " remuer la marmite "). L' imagination toujours débordante, Stephen King ne dissimule pas ses sources d'inspirations, que ce soit dans son quotidien (un accident avec une camionnette, de longs déboires destructeurs avec l'alcool), ou dans ses lectures de jeunesse: R. Bradbury, Lovecraft, L. Baum ou Lewis Caroll, et toute cette mine de ressources que sont les contes et les légendes, revues ou pas à la sauce Disney. Les bases de l'imaginaire que tout un chacun a un jour cotoyé reviennent en force dans ce roman fantasque qui ravira sûrement les amateurs de fantasy et les fans du maitre.
Mon avis personnel est assez mitigé, je le regrette mais je n'en suis pas surprise. J'ai adoré la première partie très terre à terre avec cet ado qui porte de belles valeurs (bien que ce ne soit pas un ange, qu'on se le dise...), j'ai aimé l'histoire d'amour avec Radar (le chien) et l'amitié improbable avec le vieux Mr Bowditch, qui n'est pas sans rappeler l'histoire de Craig et Mr Harrigan... La seconde partie, fermement ancrée dans l'univers fantasy ne m'a pas happée comme je l'aurais espéré. J'ai saisis l'ensemble mais je ne me suis pas plus que cela attachée aux personnages underground de cette seconde partie. L'ensemble n'est pas aussi fade que After, mais est loin d'atteindre l'excellence de 22/11/63 ou Histoire de Lisey, entre autres. Mais ce n'est que mon humble avis!