Le Côté de Chelsea (1932) vient d’être réédité. La couverture du livre vous en dit l’essentiel, un titre clin d’œil, une photo de Marcel avec la couronne royale britannique de guingois sur le crâne, oui il s’agit d’un pastiche souriant autant qu’amical de l’œuvre de Marcel Proust.
En 1928, Marcel Proust, ou si vous préférez, le narrateur de La Recherche du temps perdu, se rend en Angleterre avec Andrée (« Ne pouvant plus, hélas, emmener Albertine, j’avais obtenu d’Andrée qu’elle voulût bien m’accompagner ») pour un court séjour, à Londres puis dans la campagne du Surrey. Ils logent au Hyde Park Hotel, leurs appartements surplombant le vaste parc londonien ; Andrée engage une femme de chambre, Tuttle, extrêmement bien organisée mais n’obéissant qu’à la voix de sa maîtresse, ce qui étonne Marcel. Mr de Norpois, nommé à l’ambassade française, introduit le narrateur auprès de Desmond Farnham, écrivain, qui l’invite à dîner, réception où Proust est déçu de constater que ses bottines neuves tranchent avec les godasses usées des convives, un passage très amusant. Plus tard, Marcel Proust et Andrée visiteront la Tate Gallery où il développera ses connaissances en peinture, opposant Constable à Turner, Boudin à Monet. Etc.
André Maurois, réussit à merveille son imitation du maître, nous donnant ses phrases à rallonges et leurs digressions, leur rythme, la transcription des pensées du narrateur face à ses interlocuteurs ou situations vécues. A Chelsea, le couple fréquente le gratin de la capitale, discussions de salon où sont évoquées les personnalités du moment, politiques, écrivains… généalogie de la noblesse, bref, ce qu’on imagine quand on parle de l’univers de Proust.
La préface de George D. Painter est pleine d’intérêt et les notes de bas de page éclairent parfaitement le lecteur, sur qui est qui.
Si j’osais, je proposerais à ceux qui n’ont jamais lu Proust intimidés par sa renommée, d’ouvrir ce petit bouquin pour se lancer : ce n’est pas du Proust mais ça en a fichtrement le goût ! Conseiller la copie à l’original (dans un premier temps) je n’en reviens pas moi-même !