" La maison dorée "
BURTON Jessie
Le lecteur s'était laissé séduire par Miniaturiste, un précédent roman de Jessie Burton déjà publié chez Gallimard. Il s'est gentiment laissé porter par ce nouveau roman. Comme lors d'un rendez-vous où les deux parties (la Romancière et le Lecteur) n'ont plus grand-chose à échanger, si ce ne sont de rares et insignifiants souvenirs. La présence de deux femmes confère toutefois au récit une densité certaine. Thea, l'adolescente que le Lecteur avait connue enfant. Un tantinet rebelle, éprise d'un salaud qui fera d'elle une femme. Nella, la tante protectrice, qui finira par se ranger aux côtés de sa nièce et à l'accompagner dans sa fuite émancipatrice.
Un récit habilement construit, c'est vrai. Mais qui ne provoque rien d'autre qu'un certain ronronnement machinal. Juste une interrogation annexe. Jessie Burton a-t-elle lu Aragon et son Voyage en Hollande ? Puisque le roman et le poème évoquent l'un et l'autre les ananas...
" Les maisons de la Hollande ont
Le cœur traversé de lumière
Si bien que la tête la première
Sans pudeur nous y regardons...
Il n'y manque pas le point blanc
Qu'on voit au centre des théières
On jurerait que c'était hier
Que fut abattu ce brelan
Qu'un visiteur pousse la porte
Et le joueur se retourna
Mais d'où venaient les ananas
Mis dans cette nature morte... "