Twisted Ever After, Tome 1 : La Bête de A. Zavarelli

Par Bib Hlm @bibHLM

Résumé : Autrefois, je croyais aux contes de fées.
Mais ensuite, il m’a prise.
Et il m’a appris que la vie n’était pas un conte de fées.
Il est abîmé, brisé.
Une créature sombre et sauvage.
Sa beauté est violente et ses mots cruels.
Son cœur est un paysage plongé dans l’ombre, où rien ne peut pousser.
Il affirme qu’il ne pourra jamais vraiment s’attacher à moi, et il me le prouve chaque jour.
Il a détruit ma vie.
Il m’a torturée.
Et pire encore...
Il m’a exercée à supplier pour quémander son affection.
Dans cette prison, la lumière du jour ne perce pas.
Il m’a appris que la haine naissait de l’obscurité.
Mais ensuite il m’a appris que, parfois, l’amour aussi y trouvait racine.
Mon avis :
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il convient de rappeler que ce livre s’adresse à un lectorat averti en mesure de mettre une distance entre ce qui est présenté et la réalité. Ici, il n’est pas question d’une quelconque apologie de la violence ou des relations toxiques. Cette fiction décrit des relations évidemment problématiques, où la violence est omniprésente, la notion de consentement est inexistante. Cela dit, il ne s’agit pas de la juger ou de la comprendre (autant stopper les vagues avec ses mains), il s’agit d’apprécier (ou non) la façon dont l’auteur imagine cette histoire et la raconte avec ses tenants et ses aboutissants. Ses enjeux et ses dommages directs et collatéraux.

TW = Sexe (non consensuel) et violences sexuelles ; BDSM ; violence psychologique et physique ; enlèvement et séquestration ; désordre psychologique ; scarification.
Ce livre est un champ de bataille où les personnages se tourmentent et s’apprivoisent. L’autrice aborde succinctement l’idée des prédispositions aux comportements déviants et nous propose ici une démonstration de la manipulation en termes d’enjeux et de méthodes. Les personnages sont tour à tour manipulés, et le lectorat aussi. Jamais le processus du syndrome de Stockholm n’aura aussi bien été raconté (même si elle balaye le tout au profit d’une héroïne plus forte que ça…). Elle nous présente aussi, l’idée (très dérangeante) de la portée destructive que peuvent représenter les esprits entraînés au mal dès l’enfance, notamment par le gouvernement et leurs agences en tout genre. Avec cette idée, elle nous parle de la dualité des personnalités… c’est effrayant.
Oui, dans cette réécriture de conte, l’autrice continue son escalade de la noirceur dans sa palette d’écriture déjà très sombre. Cela dit, elle nous avait habituées à des histoires dont la construction est plus fine. Ici, quelques précipitations et incohérences dans la première partie du roman autour des connaissances de l’héroïne sur le héros notamment. Elle glisse également quelques ellipses particulièrement frustrantes qui empêchent de cerner les tenants et les aboutissants de l’histoire… On dirait le tome 1 d’un univers installé qui va continuer à s’étoffer autour d’une suite. Elle s’étale en long, en large et en profondeur sur la partie érotique, avec ici encore, une dose de BDSM (définitivement n’est pas mon délire), au détriment du récit, même si évidemment, l’implication des personnages évolue grâce à ces relations…
Paradoxalement, elle fait une belle prouesse dans la construction psychologique de ses personnages. C’est précis, pointu, nuancé.
Une bonne histoire dans le genre, mais suffisamment aboutie pour être saisissante.
Au plaisir.
Aux survivantes : On vous croit. Toujours. #MeToo.
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