Camille Patrice – La Maison Squelette ***

Par Laure F. @LFolavril

Éditions Léo Scheer – septembre 2023 – 261 pages

*

« Elle aurait préféré le perdre dans la nuit, son Grand-Singe. »

Elle est assistante réalisatrice. Elle voyage, prend l’avion, se retrouve en Chine. Erre. Se souvient de son père, son Grand-Singe – disparu il y a un an. Les souvenirs défilent, et l’absence, béante, demeure. Un jour, elle tombe sur une structure de maison en construction, « fantomatique et incomplète » – la Maison Squelette, qui « attend seulement d’être crépie, remplie, terminée ». Cette structure à travers laquelle on peut voir, lui rappelle celle qu’elle est. Des maisons, comme des boîtes à musique, des boîtes à souvenirs, il y en a eu dans sa vie. Elle les égrène – enfance et adolescence se déploient, se heurtent à la femme qu’elle est devenue – jusqu’à la dernière Maison, celle qu’elle avait réussi jusque-là à occulter. Celle qui l’a métamorphosée à tout jamais. Celle qui a fait naître la rage. « C’est à cause du dégât des eaux qui stagne toujours en moi que j’ai oublié à quel point j’avais besoin de mon père. »

Une langue brute et aussi poétique que trash, qui dit la perte d’un père. Qui raconte aussi la famille au pluriel ; la famille du sud, qui lui offre en héritage la colère. Celle du nord, qui lui offre le silence. La Maison Squelette est un premier roman poignant, écrit sur le fil du rasoir, qui m’a beaucoup touchée.