Daphné du Maurier fait partie de mes autrices préférées. Après avoir vibré en tournant les pages de Rebecca ; frissonné en lisant Ma cousine Rachel, Les oiseaux ou encore La poupée, je m’attaque enfin à une adaptation par la BBC. L’auberge de la Jamaïque fut un énorme coup de cœur dans ma vie de lectrice. Il était donc plutôt risqué de me frotter à une adaptation (au risque d’en ressortir déçue). Je reste pour ma part sur un ressenti mi-figue, mi-raisin après avoir regardé les trois épisodes de cette mini-série.
Jamaica Inn – L’auberge de la Jamaïque (2014) nous embarque en Cornouailles. Orpheline et pauvre, Mary Yellan n’a d’autre choix que de rejoindre sa tante Patience qui vit avec son époux (Joss Merlyn), un homme brutal et alcoolique, dans une auberge délabrée et malfamée : L’auberge de la Jamaïque. Notre héroïne ne tarde pas à regretter son choix quand des activités illégales s’ajoutent aux nombreuses scènes de violence auxquelles elle assiste. Pour s’en sortir, Mary tente de trouver des alliés. Jem (le frère de Joss Merlyn) ainsi que Francis Davey, le vicaire de la région, semblent la soutenir.
Comme souvent avec la BBC, le gros point fort de cette adaptation reste sans conteste la reconstitution. L’ensemble est visuellement splendide et l’ambiance sombre du roman d’origine parfaitement rendue. Les landes désolées côtoient de dangereux marécages quand le brouillard sur la côte et les gros nuages noirs font craindre le pire pour nos personnages. Délabrée, pourrissant d’humidité, l’auberge fait quant à elle froid dans le dos et pourrait presque constituer un personnage à part entière.
Dans l’ensemble, le casting est également à la hauteur. Jessica Brown Findlay (que j’avais adoré rencontrer en lady Sybil dans Downton Abbey) fait une excellente Mary Yellan aussi indépendante que courageuse. Sean Harris joue quant à lui un Joss Merlyn complexe et torturé. Mon bémol concerne Matthew MacNulty. J’imagine qu’il est censé incarner un Jem Merlyn séduisant, en tout cas aux yeux de Mary, mais cela n’a pas pris du tout avec moi. J’ai trouvé son personnage antipathique, sans compter que je n’ai pas cru une seule seconde à son histoire d’amour avec notre héroïne. Plutôt dommage non ?
J’ai également tiqué sur quelques détails par rapport au roman d’origine. Daphné du Maurier nous présente une tante Patience effacée, mais surtout absolument terrorisée par son mari. Il est même question d’une peur viscérale. Or dans cette mini-série la voici qui participe totalement aux activités illégales de Joss Merlyn. Je n’ai pas vraiment compris ce choix. Car dans le roman, c’est bien pour soutenir et essayer de sauver tante Patience que Mary reste à l’auberge de la Jamaïque (ce qu’on ne ressent pas du tout ici). Autre point : dans mes souvenirs, le personnage de Joss est absolument abject. Si c’est aussi le cas dans la mini-série, son personnage se fait moins manichéen. On montre qu’il est aussi une victime, on se surprend parfois à éprouver un brin d’empathie à son égard. Et je trouve que ces détails enlèvent un peu de force dramatique à l’ensemble.
Pour autant, j’ai passé un bon moment en compagnie de Mary Yellan et… comme dans le roman, j’ai littéralement été soufflée par le final qui nous est proposé. Celui-ci se montre toujours aussi surprenant et inoubliable. De quoi me donner envie de relire (encore et encore) ce grand classique de la littérature anglaise.