La Flotte d’exode est un trésor vieillissant, témoin de la volonté humaine de disséminer ses enfants et sa culture à travers les étoiles. Singulière au sein de la communauté galactique, peu la rejoignent et beaucoup la quittent. Dans les couloirs de ces vaisseaux naissent, vivent et meurent les spatiaux. Une ethnologue à tentacules, un homme rêvant d’intégrer la Flotte, un adolescent de s’en aller, une archiviste vieillissante qui a connu l’époque où les Humains étaient des parias, une soignante affectée aux soins des morts, et Tessa, sœur d’Ashby, le capitaine humaniste de L’Espace d’un an. Autant de voix qui, humaines ou non, nous racontent le sentiment d’appartenance à un groupe, le besoin central de trouver une place, dans la galaxie ou dans les cœurs. Des gens ordinaires ; des vies ordinaires : uniques et précieuses.
Pourquoi ce livre ? Il n'est plus vraiment nécessaire de présenter Becky Chambers, aujourd'hui connu pour sa science-fiction sociale et positive. Cela fait un moment que je l'ai découverte et l'envie de reprendre sa plus vieille et plus longue série m'est venue, alors que le dernier tome est paru récemment.
Archives de l'exode m'a complètement fait renouer avec l'autrice, après quelques lectures un peu plus moyennes. Ce roman est une histoire de vie, une tranche de vie, tirant presque sur le feel good. Alors que la plupart de l'humanité a fui la Terre sur la Flotte, un regroupement de vaisseaux pour y vivre des siècles, les colonies se développent et progressivement, les Exodiens, habitants de la Flotte, la quittent pour de nouveaux horizons, pour une vie planétaire entre autres.
Moi qui sors tout juste d'une longue panne de lecture, cela m'a fait très étrange de plonger avec tant de facilité dans un roman, pour ne plus vouloir en sortir. C'était si doux et réconfortant que c'était très frustrant de devoir arrêter de lire. C'est probablement un des pouvoirs de Becky Chambers, et j'ai lu ce roman au bon moment.
Il n'y a aucun jugement dans ses histoires. Les personnages vivent la vie qu'ils souhaitent et chacun respecte l'individualité et la communauté. En douceur, les rencontres, les aléas de la vie vont conduire tout un chacun à s'interroger sur la vie qu'il mène, notamment sur le travail et le confort de vie. On suit plusieurs personnages. Dès le début, on devine que les chemins vont se rencontrer, sans savoir de quelle manière. Finalement, c'est surtout un événement majeur dans la communauté de la Flotte qui va bouleverser les uns et les autres. Tessa, Isabel, Kip, Eyas, tant de personnages à suivre, aux métiers et personnalités très divers. Si ma préférence l'emporte sur la dernière, notamment grâce à son métier original, sa philosophie, sa remise en question, je ne me suis ennuyée avec aucun d'eux car c'est ensemble qu'ils forment le tableau de la vie sur la Flotte, rendant la lecture intéressante. Mention spéciale à la présence fantôme d'Ashby, qui m'a rappelé de si agréables souvenirs... C'est une référence à un des tomes précédents qui m'a fait sacrément plaisir !
J'ai bien aimé la fin également, qui offre une belle conclusion. La transition est acquise, tout en ancrant la Flotte dans ses traditions. De l'émotion et des mots qui sonnent juste.
La plume, la traduction, est toujours aussi belle. Ça coule comme du liquide sur la bouche, dans cette même douceur que l'intrigue. C'est bienveillant, pas un mot plus haut que l'autre.
Un coup de cœur, ni plus ni moins. Ce n'est pas forcément parfait, l'intrigue manque d'intensité peut-être, mais j'ai adoré cette parenthèse dans une société bienveillante. Les personnages sont attachants, avec des réflexions qui leur sont propres. Le style est merveilleux, on y coule comme dans des chaussons. Quelques jours après avoir refermé le livre, je me rends compte que cette douceur caractéristique des romans de Becky Chambers me manque déjà. Ce côté feel good reviendra bientôt, car j'ai hâte de lire le dernier opus.
19/20
Les autres titres de la saga :
1. L'Espace d'un an
2. Libration
3. Archives de l'Exode
4. La Galaxie vue du sol
- saga terminée -