Odette a une méduse dans l’œil, qu’elle seule peut voir. Une méduse qui se multiplie.
Pourquoi ce livre ? Je ne suis pas férue de tout ce qui est format illustré mais comme je le disais récemment, j'essaye de me faire une petite culture dans ce format également. Pour cela, quoi de mieux que de lire les nominés (enfin, certains) du Prix Livraddict ? Et j'ai donc commencé par ce titre, disponible à la médiathèque.
D'emblée j'ai eu du mal à entrer dans l'univers de La Méduse de Boum. Je vais me sentir très gênée en disant cela mais je ne m'attendais pas à lire du québécois, de fait la syntaxe à la fois très proche et très différente de la nôtre m'a de suite bloquée, à tel point que je me suis demandée si je parviendrai au bout (alors qu'il ne fait qu'un peu de plus de deux cents pages…). Je m'y suis habituée au fil du temps, mais je reconnais que ce fut un sacré frein et que cela se ressent dans la note finale.
La Méduse, c'est l'histoire d'une nana qui a une méduse dans l'œil. Ce qui veut dire que la jeune femme, libraire, voit un peu moins bien, puisque l'animal est toujours dans son champ de vision. Progressivement les méduses se dédoublent, si bien que le champ de vision ne fait que s'amoindrir. Et Odette ne le vit pas bien.
Dès le début j'avais compris l'analogie entre la méduse et ce qui arrive à la jeune femme. Alors bien sûr, ce n'est pas un secret d'état, on devine très bien où l'artiste nous entraîne. Pourtant, cela enlève une grande part du charme car on comprend très bien là où ça va nous entraîner et les différentes étapes sur la route. Cela dit, cela ne m'a pas empêchée de ressentir une émotion sincère et compatissante à la fin, dans la solitude d'Odette et dans l'étape suivante. Émotion d'autant plus puissante que je n'y étais préparée puisque j'ai plongé dans une certaine lassitude au fil de ma lecture, qui s'est révélée sans surprise, en dehors des vingts dernières pages.
J'ai également tiqué parce qu'on sent très vite la référence à L'écume des jours de Boris Vian, en raison de cette analogie justement. On sent que derrière la méduse se cache quelque chose de grave, et c'est trop facilement à deviner quoi. L'inspiration de cette oeuvre culte est palpable, étant donné que le fond use du même procédé pour évoquer la maladie.
Le fait que tout était prévisible m'a tenu éloignée des personnages et je n'ai pas su m'attacher à eux, même si je reconnais un certain intérêt pour Nana, personnage torturé au possible. J'ai bien aimé aussi le comportement de l'ami d'Odette, présent dans les bons moments comme ceux les plus difficiles. Mention spéciale pour Napoléon, le petit lapin trop mignon.
Quant aux traits de crayon, ce n'est pas ce que je préfère mais j'avoue avoir beaucoup aimé la mise en forme de cette méduse, cette présence quotidienne et pesante dans la vie d'Odette. Par ce procédé, l'évolution de la maladie est tangible, presque violente.
Une œuvre marquante par la présence de puis des méduses au fil des planches, mais lassante par son contenu très introspectif. Le thème est fort, les personnages ont tous un petit quelque chose, mais je n'ai pas su m'attacher à eux et me suis ennuyée une bonne partie de ma lecture, en dehors de la fin très émouvante. L'évidence, c'est que ce livre n'emportera malheureusement pas ma voix lors de la phase des votes pour le Prix Livraddict.
12/20