Saharienne Indigo

Par Lecteur34000

" Saharienne Indigo "

MONENEMBO Tierno

Roman dont les différentes strates se superposent et interfèrent (sans que ces interférences soient, au regard de l'Auteur, une nécessité). Un possible polar, puisque le livre s'ouvre sur la fuite nocturne de la très jeune Véronique Bangoura, laquelle vient de revolvériser son père, un être abject. Une gamine de son âge la découvre réfugiée dans une carrière désaffectée. Les deux adolescentes vont alors unir leurs destinées. Mais un flic est à leurs trousses, sale type aux lunettes noires et qui porte une saharienne indigo. C'est la Guinée qui se révèle alors, la Guinée des crimes et de la corruption, une dictature brutale et cruelle, celle du camp B et des internements arbitraires. Un monde dont il est impossible de s'évader. En dépit des plaisirs que confèrent les pratiques artistiques, des rencontres avec d'autres mondes et donc d'autres cultures.

Un roman à découvrir pour qui ressent le besoin (si ce n'est la nécessité) d'aborder à l'Afrique au-delà des clichés conventionnels.

" Et puis non, ça ne se voit pas sur le nez, les coups de ces gens-là. Ils ne laissent jamais de traces, ces gens : la marque des vrais criminels. Quand ils ont fini de vous briser, c'est le bain d'acide sulfurique, ou alors la fosse commune, là où l'on balance les chiens crevés et les biques, tous ceux qui ne demandent pas que l'on se souvienne d'eux. S'ils vous laissent rentrer chez vous, c'est que vos cicatrices sont à l'intérieur : côtes brisées, rate en bouillie, mémoire en lambeaux. C'est leur truc à eux : ni trace ni témoin, ni preuve ni justificatif. C'est ce qui leur permet après quelques années de répit de se trouver des successeurs. Le cycle de la vie, quoi, qui se nourrit de lui-même et que ni vous ni moi n'avons le moyen de briser. "