Grâce à L'iris blanc, j'ai éclaté de rire de nombreuses fois au point d'intriguer mon cher et tendre A., pourtant pas super motivé à découvrir ce nouvel opus d'Astérix mais impressionné par les effets sur sa chère et tendre (c'est-à-dire moi... je précise, c'est pour au cas où vous ne suiviez plus !).
Résultat : L'iris blanc a récupéré trois lecteurs au lieu d'une (moi, notre V. qui a court-circuité son père et mon A.). Reste la petite dernière, mon C. qui pour l'instant ne montre aucune tentation. Mon V. (20 ans) a beaucoup aimé, mon A. (presque cinquantenaire) a été déçu (il s'attendait à rire plus que cela, au regard de mes réactions) et moi (cinquantenaire ... Oui cela fait tout de suite moins jeune, écrit comme cela !) j'ai trouvé cet album réussi avec des révélations (les joutes verbales, les dialogues, les jeux de mots fantastiques, une critique malicieuse de la communication non-violente, un dessin très propre et soigné dans la lignée de la série, un personnage incarné exceptionnel -Vicévertus- qui ne laisse aucune scène transparente en sa présence) et du moins bon (un souffle narratif qui baisse en seconde partie - partie lutécienne- avec une représentation assez grossière de la préciosité parisienne et de la mise en concurrence ville-campagne, une intrigue qui aurait mérité un peu plus de peps et d'étoffe).
Le pitch : César en a marre. Son armée, fatiguée de recevoir les coups des valeureux gaulois, subit désertion sur désertion. Conscient que son autorité risque d'être mise à mal, César confie au beau parleur -Vicévertus-, la tâche de remotiver ses troupes et accessoirement d'affaiblir/d'endormir la résistance gauloise. Le perfide orateur arrive à s'immiscer dans le quotidien de nos amis et à opérer à des changements positifs et remarquables : moins de querelles, du poisson frais, une prise de conscience de la condition féminine et de son émancipation. Mais Astérix et Panoramix commencent à se poser singulièrement des questions, Obélix aussi quand il remarque que les sangliers ne jouent même plus le jeu de la chasse !
Voilà, L'iris blanc est vraiment une lecture familiale, peut-être plus adaptée aux vingt ans et plus pour les nombreuses références musicales (années 80 en force) et culturelles.
De cet album, il ressort des bijoux et des découvertes : un concert et une partie de cache-cache mémorables, un impact sur les pirates, un nouveau lexique (vase-pourri, CGV, par exemple), une nouvelle unité de temps etc.
Le scénariste, Fabcaro, oulipien dans l'âme, se donne à fond dans les saillies verbales et autres jeux de mots sans vulgarité et avec intelligence. Il a parfaitement saisi sa chance de poser son univers habituel des gentils loosers, des anti-héros représentés par Abraracourcix et, d'une certaine façon, Vicévertus (dont les traits m'ont surtout fait penser à Dominique de Villepin, et un peu moins à BHL). Bravo au dessinateur Didier Conrad qui par ses couleurs pastel et feutrées et un dessin précis tout en rondeur marque la série de son trait de crayon tout en respectant le graphisme originel.
En conclusion : Lecture très sympa et qui fait du bien. Je vous la recommande.
Éditions Albert René