Jean Philippe Rolin, né en 1949 à Boulogne-Billancourt, est un écrivain et journaliste français. Etudiant, Jean Rolin s'investit dans la tendance maoïste de mai 68. Au début des années 1970, il intervient comme représentant de la Gauche prolétarienne à Saint-Nazaire. Journaliste, il a surtout effectué des reportages, entre autres pour Libération, Le Figaro, L'Evénement du jeudi et GEO. Ecrivain, il est l'auteur de récits de voyage, de chroniques, de souvenirs, de romans et de nouvelles.
Paru en 2020, Le Pont de Bezons est retenu dans les premières sélections de nombreux prix littéraires dont le prix Goncourt, le prix Renaudot ou le prix du Livre Inter, avant de recevoir finalement le prix Joseph-Kessel en mai 2021. En lisant cela sur sa fiche Wikipédia, j’en suis tombé de ma chaise car ce bouquin est épouvantablement mauvais !!
L’écrivain se propose de visiter les bords de Seine de Melun au sud à Meulan au nord sur une durée d’un an, avec le pont de Bezons très approximativement au centre. Intéressant pitch de départ et l’innocent lecteur se prépare à une expédition poétique à la Bernard Ollivier ou cultivée et intelligente à la Sylvain Tesson, hélas, après trente pages la désillusion est frappante et le chemin de croix va s’avérer supplice jusqu’à la dernière ligne.
Rolin a écouté Brassens, « Jadis ici c’était la zone » mais contrairement à lui qui était capable de voir une petite fleur se frayer un chemin au cœur du bitume, l’auteur ne voit que les plaques de béton du paysage urbain et désolant de son itinéraire. Terrains vagues, pylônes, béton décrépi, ligne du RER (« les voies du RER D franchissent la Seine après avoir survolé les montagnes de ferraille à différents degrés de transformation »), étrons humains (« il m’est désagréable d’imaginer que deux personnes capables de chier au beau milieu d’un quai autrement impeccable s’y trouvent embusquées ») etc.
Ce paysage, réel certes, peut faire le sujet d’un bouquin respectable, il n’est pas question de se voiler la face. Encore faudrait-il qu’il soit servi par une écriture à la hauteur d’un projet littéraire, ce qui n’est pas le cas. Le récit est écrit dans un style journalistique et pas des meilleurs, voire administratif, qui en rend la lecture très désagréable (« à la date de ma première visite dans le contexte du projet, le vendredi 17 août 2018 »), ponctuée maintes fois de « comme la suite devait le prouver ». Le déroulé est décousu, on passe de Melun au nord à Corbeil au sud sans crier gare, les précisions fatiguent le lecteurs (les noms des rues qui s’enchainent…), les objectifs de l’auteurs n’intéressent pas (« établir un compte exact des salons de coiffure de la rue de Paris ») etc. etc.
C’est sur les genoux que je suis arrivé au bout de ce bouquin où j’ai retrouvé les mêmes travers lus précédemment dans Les Evènements. Il y a pont et pont, ici c’est le pont des soupirs d’ennui !