Avec les livres on peut voyager à travers le monde entier ou plus simplement sillonner la France, avec les livres on va partout. Or, partout, ce sont aussi des lieux que l’on connait très bien, alors quand un roman se déroule dans un de ces endroits, il prend une place particulière dans notre imaginaire. J’en ai fait l’expérience plusieurs fois, constatant que même si le livre n’était pas extraordinaire, le simple fait qu’il se passe dans des lieux familiers m’interdisait d’être trop critique avec lui car sa lecture avait réveillé en moi des souvenirs très chers.
Quand je parle de lieux que l’on connait bien, je pense surtout aux lieux que l’on a fréquentés très jeune. Dans mon cas, ma jeunesse remontant loin, ce sont quasiment des souvenirs d’une autre époque, une vraie préhistoire si on la compare à nos jours présents. Lieux bien connus, donc ville ou quartier où l’on a vécu, éventuellement passé des vacances mémorables ; des endroits dont la géographie est restée gravée dans notre esprit, plan de la ville, rues du quartier, monuments et commerçants, tous ces éléments créant une urbanité ou une ruralité topographique.
Plus le lieu servant de décor au roman est ancien dans notre mémoire, plus la lecture du roman prend de l’intérêt, car comme vous le savez aussi bien que moi, la mémoire nous joue des tours. Dans mes souvenirs d’enfant, les surfaces des lieux que j’ai connus, sont beaucoup plus grandes que dans la réalité : il y a quelques années j’étais retourné voir l’immeuble parisien où j’ai vécu jusqu’à l’âge de dix ans, ma plus grande surprise a été de constater que la cour de l’immeuble où je jouais avec ma voiture à pédales puis avec mon vélo à quatre roues, était minuscule. Dans mon souvenir elle était assez spacieuse pour que j’y démène mes petites gambettes !