Éditions Les Escales, 2023 (448 pages)
Ma note : 18/20Quatrième de couverture ...
2019. Kate fuit Londres pour se réfugier dans une maison délabrée dont elle a hérité. Avec son lierre dégringolant et son jardin envahi par les mauvaises herbes, ce havre de paix la protège de son compagnon violent. Kate sent toutefois qu'un secret s'y tapit...
1942. Alors que la Seconde Guerre mondiale fait rage, Violet est cloîtrée dans le grand domaine familial, étouffée par les conventions sociales. Elle vit avec le souvenir de sa mère, dont il ne lui reste plus qu'un mystérieux médaillon et une inscription étrange sur le mur de sa chambre.
1619. Altha connaît les secrets des plantes, savoir ancestral transmis de mère en fille. Nombreux sont les villageois à venir lui demander de l'aide. Pourtant, quand un fermier meurt piétiné par son troupeau, tous la pointent du doigt et l'accusent de sorcellerie.
La première phrase
" 2019
Kate est devant le miroir quand elle l'entend.
La clé, le bruit dans la serrure. "
Mon avis ...
J'ai eu un énorme coup de cœur pour ce titre. La maison aux sortilèges fut une belle lecture qui marquera sans aucun doute cette année 2023. À trois époques différentes, le lecteur est ici invité à suivre le destin de trois héroïnes : Altha, Violet et Kate.
1619. Alors qu'Altha est accusée de sorcellerie, tout semble déjà joué d'avance lors de la venue de son procès. On l'accuse d'avoir provoqué le décès d'un villageois, en lui lançant un sort. En 1942, Violet vit dans un somptueux manoir en compagnie de son frère et de son père. Pour des raisons obscures, cette jeune fille âgée de seize ans est totalement tenue à l'écart du monde qui l'entoure. En 2019, Kate fuit un mari violent. Elle se réfugie alors dans une petite maison laissée quelque peu à l'abandon, héritage de sa grand-tante.
Comme j'ai aimé ce roman ! Il y est question de pouvoir de transmission entre les générations, mais aussi de résilience. Nos héroïnes ont pour point commun d'appartenir au clan Weyward. Elles arborent une chevelure noir corbeau et, plus encore, toutes trois subissent une violence froide. Contrôlées par des hommes, elles n'entendent cependant pas se plier à la société patriarcale de leur époque ou à ce qu'on exige d'elles.
J'ai lu avec passion les chapitres consacrés à Altha. Parce qu'elle est une femme et vit dans la forêt, mais surtout sans homme à ses côtés, sa différence la condamne. J'ai également été émue par le personnage de Violet. Parce qu'elle est élevée cloîtrée dans le domaine familial et qu'elle ignore tout des relations avec le sexe opposé, elle en paiera malheureusement le prix. Quant à Kate, j'ai admiré son courage qui est d'absolument tout quitter pour vivre et se reconstruire.
La maison aux sortilèges est également une ode à la nature, à ce qui nous entoure et qu'on ne voit peut-être pas ou plus. Altha, Violet et Kate vivent avec et pour le bourdonnement des insectes, le pouvoir des plantes, le parfum des fleurs, le rythme des saisons. J'ai également été touchée par ce rapport au temps, le fait que tout reste et se transmet au fil des générations. Le lien qui unit nos héroïnes est fort, touchant, comme indestructible. La maison aux sortilèges est un roman qui m'a transportée. J'ai aimé rencontrer chacune de ces femmes et je les quitte avec regret. Je ne peux que vous recommander chaudement ce joli roman qui s'ajoute à ma pile de coups de cœur.
Extraits ...
" Les derniers jours de décembre, je me levai avant le soleil, quand la vallée était encore épaisse de ténèbres et de silence. Alors que le ciel virait au gris sur ses contours, je portais mes pas à la ferme Milburn. Je me hissais dans le chêne pour m'asseoir sur les branches les plus hautes. J'aurais pu appartenir à la volée de corneilles, qui m'accueillaient en silence avec leurs yeux sémillants. L'une d'elles se perchait à côté de moi, ses plumes effleuraient ma cape. Ensemble, nous surveillions la ferme. "