Une ambiance à la Donna Tartt (Le Maître des illusions) avec du Shakespeare et des étudiants imprégnés de théâtre mais englués dans une passion aveugle ! Pour tout dire, je ne sais pas quoi en penser.
L'histoire s'ouvre sur la sortie de prison d'Oliver, un ancien étudiant éclaboussé par un scandale (meurtres, mensonges, amitiés et amours fusionnels). Dix ans viennent de s'écouler. Et l'inspecteur de police entreprend de le retrouver pour une discussion à cœur ouvert. Une confession ultime et sans conséquence.
Car l'affaire s'est déroulée dans une école privée et très sélective. Le théâtre y occupe une place prépondérante. Chaque étudiant est assuré d'exploser son talent, ses compétences, sa passion. Il n'y a pas de demi-mesure. Et le décor est gothique à souhait. Vieilles pierres. Vies en colocation. Shakespeare en second souffle. Bref. C'est intense.
Sauf qu'à force de baigner dans ce cadre hors du temps, hors des conventions, nos jeunes gens perdent aussi pied face aux situations conflictuelles (jalousies, trahisons, non-dits, tromperies). Les plus fortes amitiés peuvent également virer en relations toxiques. Que sais-je. Cette histoire entre Oliver et ses camarades nous est livrée avec parcimonie. Tout comme l'inspecteur, nous l'écoutons patiemment.
En vrai, c'est une lecture dense et fascinante. Mais elle se révèle également irrespirable. On bascule dans un drame en cinq actes, coupé de toute réalité, avec des jeunes gens sous pression, des comédiens inconscients du sort qui les attend, alors qu'ils sont résignés à jouer les rôles qu'on leur distribue. Figés sous cloche. J'avoue, c'est perturbant.
Tout dans cette lecture est perturbant.
L'histoire se termine aussi sur une sensation douce-amère. Je n'ai pas crié au génie, pas soupiré d'ennui. En fait, rien, dans ce roman, n'est parvenu à me surprendre. L'empreinte de Donna Tartt y est certes très forte. Aujourd'hui on parle de phénomène “dark academia”. Mais ce nouveau courant littéraire n'épatera personne ayant déjà lu The Secret History.
Et oui, l'empreinte est forte. If We Were Villains est cependant moins bon. Sans doute surcoté par les réseaux sociaux. À vrai dire, je ne comprends pas pourquoi ce titre émerge du lot. Son intrigue n'est pas originale, pas de suspense insoutenable, pas de personnages attachants. Seul le cadre compte beaucoup. Big-up aussi pour l'esthétisme de l'ouvrage.
Bref. Suis confuse. 「(°ヘ°)
©2017 M.L. Rio (P)2023 W.F. Howes Ltd
- De : M.L. Rio
- Lu par : Gerald Chahine
- Durée : 10 h 46
- Date de publication : 26/10/2023
- Éditeur : Editions Theleme from W. F. Howes
⭐⭐⭐⭐
“Ici, nous pouvions céder à l'obsession qui nous habitait tous. Nous parlions le Shakespeare comme une seconde langue, discutions en vers et nous avons perdu le contact avec la réalité, en quelque sorte.”