Publié aux éditions 10/18, 2022, 600 pages. Eleanor perd ses parents lorsqu'elle a seize ans. Douée en dessin, elle publie alors une série de livres pour enfants qui lui rapporte assez d'argent pour s'acheter une belle maison, au milieu des champs. Elle y rencontre Cam avec lequel elle aura trois enfants. Où vivaient les gens heureux raconte la vie de cette jeune femme qui deviendra épouse et mère et passera par bien des épreuves... Joyce Maynard dresse le portrait d'une femme que l'on va suivre de son adolescence jusqu'à l'âge mûr. On suit Eleanor alors qu'elle est gamine, entourée de parents dysfonctionnels et peu aimants. En construisant sa propre famille, Eleanor se cherche et veut offrir à ses enfants l'enfance qu'elle n'a pas connu. Où vivaient les gens heureux est un roman qui vous emporte. C'est une fresque familiale dans laquelle on suit Eleanor et sa famille. J'ai adoré les suivre dans leur quotidien. Il ne s'y passe rien d'exceptionnel: seulement la vie banale d'une famille américaine dans les années 70 puis 80 et 90. Mais à travers cette histoire unique et privée, l'autrice s'attaque à la figure de la femme dans la société américaine. Elle y dénonce le machisme, les violences conjugales. Elle y aborde de nombreux thèmes qui traversent tout le roman. La peinture de cette famille est un prétexte pour analyser et disséquer la société américaine. Elenaor est un personnage assez ambivalent auquel on s'attache mais qui fait sortir de ses gonds la féministe que je suis. On a envie de lui crier de se tirer, de crier la vérité et d'arrêter à tout prix de vouloir protéger ses enfants. Elle fait passer leur bonheur avant le sien quitte à se sacrifier totalement et à se passer de leur amour. C'est un roman sur les désillusions liés à l'amour, qu'il soit marital ou maternel, mais c'est aussi un très beau livre sur la résilience. L'autrice traîne parfois en longueur, certes, mais elle a le don de nous embarquer dans ses histoires et de nous faire ressentir des émotions contradictoires qui rendent accro à son roman. Avec " Où vivaient les gens heureux ", Joyce Maynard signe une excellente fresque familiale!