Résumé
Des Beaux Arts à l’atelier Nawak, la naissance d’un artiste qui a renouvelé le genre de la bande dessinée. Étudiant aux Beaux-Arts de Paris dans les années 1990, Joann Sfar noircit déjà inlassablement ses carnets à dessin. Stimulé par le vent nouveau et la franche camaraderie qui se dégagent des ateliers qu’il partage avec d’autres auteurs de bande dessinée, comme Christophe Blain ou Emmanuel Guibert, il imagine les contours des personnages qui feront son succès. Mais pour l’heure, il cumule les lettres de refus d’éditeurs. Trente ans plus tard, l’auteur se replonge dans les tranches de vie du jeune Joann, et commente avec amusement et lucidité les pages inédites de ses tout premiers carnets.
Notre avis
Joann Sfar : « Je dessine mal, je le fais exprès. Pour moi, il y a eu une perfection du dessin en bande dessinée, il y a 70 ans au moment d’Hergé ou de Tezuka. Soit, la bande dessinée est un artisanat, et on va dessiner pareil tout le temps. Très bien, mais ce n’est pas pour moi. Le dessin est un art vivant, comme l’écriture, la peinture ou le dessin, on va pouvoir se demander ce qu’on en fait. Quand j’étais étudiant aux Beaux-arts, j’avais très envie de bien faire. Maintenant comme les comédiens, j’ai surtout envie de jouer juste. Cela passe par un aller et retour entre le dessin construit, le dessin d’imagination et le dessin d’observation du réel. Julien Neel (Lou !..) m’a dit un jour que j’essayais de mettre ensemble Sempé et Jack Kirby, c’est impossible et c’est ce qui est intéressant. J’essaye d’emmener la BD vers l’émotion. » Si, comme moi, vous pensiez que le talent de Sfar se résumait à de mauvais dessins et de bons scenari, cette compilation remaniée des carnets de l’auteur entre 1992 et 2000 risque de vous surprendre. Outre la chronologie qui suit le parcours de Joann Sfar, on y découvre un talent académique pour le dessin que l’auteur nous avait jusqu’ici bien caché. Cet album se lit comme une biographie, amputée de l’essentiel « des collaborations » de notre auteur comme il l’avoue humblement dans sa préface. On y découvre donc ses doutes, ses envies, ses peurs, on y partage aussi ses joies, ses amours … Mais aussi les prémices de ses succès et des oeuvres à venir. Un partage riche qui nous entraine un peu plus dans le sillage d’un des auteurs les plus prolifiques qui soit. Un must have pour les amoureux de Sfar mais aussi pour ceux qui veulent connaître un peu plus l’univers du maître du « chat du rabbin » ou du « petit vampire ».
Notez aussi que le prolifique artiste (« Le chat du rabbin », « Petit Vampire », « La Synagogue », « Donjon », « Klezmer », » Les carnets »…) fait l’objet d’une exposition rétrospective subtile qui, en plus de 250 planches et dessins inédits, extrait l’essentiel de son œuvre, et de sa vie. C’est au Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme depuis le 12 octobre 2023 et jusqu’au 12 mai 2024 .
En deux mots
Une vie inspirée par le dessin.
Jean-Claude Attali
Lien vers la page des éditions Gallimard de « Young Man » et découvrir un magnifique entretien avec l’auteur.
A propos de l’Auteur :
Joann Sfar naît à Nice en 1971. Après des études de philosophie et les Beaux-Arts de Paris, il passe par l’atelier Nawak, rencontre Lewis Trondheim, Emmanuel Guibert, Christophe Blain… Il publie sa première bande dessinée en 1994 et signe par la suite plus de 130 titres, dont Petit Vampire, Pascin, Donjon, Klezmer… Histoires pour la jeunesse ou érotiques, heroic fantasy ou introspection, il visite tous les genres avec une originalité certaine et fait souffler un vent nouveau sur la bande dessinée. Son énergie créative l’emmène aussi ailleurs, en littérature, à la radio, en peinture et au cinéma avec notamment Gainsbourg (vie héroïque) et l’adaptation animée de son Chat du Rabbin ou de Petit Vampire (2020).
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