Sterenn – octobre 2023 – 276 pages
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2010, dans le sud du Liban. Georges et sa sœur Joumana grimpent tous les jours la colline en face de leur maison et se réfugient dans un kiosque ancien, abrité par les branches d’un vieux cèdre – leur terrain de jeux préféré mais aussi leur refuge sécurisant, « cocon au milieu du chaos » – la guerre a défiguré leur campagne et leur innocence.
9 ans plus tard, Georges poursuit ses études ; avec trois autres étudiants, il travaille au journal de son université au sein de la rubrique « Imaginaire » dirigée par un de leurs professeurs, l’austère et charismatique Joseph Ramayel, au passé si trouble et torturé. Georges est chargé d’écrire une fiction à partir de sujets d’actualité et il se fait vite remarquer par son professeur – un lien spécial se noue entre eux à mesure que Joseph Ramayel leur impose des sujets susceptibles de raviver les sombres événements de l’Histoire libanaise, dans un pays sous tension perpétuelle. Les véritables intentions de Ramayel demeurent obscures, mais par le biais de la fiction, il semble vouloir réveiller l’Histoire… Mais jusqu’à quel point peut-on ainsi jouer avec la fiction?
Les Enfants de la vie est un roman lumineux et poétique – malgré l’horreur – qui nous plonge dans l’histoire contemporaine du Liban, maintenant une frontière trouble entre fiction et réalité. Un roman qui monte en puissance à mesure qu’on en tourne les pages ; je me suis surprise à le lire presque en apnée – captive de l’intrigue habilement façonnée et de l’écriture délicate de Juliette Elamine.