Le Château des Rentiers – Agnès DESARTHE

Le Château des Rentiers – Agnès DESARTHE

Le Château des Rentiers
Par
Agnès Desarthe
Chez les Editions de l’Olivier

Avertissements de contenu : Shoah, mort, maladie.

En levant les yeux vers le huitième étage d’une tour du XIIIe arrondissement de Paris, Agnès rejoint en pensée Boris et Tsila, ses grands-parents, et tous ceux qui vivaient autrefois dans le même immeuble. Rue du Château des Rentiers, ces Juifs originaires d’Europe centrale avaient inventé jadis une vie en communauté, un phalanstère.

Le temps a passé, mais qu’importe puisque grâce à l’imagination, on peut avoir à la fois 17, 22, 53 et 90 ans : le passé et le présent se superposent, les années se télescopent, et l’utopie vécue par Boris et Tsila devient à son tour le projet d’Agnès. Vieillir ? Oui, mais en compagnie de ceux qu’on aime.

Telle est la leçon de ce roman plein d’humour et de devinettes – à quoi ressemble le jardin d’Éden ? quelle est la recette exacte du gâteau aux noix ? qu’est-ce qu’une histoire racontée à des sourds par des muets ? –, qui nous entraîne dans un voyage vertigineux à travers les générations.


Je voulais un livre simple et je me retrouve avec un roman si délicat que mes émotions se sont toutes écoulées de partout à ma lecture.

J’en ai lu, des livres sur les vieux. Des livres pour les vieux, par les vieux. Des livres anatomiques, des livres de sciences, psychologie, neurologie, sociologie. J’en ai lu pas mal pour mes études. Des témoignages, des essais, des biographies, des autobiographies. Un peu de tout. Dans ces livres, les vieux étaient des chiffres, des anciens jeunes ou encore des malades. Pas réellement humains. Agnès Desarthe leurs rend leur humanité. Sa prose est simple mais c’est cette simplicité qui est puissante.
Nous sommes perdu dans la tête de cette narratrice qui est/pourrait être l’autrice. Nous sommes sûr de rien mais ce n’est pas nécessaire d’en savoir plus que les mots proposés par Le Château des Rentiers.

Justement, Le Château des Rentiers respire la nostalgie. La nostalgie de la vie, du temps qui passe. Des regrets, également, de ne pas avoir posé les bonnes questions lorsque les personnes autour de nous étaient encore là. C’est un regret partagé par beaucoup de monde sur terre, je crois. Agnès Desarthe a su le retranscrire avec une justesse si tendre !
Je n’arrive pas à trouver des défauts à cette autobiographie. A vrai dire, j’aurai aimé lire encore plus les pensées et les mémoires d’Agnès, de ses parents, des habitants du Château des Rentiers. C’est une sensation d’inachevée que j’ai ressenti en refermant l’ouvrage.

Même si la fin n’a pas de gout de fin, j’ai tant apprécié ma lecture ! C’est un roman que je recommanderai avec plaisir.