Je ne suis pas là - Lize Spit ♥♥♥♥♥
Actes SudLettres néerlandaisesTraduit du néerlandais par Emmanuelle TardifParution : février 2023Pages : 512ISBN : 978-2-330-17353-1
Prix : 24.00€
Présentation de l'éditeur
« Nous étions deux piliers de guingois qui, dès lors qu’on les appuierait l’un contre l’autre, auraient plus de stabilité qu’un seul pilier à la verticale. Tout irait bien tant que nous resterions ensemble. »
Leo vit avec son petit ami Simon depuis dix ans. Lié par une enfance troublée, le couple vit parfaitement heureux. Jusqu'à ce que tout change : Simon rentre chez eux au milieu de la nuit et Leo ne le reconnaît plus, ni dans ses gestes, ni dans ses mots. Lentement, l'existence méticuleusement construite de Leo s'effondre, jusqu’à mettre sa vie en danger…
Après le très remarqué "Débâcle", Lize Spit revient avec une troublante histoire de dévotion et de trahison en forme de thriller haletant.
Lize Spit
Lize Spit (1988) a grandi dans la Campine anversoise, mais vit à Bruxelles depuis 2005. Elle a obtenu une maîtrise en scénarisation du RITCS. Elle a remporté le prix du public et du jury à Write Now! en 2013.
En 2016, son premier roman « Het Smelt » a été publié et s'est vendu à plus de 200 000 exemplaires. Des traductions dans douze pays et une adaptation cinématographique ont suivi. Le livre a remporté le Bronze Owl, le Book Trade Prize, le Hebban Debut Prize, est devenu livre de l'année du CNRC et a été sélectionné pour le prix de littérature Libris et le Premio Strega Europeo. Son deuxième roman « Je ne suis pas là » a été publié en décembre 2020.
Lize Spit travaille comme conférencière invitée en écriture créative pour la LUCA School Of Arts et le RITCS. Elle est chroniqueuse à De Morgen.
Source : site de l'autrice
Mon avis
Lize Spit nous propose un deuxième roman haletant, passionnant. Durant 510 pages - qui se lisent très rapidement - nous allons vivre un compte à rebours de 11 minutes.En effet, le décor est planté tout au départ, comparé à un scénario, Lize Spit nous donne, je cite :"Un personnage absorbé par sa tâche, ignorant le malheur qui va s'abattre sur lui : il ne faut pas plus pour faire monter le suspense, c'est l'un des tout premiers principes d'écritures qu'on nous ait appris à l'école du cinéma..."
C'est un véritable scénario de film, la tension s'amplifiera au fil du récit.Léo travaille dans une boutique pour femmes enceintes, rue Dansaert à Bruxelles, avec sa collègue et amie Lotte qui vient d'avoir une petite fille Léontine.Elle vit depuis 11 ans avec Simon, graphiste chez Think Out Loud. Il y travaille avec son ami Koen, le mari de Lotte.Léo et Simon sont un couple fusionnel, ils ont tous les deux perdus leurs parents trop tôt.Au tout début du roman, on apprend qu'il reste 11 minutes pour éviter une catastrophe. Laquelle ? Vous le saurez à la fin du roman. Durant ce laps de temps, une course à vélo dans les rues de Bruxelles, Léo se remémore sa vie avec Simon, l'événement déclencheur le 05/05/2018 lorsque Simon est revenu tard du travail avec un tatouage derrière l'oreille et la volonté de quitter son travail et de créer sa propre entreprise de conception de tatouages... Son comportement qui a changé, achats compulsifs, excitation, comportement étrange, sentiment de paranoia.Léo repense à sa solitude, son sentiment d'impuissance, ses efforts d'écoute, son amour pour lui, tous ses souvenirs heureux.Lize Spit nous capte d'emblée avec une construction magistrale de son roman, une structure très maîtrisée qui apporte du rythme, du suspense, un réel souci de mise en scène, très cinématographique. Elle égrene le temps avec brio.Son écriture est parfaite, empreinte d'empathie, d'humour, de réalisme. Elle ose dire les choses sans pathos, ni vulgarité. C'est une véritable analyse psychologique de la maladie décrite de manière précise mais aussi de ce que vit le conjoint coincé dans une certaine solitude, obligé de garder pour lui sa détresse et ses émotions.Chapeau pour l'écriture mais aussi à Emmanuelle Tardif pour cette belle traduction.Coup de coeur
Les jolies phrases
Après tout, chez certaines personnes, le deuil n’avait lieu que beaucoup plus tard, comme ces vagues formées par le passage d’un navire et n’atteignant la rive qu’une fois le bateau lui-même presque disparu derrière l’horizon.
J'étais un hélicoptère qui tournait dans les airs depuis des semaines et qui arrivait à court de carburant.
L'espoir est cet air qu'on bat en émulsion pour alléger les choses et les rendre supportables, pour nous permettre de respirer, mais c'est aussi ce qui peut justement les faire retomber comme un soufflé.
Elle, ce qu'elle veut, c'est être une écrivaine, et les écrivains rendent souvent les choses pires qu'en réalité, pour pouvoir les ressentir, pour écrire plus facilement là-dessus après.
Moi, je dormais de l'habituel sommeil-ballerine-dans-le-coffret-à-bijoux, qui me suffisait tout juste à fonctionner normalement dans la journée.
On aurait dit qu'à l'hôpital, ils lui avaient changé son logiciel sans penser au préalable à faire une copie de sauvegarde des fichiers.
Le bonheur, tout comme le soleil, avait été créé de sorte qu'on ne puisse jamais le regarder en face.