Knock ou le Triomphe de la Médecine est une pièce de théâtre représentée pour la première fois à Paris en 1923, sous la direction de Jacques Hébertot, mise en scène et décors de Louis Jouvet, qui interprète également le rôle principal. Louis Jouvet qu’on retrouve dans l’adaptation cinématographique réalisée par Guy Lefranc sortie en 1951, un film inoubliable dont les images ne m’ont pas lâchées durant toute ma lecture. Si j’ai vu ce film plusieurs fois et ne m’en lasse jamais, je n’avais jamais lu le texte, cette riche réédition incluant une belle préface, un cahier photos, facsimilés de quelques pages du manuscrit etc. était l’occasion ou jamais.
Pièce en trois actes, je vous en rappelle les grandes lignes : Dans les années 1920, Saint-Maurice un bourg montagnard de la Haute-Loire très certainement. Acte 1 : Le docteur Parpalaid et sa femme, sont venus chercher le docteur Knock à la gare la plus proche en voiture. Le premier cède son cabinet au second qui part terminer sa carrière à Lyon. Knock interroge Parpalaid sur ses patients qui s’étonne des étranges questions posées. On pressent que le nouveau toubib va appliquer des méthodes révolutionnaires à l’opposé du pépère docteur en partance. Acte 2 : Knock dresse son plan de bataille. Il demande au Tambour du village de faire passer son message, consultations gratuites tous les lundis matin ! Avec l’instituteur il organise des réunions d’informations médicales puis enfin avec le pharmacien un pacte d’entente très profitable aux deux partenaires. Viennent les premières consultations et l’on comprend comment Knock va s’y prendre, inquiéter mine de rien les patients au point de les tenir en son pouvoir et planifier des consultations régulières et payantes, accompagnées d’ordonnances conséquentes. Acte 3 : Trois mois plus tard, Parpalaid revient au village et tombe des nues, toutes les chambres de l’auberge sont occupées par des malades, Knock est submergé de travail et tous les commerces du villages en profitent car c’est tout le canton qui vient pour se faire soigner par le malin toubib !
Un texte à mourir de rire, une satire féroce de la médecine avec un Knock exploitant la crédulité des gens, faibles quand une éventuelle maladie pourrait les frapper. Et les dialogues renferment des pépites entrées désormais dans la légende : « Les gens bien portants sont des malades qui s'ignorent ! », « Ne confondons pas. Est-ce que ça vous chatouille, ou est-ce que ça vous gratouille ? »
Je suppose que tout le monde a au moins vu le film, sinon ne perdez plus une minute, foncez sur ce livre, on n’a pas réussi sa vie si on ignore ce texte !
« Knock : Tomber malade, vieille notion qui ne tient plus devant les données de la science actuelle. La santé n’est qu’un mot, qu’il n’y aurait aucun inconvénient à rayer de notre vocabulaire. Pour ma part, je ne connais que des gens plus ou moins atteints de maladies plus ou moins nombreuses à évolution plus ou moins rapide. Naturellement, si vous allez leur dire qu’ils se portent bien, ils ne demandent qu’à vous croire. Mais vous vous trompez. Votre seule excuse, c’est que vous ayez déjà trop de malades à soigner pour en prendre de nouveaux. »