Dea Liane – Georgette ***

Par Laure F. @LFolavril

L’Olivier – août 2023 – 158 pages

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« Quand nous disions Georgette c’était comme dire maman. Georgette n’est pas un prénom, c’est un qualificatif nouveau et inédit, le nom d’une relation indicible. »

Georgette, cette super nounou, cette seconde maman, qui a toujours veillé sur la narratrice et son frère… Georgette l’a vu naître, et puis un jour, elle les quitte car elle se marie. La narratrice a du mal à réaliser, à appréhender cette réalité, même vingt ans après. Que Georgette, leur super-héroïne, puisse exister en dehors de la bulle de leur famille. En dehors d’elle. Qu’elle puisse avoir une vie à elle, après ces treize années d’intimité partagée.

Le retour à la réalité fait mal : le travail de Georgette est terminé, elle n’est plus l’employée de la famille, elle n’est plus payée pour s’occuper d’eux. Mais qu’en est-il de l’amour donné pendant ces treize années ?

En une succession de scènes, la narratrice capture les souvenirs qui lui reste de ces treize années. Elle déroule la bobine du film de l’enfance – ce film tourné en plusieurs séquences par sa mère, toujours la caméra vissée à l’oeil – à la recherche de Georgette.

Un roman tout en pudeur et en sensibilité qui m’a émue : j’ai tout aimé de ce récit, de sa construction – intelligente et propice à l’émergence des souvenirs – à l’écriture, sensible et réflexive. L’écriture de Dea Liane interroge, cherche à mettre en mot la relation qui était la leur, à capturer la vérité, confrontant le regard de l’enfant qu’elle était à celui de l’adulte qu’elle est devenue.