1. Qui est ce Schtroumpf? (Tebo – Editions Le Lombard)
De quoi ça parle: Un matin, un schtroumpf se réveille sur le toit d’une maison champignon. Complètement désorienté, il n’a aucune idée de la manière dont il s’est retrouvé là. Mais surtout, ce schtroumpf inconnu ne parle pas le langage des schtroumpfs. Même quand le schtroumpf à lunettes lui explique que c’est pourtant simple de faire la différence entre un schtroumpf et un schtroumpf, il ne capte pas la nuance. Et quand lui-même essaie de parler schtroumpf, personne ne le comprend… Après vérification par le Grand Schtroumpf en personne, il apparaît pourtant que cet étonnant visiteur est bel et bien un vrai schtroumpf. D’où vient-il alors? Pour le découvrir, la schtroumpfette décide de prendre les choses en main. Accompagnée par le schtroumpf costaud et le schtroumpf à lunettes, elle s’élance sans hésiter dans les branches du grand arbre millénaire qui surplombe le village pour essayer de retrouver des indices sur l’identité de ce mystérieux lutin bleu amnésique.
Pourquoi c’est bien: Parce que c’est drôle et léger, et que ça se lit d’une traite. Parce que Tebo parvient à respecter l’univers de Peyo, tout en le revisitant à sa sauce et en lui donnant un fameux coup de jeune. Parce que l’auteur français, qui avait déjà démontré sa capacité à moderniser des personnages mythiques dans « La Jeunesse de Mickey », est parvenu à raconter une histoire qui tient schtroumpfement la route, tout en y insufflant des dialogues pleins de second degré et des clins d’oeil à d’autres séries. Parce que c’est un album dans lequel on sourit à toutes les pages.
A qui ça plaira: A tous ceux qui ont gardé une âme d’enfant.
2. Gone with the wind (Pierre Alary – D’après le roman de Margaret Mitchell – Editions Rue de Sèvres)
De quoi ça parle: En avril 1861, alors que la guerre de Sécession est sur le point d’éclater, les riches familles bourgeoises d’Atlanta profitent des derniers jours de leur vie confortable. Notamment la jeune Scarlett O’Hara, qui mène une vie de princesse dans sa luxueuse propriété familiale de Tara, située au milieu d’une grande plantation de coton. Scarlett n’a encore que seize ans, mais elle a déjà un caractère bien trempé, et prend un malin plaisir à faire tourner en bourrique ses nombreux prétendants. En réalité, elle est secrètement amoureuse d’Ashley Wilkes, un jeune homme de bonne famille. Quand Scarlett apprend que celui-ci est sur le point de se marier avec une autre, elle joue son va-tout et déclare enfin sa flamme à Ashley. Mais celui-ci n’a pas la réaction espérée et fait comprendre à Scarlett qu’il ne changera pas d’avis, même s’il éprouve des sentiments pour elle. Folle de rage, la demoiselle se met alors dans tous ses états et fait une terrible scène. Une fois Ashley parti, elle s’empare d’un bibelot et le jette furieusement contre le mur. C’est alors qu’un homme surgit du fauteuil où il était affalé, en se montrant très amusé par la situation. Son nom? Rhett Butler.
Pourquoi c’est bien: Parce que grâce à cette BD, « Autant en emporte le vent » brille à nouveau de mille feux. Parce que c’est la toute première adaptation du roman de Margaret Mitchell en bande dessinée, plus de 80 ans après la sortie du livre en 1936 et du film en 1939. Parce que Pierre Alary a un vrai don pour adapter des romans en bande dessinée, lui qui avait déjà signé les adaptations très réussies de « Mon traître » et « Retour à Killybegs », deux livres de Sorj Chalandon. Parce que cette version BD se concentre avant tout sur Scarlett et Rhett, deux personnages magnifiques, à la fois attachants et détestables. Parce que c’est une adaptation graphique pleine de souffle.
A qui ça plaira: Aux amateurs de sagas historiques.
3. Adieu Birkenau (Ginette Kolinka – Jean-David Morvan – Victor Matet – Efa – Cesc – Editions Albin Michel)
De quoi ça parle: Ginette Kolinka, 98 ans, est une survivante du camp d’Auschwitz-Birkenau. Elle ne ménage ni ses heures ni son énergie pour rencontrer des jeunes à travers toute la France, afin de s’assurer qu’on n’oublie pas la Shoah. Pourtant, Ginette Kolinka a mis 50 ans avant de briser le silence. Pendant des dizaines d’années, elle a tu ce qui lui était arrivé. Même son propre fils Richard, le batteur du groupe Téléphone, a mis très longtemps avant de comprendre l’origine de ce mystérieux numéro tatoué sur le bras de sa mère. En réalité, c’est seulement dans les années 90 que les souvenirs enfouis de Ginette Kolinka ont refait surface, lorsque la fondation de Steven Spielberg est venue l’interroger dans le cadre d’un documentaire. Depuis lors, elle n’a cessé de témoigner. Pas seulement sur son passage par les camps de la mort, mais aussi sur les années qui ont précédé, durant lesquelles cette jeune femme pleine de joie de vivre a progressivement basculé de l’insouciance à l’horreur.
Pourquoi c’est bien: Parce que « Adieu Birkenau » est une bande dessinée très forte, qui mélange habilement le passé et le présent. Parce que c’est un récit qui raconte à la fois le premier voyage de Ginette Kolinka à Auschwitz-Birkenau, en 1944, et le dernier voyage qu’elle y a effectué, en octobre 2020, avec un groupe d’écoliers. Parce qu’en lisant « Adieu Birkenau », on a vraiment l’impression d’être l’un des jeunes à qui Ginette raconte son histoire. Parce qu’on entend presque sa voix. Parce que c’est un témoignage réellement bouleversant, dans lequel les ombres du passé continuent à entourer Ginette, même plus de 75 ans après les faits. Parce que c’est une BD indispensable.
A qui ça plaira: A ceux qui veulent continuer à dire « plus jamais ça ».
4. Environnement toxique (Kate Beaton – Editions Casterman)
De quoi ça parle: Kate est une jeune Canadienne qui vient de finir ses études dans le domaine des sciences humaines. Pour rembourser son prêt étudiant, dont le montant est très élevé, elle doit gagner de l’argent rapidement. Elle décide donc de quitter sa Nouvelle-Ecosse natale pour partir travailler à des milliers de kilomètres de chez elle. Plus précisément, elle se rend dans l’état d’Alberta, là où l’on extrait le pétrole des sables bitumineux. Une fois là-bas, elle découvre une vie rude et une ambiance lourde. Kate va devoir trouver sa place dans un univers particulier et souvent malsain, peuplé quasiment exclusivement d’hommes. Un monde marqué par l’isolement et la solitude, mais aussi par le harcèlement quotidien et le sexisme de nombreux collègues masculins.
Pourquoi c’est bien: Parce que c’est un récit autobiographique. Parce que cette BD aborde un sujet méconnu, à mille lieues de l’image parfois idyllique que l’on peut avoir du Canada. Parce que le titre « Environnement toxique » a un double sens, et fait référence à la fois aux dégâts humains et à l’impact environnemental de cette activité pétrolière. Parce que le dessin est simple mais efficace. Parce que Kate Beaton parvient à aborder le sujet complexe du sexisme ordinaire en milieu industriel avec beaucoup de finesse, sans tomber dans la dénonciation manichéenne.
A qui ça plaira: Aux férus des questions de société.
5. Je suis leur silence (Jordi Lafebre – Editions Dargaud)
De quoi ça parle: Eva est une jeune psychiatre barcelonaise. Aussi brillante qu’excentrique, elle semble avoir un don pour s’attirer des ennuis. D’ailleurs, on lui a provisoirement retiré sa licence professionnelle. Pour la récupérer, Eva est obligée de se rendre elle-même chez un psychiatre, afin que celui-ci puisse évaluer sa santé mentale. Lors d’une consultation, Eva raconte la semaine complètement dingue qu’elle vient de vivre. Tout commence lorsque Pénélope, une de ses patientes, invite Eva au domaine des Monturos, une famille richissime qui produit un cava très prisé depuis des générations. Une fois là-bas, Eva se fait rapidement remarquer, comme toujours, mais surtout, elle se retrouve confrontée à des lourds secrets de famille et même à un meurtre. En tant que dernière personne à avoir vu la victime avant sa mort, elle fait d’ailleurs partie des principales personnes suspectées par la police. Trouvant ça plutôt amusant, l’intrépide psychiatre décide alors de mener sa propre enquête pour tenter de prouver son innocence. Pour y parvenir, elle peut compter sur l’aide des trois fantômes qui l’accompagnent partout: sa grand-mère et ses deux grand-tantes…
Pourquoi c’est bien: Parce que « Je suis leur silence » est un polar très bien ficelé. Parce que c’est un roman graphique lumineux et rythmé, au ton résolument moderne. Parce que c’est un récit plein d’humour, peuplé de personnages expressifs et hauts en couleurs. Parce qu’Eva, aussi fantasque qu’incontrôlable, est un personnage principal particulièrement réussi. Parce que « Je suis leur silence » se déroule au sein d’une riche famille dysfonctionnelle. Parce que le fait que l’enquête se déroule dans le monde du cava apporte un vrai plus. Parce que Barcelone, la ville natale de l’auteur Jordi Lafebre, constitue un personnage à part entière de cette bande dessinée.
A qui ça plaira: A ceux qui aiment Barcelone, le cava et les polars.
6. La Bête – Tome 2 (Zidrou – Frank Pé – Editions Dupuis)
De quoi ça parle: Dans la Belgique de l’après-guerre, un étrange animal jaune à pois noirs et à la queue démesurée s’échappe d’un cargo à Anvers. Cet être fabuleux, que l’on n’appelle pas encore le Marsupilami, trouve refuge chez François, un gamin qui adore les animaux. Hélas, leur bonheur est de courte durée, car la bête est capturée par la fourrière. Mais il en faut plus pour arrêter François, qui est bien décidé à libérer son nouvel ami. Aidé par ses camarades (et par son instituteur Monsieur Boniface, qui a des faux airs d’André Franquin), il lance l’opération « Libérez Lange Staart ». C’est le début d’une course-poursuite spectaculaire dans les rues de Bruxelles, car l’animal sauvage venu de Palombie est également convoité par le professeur Sneutvelmans, un expert en cryptozoologie qui est persuadé que la révélation de cette créature fabuleuse va enfin lui assurer la renommée et la gloire qu’il mérite.
Pourquoi c’est bien: Parce que cette deuxième partie de l’hommage de Frank Pé et Zidrou au Marsupilami est encore plus réussie que la première. Parce que « La Bête » raconte l’amitié extraordinaire qui peut unir un enfant à un animal. Parce que Zidrou reste un narrateur hors pair, et qu’il insuffle énormément de tendresse et d’amour dans son récit. Parce que les planches de Frank Pé sont d’une beauté irrésistible, avec des pleines pages qui nous en mettent plein les yeux. Parce que personne ne dessine Bruxelles aussi bien que lui. Parce que ce livre est aussi un objet magnifique.
A qui ça plaira: Aux amateurs de dessin et aux amoureux de Bruxelles.
7. Les illuminés (Laurent-Frédéric Bollée – Jean Dytar – Editions Delcourt)
De quoi ça parle: Tout le monde connaît l’histoire d’amour intense vécue par Verlaine et Rimbaud. Une passion intellectuelle et amoureuse qui se termine de manière dramatique en juillet 1873, lorsque Verlaine tire sur son amant à Bruxelles et se retrouve en prison. Ce que l’on sait moins, par contre, c’est qu’il y a un troisième larron qui a joué un rôle important dans leurs vies. Après avoir lu « Une saison en enfer », le peintre et poète Germain Nouveau est à ce point subjugué par le talent d’Arthur Rimbaud qu’il cherche à tout prix à se rapprocher de cet adolescent arrogant et taciturne. Au moment où Verlaine est emprisonné, c’est lui qui rassemble les textes que rédige alors Rimbaud, et qui deviendront plus tard « Les illuminations ». Arthur, lui, semble déjà ailleurs. Tandis que le poète maudit se détache petit à petit de l’écriture pour voguer vers des aventures exotiques, Germain Nouveau, bientôt rejoint par Verlaine, se retrouve avec le manuscrit des « Illuminations » sur les bras. Mais personne ne veut le publier…
Pourquoi c’est bien: Parce que c’est absolument passionnant de suivre les destins croisés de trois grands poètes français du dix-neuvième siècle. Parce que « Les illuminés » est une bande dessinée à la narration audacieuse, dans laquelle on suit en parallèle (et sur la même page) plusieurs histoires qui s’entremêlent et qui se distinguent par différents codes couleurs. Parce que malgré ce procédé narratif étonnant, le récit imaginé par Laurent-Frédéric Bollée se lit très facilement. Parce que « Les illuminés » est un livre passionnant sur la création littéraire et l’inspiration. Parce que les dessins de Jean Dytar, dont les graphismes s’inspirent des photos de l’époque, sont d’une grande beauté.
A qui ça plaira: Aux poètes dans l’âme.
8. Une nuit avec toi (Maran Hrachyan – Editions Glénat)
De quoi ça parle: Brune est une jeune Parisienne qui adore regarder des émissions sur des tueurs en série. Alors qu’elle décide de quitter une soirée un peu plus tôt que prévu pour rentrer chez elle, elle accepte sans arrière-pensées qu’Alex, un copain, la dépose en voiture. Elle ne se méfie pas puisqu’il n’habite pas loin et que c’est sur son chemin. Rien d’extraordinaire jusque-là. Mais quand le jeune homme devient insistant et ferme la porte de son appartement à clé derrière elle, Brune se retrouve prise au piège. Elle ne le sait pas encore, mais c’est le début d’une longue nuit d’angoisse et d’un engrenage macabre… surtout quand elle se retrouve avec un cadavre sur les bras!
Pourquoi c’est bien: Parce que l’ambiance de ce roman graphique est très réussie. Parce que les dessins au crayon, mais aussi les cadrages et les nombreuses scènes sans beaucoup de dialogues, nous plongent dans un thriller où l’on ressent en permanence une forme d’angoisse. Parce que le décor du quartier des Olympiades à Paris, avec ses hautes tours et ses parkings souterrains, participe aussi à cette ambiance. Parce que l’autrice arménienne Maran Hrachyan a imaginé sa BD comme une sorte de long cauchemar. Parce que c’est un polar féministe.
A qui ça plaira: Aux férus d’ambiances nocturnes.
9. Echecs (Victor L. Pinel – Editions Grand Angle)
De quoi ça parle: Et si la vie était une grande partie d’échecs? C’est la question que pose ce roman graphique choral. Le point de départ de ce récit se situe dans une maison de repos. Samir, un jeune plein d’enthousiasme, est chargé par la directrice de tenir compagnie à une vieille dame. Malgré toute sa bonne volonté, il s’avère rapidement que c’est quasiment une mission impossible parce que cette dame plutôt acariâtre ne veut ni sortir de sa chambre ni se faire des nouveaux amis. Après d’âpres négociations, elle accepte finalement d’apprendre à Samir à jouer aux échecs. Pendant que les deux joueurs s’apprivoisent petit à petit, toute une série d’autres personnages bougent sur le grand échiquier de la vie: Marion, la directrice de la maison de retraite, Mathieu, l’acteur vedette d’une série à succès, Renaud, un infirmier, Lys, une jeune chanteuse de rue… Chacun de ces personnages occupe une place sur le plateau de jeu (le fou, le roi, la reine, le cavalier), chaque pièce ayant ses propres conditions de déplacement, avec ses avantages et ses faiblesses.
Pourquoi c’est bien: Parce que c’est une histoire particulièrement bien construite, qui repose sur une stratégie digne des plus grands joueurs. Parce que toutes les pièces finissent par trouver leur place, même si on est un peu désarçonné au début. Parce que la principale force de cet épais roman graphique, c’est son côté universel. Parce que c’est un livre qui parle des relations humaines et amoureuses, en abordant des questions auxquelles nous sommes (ou serons) tous confrontés un jour ou l’autre: la fidélité, les mensonges, les relations à distance, le temps qui passe.
A qui ça plaira: Aux fans de films choraux (comme « Love Actually », par exemple).
10. La brute et le divin (Léonard Chemineau – Editions Rue de Sèvres)
De quoi ça parle: Alors qu’elle occupe un bon poste en tant qu’ingénieure, Eva décide un jour de tout plaquer pour redonner du sens à sa vie. Sans trop se retourner sur tout ce qu’elle abandonne à Paris, la jeune femme accepte un poste insolite qui lui est confié par le Conservatoire du Littoral. Sa mission: aller vivre pendant plusieurs mois sur une minuscule île perdue dans le Pacifique Sud, à plus de 4.000 kilomètres du premier continent, pour remettre en état une station météo. Accompagnée de sa chienne Puce, Eva y découvre avec émerveillement un milieu naturel merveilleux et précieux. Mais rapidement, les premières difficultés vont apparaître: elle a du mal avec les panneaux solaires, ses légumes ne poussent pas, et en plus, elle se blesse salement à la main. Elle croit être sauvée lorsqu’elle aperçoit un bateau au large, mais en réalité il s’agit d’une équipe venue prélever des minerais rares au fond de l’océan. Eva va alors tenter par tous les moyens d’empêcher ce désastre écologique.
Pourquoi c’est bien: Parce que c’est un album qui est clairement dans l’air du temps. Parce que la nature y est extrêmement bien représentée par Léonard Chemineau, dans des superbes planches réalisées avec des sublimes couleurs directes. Parce que c’est une version moderne et écologique de David contre Goliath. Parce que c’est une histoire avec de l’aventure, de l’action et de l’émotion, mais aussi une réelle réflexion. Parce que cette BD a été pensée pour avoir un impact minimum sur l’environnement, puisqu’elle est imprimée avec des encres végétales sur du papier recyclé.
A qui ça plaira: Aux amoureux de la nature.
11. Les indomptés (Blutch – Editions Lucky Comics)
De quoi ça parle: Pour une fois, Lucky Luke n’affronte pas des Indiens sanguinaires ou des bandits sans scrupules, comme il en a l’habitude, mais… des enfants. Par un concours de circonstances, le cow-boy solitaire se retrouve en effet à devoir s’occuper de Rose et Casper, deux gamins plutôt turbulents et imprévisibles, qui ne vont pas tarder à mettre ses nerfs à rude épreuve. Ce qui est amusant, c’est évidemment de retrouver Lucky Luke dans un rôle qui ne lui convient pas du tout. Il ne sait pas y faire avec les enfants. Il va même jusqu’à reconnaître qu’il ne les aime pas trop. Dans cet album, il essaie donc de se débarrasser de Rose et de Casper durant la majeure partie de l’histoire, sans jamais vraiment y arriver. Et comme dans le même temps, il doit composer avec un shérif pantouflard et des citadins qui le critiquent en permanence, cela amène Luke à vivre des heures assez agitées.
Pourquoi c’est bien: Parce qu’on sent dans cet album à quel point Blutch adore Lucky Luke, qui est un personnage qui occupe ses pensées depuis une cinquantaine d’années. Parce qu’il a veillé à respecter le rythme, les couleurs, le langage et les codes de l’univers de Morris et Goscinny, mais en insufflant à son histoire une dimension intime et personnelle. Parce que « Les indomptés » n’est pas seulement un hommage de Blutch à Lucky Luke, mais aussi à ses propres enfants. Parce que le personnage de Casper est particulièrement touchant, parce qu’il est inspiré par le fils autiste du dessinateur.
A qui ça plaira: A ceux qui aiment les revisites de séries mythiques.
12. Vague de froid (Jean Cremers – Editions Le Lombard)
De quoi ça parle: Depuis qu’il s’est séparé d’Amandine, Martin ne sait plus très bien où il en est. Ce grand gaillard à la barbe épaisse a coupé les ponts avec ses amis et ses parents et il ne répond pas aux appels de son ex-compagne, qui ne cesse d’essayer de le joindre. Déboussolé, Martin cherche un sens à sa vie. Pour tenter de retrouver le Nord, il prend la direction de la Norvège avec son petit frère Jules. Ils ont pour objectif de gravir le Preikestolen, cette falaise vertigineuse qui surplombe les eaux du Lysefjord à plus de 600 mètres de hauteur. Officiellement, Jules accompagne Martin en Norvège pour remplir son carnet de croquis et préparer son examen de repêchage dans une école d’art. Mais au fond de lui, Jules espère surtout que ce périple va enfin lui donner l’occasion de parler avec son grand frère, histoire de mieux comprendre ce qui le ronge de l’intérieur.
Pourquoi c’est bien: Parce que « Vague de froid » est la toute première bande dessinée publiée par Jean Cremers, un jeune dessinateur belge particulièrement prometteur. Parce que cette autofiction s’inspire d’un véritable voyage effectué par l’auteur avec son frère. Parce que la nature norvégienne, à la fois majestueuse et hostile par moments, est le décor idéal pour ce road-trip mouvementé. Parce que les forêts, les montagnes, les fjords et les conditions météo dantesques donnent à ce livre une atmosphère particulière, de plus en plus tendue au fil du récit.
A qui ça plaira: Aux frères qui veulent se retrouver.
Si vous n’avez pas trouvé votre bonheur dans cette sélection, voici quelques autres BD de 2023 qui valent elles aussi le détour: La femme à l’étoile (Anthony Pastor – Editions Casterman), Judee Sill (Jesus Alonso Iglesias – Juan Díaz Canales – Editions Dupuis), La petite lumière (Grégory Panaccione – D’après le roman d’Antonio Moresco – Editions Delcourt), Ne lâche pas ma main (Didier Cassegrain – Fred Duval – Michel Bussi – Editions Dupuis), Le seul endroit (Séverine Vidal – Marion Cluzel – Editions Glénat), Maltempo (Alfred – Editions Delcourt), Les Piliers de la Terre (Didier Alcante – Steven Dupré – D’après Ken Follett – Editions Glénat & Robert Laffont), La vie secrète des arbres (Fred Bernard – Benjamin Flao – D’après Peter Wohlleben – Editions Les Arènes), L’ombre des Lumières (Alain Ayroles – Richard Guérineau – Editions Delcourt), Le retour de Lagaffe (Delaf – Editions Dupuis).