Après l’échec de la conjuration du Solstice, Amalia Van Esqwill et Yonas Russmor ont fui Dehaven et trouvé refuge dans les ruines de la tour de Garde. Aidés d’autres fugitifs, ils tâchent d’en faire un havre de paix pour tous ceux que la répression ou la guerre chassent de chez eux. Pour autant, la jeune femme n’oublie pas que le héraut des tréfonds menace encore. Mais comment parviendra-t-elle à l’arrêter ? Malgré toute son éducation, elle ne connaît ni l’usage des armes ni l’art de la magie…
Pourquoi ce livre ? Après avoir dévoré les cinq précédents tomes, il était temps de finir cette saga qui s’est creusée une sacrée place dans la fantasy francophone actuelle. Attention, je ne conseille pas de lire cette chronique sans avoir lu les autres tomes de Capitale du Nord.
Autant le dire tout de go, je fus bien moins emballée par ce dernier opus, pour des raisons qui, je le pense, me sont propres.
La nécessité de suivre deux intrigues, deux protagonistes, en parallèle oblige, l’autrice fut contrainte de reprendre Amalia là où on l'a laissée, nouvelle tête sur l'île de la Tour de garde, isolée dans son abri de fortune. Ce bout d'intrigue, qui va s'étendre sur une bonne centaine de pages, retrace bon nombres d'échanges et d'actions que l’on connaît par les yeux de Nox. L'effet de redite, agrémentée heureusement de quelques événements nouveaux, m’a tout de même empêchée d’entrer entièrement dans ma lecture. J’ai donc attrapé le roman, l’ai reposé quelques jours, et cela deux fois de suite, jusqu'à finalement dépasser ce stade de répétition pour aller vers une intrigue indépendante.
Je fus à la fois surprise et soulagée de réentendre parler de la mère d’Amalia. Qu'on se le remette en tête, Aliss van Esqwill avait disparu au cours du premier volume afin d’entamer des échanges diplomatiques entre Gemina et Dehaven, dans l’espoir d'apaiser les tensions et repartir sur une ère plus sereine. Disparue au cours de sa mission, nous ne savions pas ce qu’elle était devenue… et la revoilà ici, pratiquement à la tête de cette fameuse armée de fantoches. Place à l’émotion ! Ou pas… et c’est là tout le défaut de ce dernier tome. Je n'ai absolument rien ressenti, si ce n’est une curiosité pour le fin mot de cette histoire. Amalia se découvre enfin de cet opus et se définit elle-même comme une personne qui n'éprouve pas de sentiments, ou alors qui les cache tout au fond d’elle. De fait, elle n’exprime pas grand-chose et c’est très complexe de savoir ce qu’elle pense ou d’anticiper une réaction, puisqu'elle se veut constamment en marge de la communauté.
Malgré cette absence d'empathie envers le personnage et ce qu’elle vit, à cause de ce personnage, j’ai tout de même été happée par les enchaînements, traités toujours avec douceur. Cela change du tout au tout avec le final explosif de Capitale du Sud. Et c’est pour cela que cette autre trilogie aura toujours ma préférence, par la chaleur qu'elle dégage et le mouvement que l’auteur a créé. À l’opposé, Claire Duvivier a su créer une atmosphère froide et clinique à Dehaven, le décor parfait pour Amalia.
La fin est donc très douce… Je dois aussi reconnaître que je n'ai pas compris les derniers échanges entre Amalia et Ebelin, comme si une forme de pardon pouvait naître entre ces deux-là. Après tout ce qu’ils ont vécu, la profondeur de leur inimitié, envisager une amorce de réconciliation tient selon moi de l’ordre de l'impossible. Mais soit, cet échange peut être un signe d’espoir pour un avenir doux.
J’ai une petite pensée pour Yonas, personnage que j’adore et qui est malheureusement trop discret à mon goût. J’ai toutefois conscience qu'étant donné son rôle et les épreuves traversées, il ne pouvait pas en être autrement. Sabatha est également plus discrète, tout en gardant son tempérament de feu. Elle forme un sacré duo avec Yonas, ils me manqueront.
Oui, ce dernier tome est une déception et oui, l'héroïne peut paraître fadasse. J’ai néanmoins adoré cette lecture, parce que tout est définit dans la narration, tout a une raison d'être, et l’ensemble est bien ficelé. Je regrette simplement un début longuet, un peu redondant avec son pendant du Sud, et une jeune femme qui ne permet pas de faire surgir l'émotion. Il n'empêche que cet univers, ses personnages, ses enjeux politique, sa magie, me manqueront énormément.
15/20
Les autres titres de la saga :
1. Citadins de demain
2. Mort aux geais !
3. L'Armée fantoche
- saga terminée -