Quand le docteur MacKinderick, psychanalyste, et ami de Sughrue vient le solliciter parce qu’on a dérobé dans l’ordinateur de son cabinet les données confidentielles de ses patients, notre détective commence par renâcler puis accepte le job bien payé. Mauvaise idée ! Son enquête à peine entamée, des suspects sont assassinés sous les yeux incrédules de Sughrue qui pourtant en a vu d’autres… et ceux du lecteur qui ne va pas lâcher ce bouquin d’une semelle avant la fin, car bientôt c’est MacKinderick qui disparaît !
Une fois encore je ne vais pas m’étendre sur l’intrigue, premièrement parce que c’est un polar et que je ne peux vous en gâcher la lecture mais surtout, parce qu’elle est trop compliquée, tentaculaire avec un paquet de personnages qui entrent et sortent, parfois les deux pieds devant, disons simplement que son « ami » Mac ne lui a pas tout dit au départ et qu’il est question d’une escroquerie, fraude à l’assurance maladie. Voilà.
Pourquoi lire ce polar me demanderez-vous ? Il est très bien écrit, le récit est dense, très détaillé, l’écrivain semble parfaitement bien savoir de quoi il parle (alcools et les verres n’ont jamais le temps d’être vides, armes à feu, véhicules, paysages…), la lecture en est rendue agréable et même quand on se perd (moi, en tout cas) dans ce nœud d’évènements, on se laisse bercer par le rythme mid-tempo de l’histoire, qui soudain de place en place, laisse éclater une bulle de folie douce, scènes de crimes croquignolets ou de (rares) sexe saugrenu ! Scènes qui en vérité font plus rire qu’autre chose et nous ramènent à ce genre très américain du « Pulp fiction » qui atteint son apothéose dans la séquence finale en Ecosse, après nous avoir trimballés du Nord au Sud des Etats-Unis !
Un polar classique dans ses grandes lignes, complexe dans son intrigue, avec des rebondissements bien barjots ici et là. J’adore.
« Peut-être que l’amitié entre les hommes est aussi inexplicable que l’amour. Quoi qu’il en soit, Mac et moi étions amis. De bons amis, qui dépendions de cette amitié plus que ni lui ni moi n’étions prêts à l’admettre. Nous étions tous les deux confrontés aux secrets de vies abîmées, mais nous ne pouvions jamais en parler. Nos liens étaient silencieux, et en étaient peut-être d’autant plus forts. »
Traduit de l’américain par Jacques Mailhos
Illustrations de Hugues Micol