Chaleur humaine - Serge Joncour
Albin MichelParution : 23 août 2023Pages : 352
EAN : 9782226478344
Prix : 21.90 €
Présentation de l'éditeur
Ceci est un roman total.
Entrelaçant l’histoire du monde et une histoire de famille, il embrasse notre présent et nos fautes passées.
En quelques semaines, du début du mois de janvier 2020 à la fin du mois de mars, le quotidien d’une famille française va basculer en même temps que l’humanité.
Fuyant le confinement urbain, Vanessa, Caroline et Agathe se réfugient aux Bertranges, une ferme du Lot entre les collines et la rivière, où leurs parents vivent toujours. Les trois sœurs y retrouvent Alexandre, ce frère si rassurant avec qui elles sont pourtant en froid depuis quinze ans, ainsi que des animaux qui vont resserrer les liens du clan.
Tandis que, du dérèglement climatique aux règlements de compte, des épidémies aux amours retrouvées, la nature reprend ses droits, ces hommes et ces femmes vont vivre un huis clos d’une rare intensité.
Avec Chaleur humaine, Serge Joncour nous tend un miroir vertigineux et, ce faisant, il ajoute une pierre essentielle à son œuvre.
L'auteur
Nationalité : France
Né(e) le : 28/11/1961
Biographie :
Comme l'écrit son premier éditeur, Le Dilettante :
"Il est né un jour de grève générale. On lui en a longtemps fait le reproche. Depuis, il continue sur sa lancée. Très tôt il est allé à l’école, puis par la suite, il en est sorti. Il a passé son enfance entre Paris, la Nièvre, l'Eure et loir et le Valais suisse. Il a commencé des études de philosophie alors qu’il voulait faire nageur de combat, mais il s'en est sorti autrement, faute de temps."
Avant de devenir écrivain, il a exercé de nombreux métiers dont maître-nageur et publicitaire.
Il publie son premier roman, "Vu", en 1998 au Dilettante qui a obtenu le Prix France Télévisions en 2003.
En l'an 2005, il a reçu le Prix de l'Humour Noir Xavier Forneret pour son livre "L'Idole".
Il a écrit le scénario du film "Elle s'appelait Sarah", d'après le roman éponyme de Tatiana de Rosnay, avec Kristin Scott Thomas.
Il est enfin, avec Jacques Jouet, Hervé Le Tellier, Gérard Mordillat et bien d'autres artistes et écrivains, l’un des protagonistes de l'émission de radio Des Papous dans la tête de France Culture.
Il publie chez Flammarion "Que la paix soit avec vous" en 2006, "Combien de fois je t'aime" en 2008, "L'homme qui ne savait pas dire non" en 2009, "L'Amour sans le faire" en 2012.
Son roman "U.V.", publié au Dilettante, a été adapté au cinéma en 2007 par Gilles Paquet-Brenner. En 2012, "L'idole" est adapté au cinéma par Xavier Giannoli sous le titre "Superstar" avec Kad Mérad et Cécile de France. Il s'agit de l'histoire d'un homme qui devient célèbre sans savoir pourquoi. Le film, est présenté en compétition officielle à la Mostra de Venise 2012.
"L'écrivain national", sorti pour la rentrée littéraire 2014, est finaliste du Renaudot.
En 2016, il remporte le prix Interallié pour "Repose-toi sur moi".
Source : Babelio
Mon avis
'Chaleur Humaine' se passe dans le Lot, dans la ferme des Bertanges. Alexandre, 57 ans, a repris la ferme familiale et élève ses animaux et cultive la terre de manière respectueuse. Il est resté loyal à sa terre et à ses parents qui vivent dans la maison d'en bas, pas très loin. Il les retrouve chaque jour. Il a une relation avec Constanze qui vit dans la réserve écologique et qui comme lui aime et admire cette nature et milite pour la protéger.
Cela fait un moment que ses soeurs ont quitté la ferme pour la ville, elles sont trois comme les éoliennes baptisées de leurs prénoms ; Caroline , Agathe et Vanessa et vivent à Toulouse, Rodez ou Paris. Elles n'ont plus parlé à leur frère depuis 20 ans lorsqu'elles ont vendu des terres pour la création de l'autoroute et ces fichues éoliennes.
Serge Joncour a utilisé la crise sanitaire et la covid de 2020 comme catalyseur pour réunir la famille car il ne s'agit pas d'un livre sur le confinement , non celui-ci est juste le prétexte pour rassembler une famille désunie.
Peu à peu les choses se compliquent, rester confiné en ville ou partir à la campagne ? Tous finiront par se retrouver aux Bertanges chez Alexandre. Comme avant ? peut-être pas, tous ensemble, réapprendre, se pardonner peut-être.
Serge Joncour fait bien entendu des liens entre la nature et les conséquences de l'activité de l'homme sur celle-ci. Il dresse des constats, met en avant des soucis écologiques et les conséquences du déréglement climatique. Il nous décrit cette nature de façon magnifique comme à chaque fois, sans nous donner de leçon, on ressent son attachement profond à la terre, son amour et son bon sens dans les actes à entreprendre pour sa sauvegarde mais avant tout il décortique les relations humaines et apporte un regard empreint d'humanité.
J'ai toujours énormément de plaisir de retrouver la plume fluide, vraie, humaine et sensible de Serge Joncour.
J'ai passé un agréable moment de lecture.
Ma note : 8.5/10
Les jolies phrases
Il en va des familles comme de l’amour, d’abord on s’aime, puis un jour on n’a plus rien à se dire, signe qu’on doit changer profondément.
De la même façon qu'on ne voit pas ses enfants grandir, demeurer auprès de ses parents au quotidien empêche de les sentir vieillir, sinon par à-coups.
Alexandre fuyait tout conflit, sachant que la colère est un terreau à regrets.
Envisager la famille comme un cheptel qu’il fallait protéger, c’était bien de ça qu’il s’agissait, sécuriser le troupeau, et pas seulement ici, partout dans le monde.
Ce confinement, Alexandre ne le ressentait en rien, mais il imaginait à quel point ça devait tout perturber en ville. Cela coïncidait avec l’arrivée des beaux jours, cette période où l’on se réconcilie avec l’extérieur. Obliger quelque mammifère que ce soit à se calfeutrer et à hiberner au moment où l’hiver prend fin, c’est aller contre le cycle naturel des choses.
Tout partait de ce constat: les arbres sont sur terre depuis mille fois plus longtemps que les humains, et pourtant ils commencent tous à souffrir des activités des hommes, bien plus que les humains eux-mêmes. Après deux vagues de chaleur en deux ans, et deux sécheresses cataloguées en catastrophe naturelle, toutes les essences manquaient d’eau. Les bonnes pluies de l’année précédente n’avaient rien réparé, les arbres s’épuisaient à s’hydrater et leurs défenses immunitaires étaient au plus bas, dès lors la moindre attaque de parasites les menaçait, surtout que ces parasites profitaient pleinement du réchauffement climatique et de la mondialisation pour proliférer. Le cercle vicieux était amorcé.
C'est bien sur le même ton affolé que Constanze lui certifia que cette nouvelle pandémie était un signe. Cette fois, entre la nature et l'humanité, les hostilités étaient déclarées, cette fois la nature s'attaquait aux humains et elle n'en finirait plus désormais de nous déborder, parce que en plus des nouveaux agents infectieux, il faudrait se confronter à la montée des océans, aux vagues de chaleur et surtout au manque d'eau douce qui soulignerait le triomphe des eaux salées. Le feu et le sel, ces périls ultimes, signeraient la mort de toute vie.
Le changement climatique était une tempête invisible, sournoise.
- D'accord, mais nous confiner, nous enfermer, nous tester comme des bovins, enfin, les hommes c'est pas des animaux, bordel !
- Pourtant t'arrêtes pas de dire que les français sont des moutons.
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