Dès 1850, les jeunes amérindiens étaient internés de force dans des pensionnats catholiques pour les assimiler à la nation américaine. En 1900, la population des natifs en Amérique du Nord avait diminué de 93%. La plupart étaient morts de nouvelles maladies importées par les colons, d'exterminations subventionnés par l'état, et lors des déportations. Georges est un jeune Lakota élevé par le pasteur qui administre sa réserve. Acculturé, le jeune garçon oublie peu à peu ses racines et rêve d'un futur inspiré du modèle américain, en pleine expansion. Il va croiser la route de Little Knife, amérindien froid et violent à la recherche du meurtrier de sa mère. Accompagné de ses deux comparses, celui-ci arrache Georges à sa vie et l'embarque dans son périple. Au fil de leur voyage, l'homme et le garçon vont s'ouvrir l'un à l'autre et trouver ce qui leur est essentiel : l'apaisement de la colère par la transmission de sa culture pour l'un et la découverte de son identité et de ses origines pour l'autre.
Pourquoi ce livre ? La couverture avait attiré mon attention sans pour autant que je craque pour un achat. C'est finalement sa nomination au prix Livraddict dans la catégorie BD qui m’a décidée à le lire (d'autant plus que Mister l’avait acheté pour l’offrir à son père).
Hoka hey!, c’est une lecture coup de poing qui ne m’a pas laissée indemne. Je pleure facilement, ça je le reconnais sans honte, mais je ne m’attendais pas à être prise dans un tel tourbillon d'émotions. On commence par découvrir le personnage central, Georges, jeune Lakota élevé dans une réserve par un homme de foi depuis toujours. Il n’a rien d’un indien, si ce n’est son physique. Dans des circonstances tragiques, il va faire la connaissance d’un trio, une bande dirigée par Little knight, un indien en quête de vengeance personnelle. Entouré de No Moon, une indienne rejetée par les siens, et Sully, un Irlandais expatrié, l'intrigue suivra une rivière de sang jusqu'à remonter à la source, poisseuse et déstabilisante.
On s’attache. À un point comme jamais il ne m’est arrivé de m'attacher pour des personnages dans une bande dessinée (le format court me rend moins sensible). Chacun à sa manière va nous relater son histoire, ses aspirations, ses souffrances. C’est si douloureux, si plein d’humanité…
L’Histoire avec un grand H est également au coeur l’intrigue, exposant un génocide majeur en Amérique. On perçoit toute la colère, toute l’injustice, ça m’a frappée en plein cœur. J’imagine que c’est ce qui rend la seconde moitié du roman déchirant, de bien des façons.
L'évolution du petit George, ou de Little Red Bird, est intéressante mais j’ai davantage préfère Little knight, par sa maturité et son immaturité mêlées, et No Moon, pour tout le poids du passé qu’elle porte pudiquement en elle. J'ai pleuré pour eux. À l’inverse, l’Irlandais offre un parfait équilibre pour son humour discret et sa présence plus légère.
Les dessins sont magnifiques, donnant une âme aux personnages, créant une ambiance parfaite. Si les traits sont moins abstraits, les couleurs m’ont rappelé les œuvres de Mathieu Bablet (qui semble d’ailleurs avoir conseillé cet auteur illustrateur). Il était donc certain que j’adorerais cette lecture et ça n’a pas manqué !
Une lecture qui marquera longuement ma mémoire. Je pense d’ailleurs l'acheter pour moi-même, afin de la relire encore et encore dès que je le souhaiterai. C’est un récit retentissant sur une histoire de génocide. Mais cela va au-delà de ça, c’est une histoire de souffrance intime et de quête d’identité, le tout dans une ambiance de far west moderne. La course poursuite n’est qu’un prétexte pour traiter un sujet sensible dans l’histoire des Amériques. La fin est bouleversante à plusieurs reprises et pourtant j’ai refermé l'ouvrage avec un fin sourire. Il est temps de tourner la page. HOKA HEY!
20/20