Il suffit parfois d’un astre trop brillant, d’un deuil ou d’une catastrophe naturelle pour que des forces oubliées surgissent des tréfonds du ciel ou de la terre. Alors l’âme humaine s’embrase et dévaste ce qui l’entoure. Des sortilèges vengeurs rugissent. Un ogre nait, une passion devient criminelle. De vieux êtres calcinés s’en reviennent rôder autour des vivants. La Reine Maroué, le sage Peyr Romo : les mages et les sorcières arpentent la frontière ténue qui sépare l’humain du monstre et du dieu. À travers eux, Stefan Platteau revisite le mythe de Cronos, évoque les débuts de la guerre civile et remue, à coup d’inondations, les ombres enfouies au plus trouble des communautés humaines.
Pourquoi ce livre ? Je suis une fan inconditionnelle de cet auteur. Si j’ai lu tous les romans des Sentiers des Astres dans leur format poche, je n’ai pas su résister à l’appel de textes inédits lors d’une séance de dédicaces. Cela fait tache dans ma bibliothèque, mais je suis tellement heureuse d’avoir pu le lire sans attendre plusieurs mois voire années.
Les Embrasés est un recueil composé de trois textes dont deux inédits. On commence par une nouvelle avec Mille et une torches, puis par la novella Dévoreur, déjà parue précédemment et dans lequel on découvre le personnage de Peyr Romo, puis on finit par un roman avec Les Eaux de sous le monde, où on retrouve le mage Peyr.
J’ai donc entamé ma lecture par la nouvelle Mille et une torches, qui se veut un prologue à la saga des Sentiers des Astres. Je n’en attendais rien de particulier. J’ai passé un excellent moment à en apprendre plus sur la genèse de ce conflit, dans ce face à face entre un roi gourmand et une noble puissante. L’auteur a pris parti de donner voix au peuple, ce que j’ai adoré, et à un intendant. La position du lecteur est ainsi alternée : d’un côté on prend corps dans ce vent de révolte, de l’autre côté le voyeurisme nous donne les clefs de cet instant majeur de l’Histoire. Ce n’est pas nécessaire pour comprendre le reste de la saga, pour autant j’ai été ravie de côtoyer, pour quelques instants, la fameuse Maroué.
En tant que lectrice bien occupée, je reconnais ne pas avoir pris le temps de relire Dévoreur - alors que j’en garde un excellent souvenir ! Je vous renvoie donc vers ma chronique et vous recommande dans tous les cas de découvrir cet excellent texte !
Enfin, j’ai dévoré avec un plaisir non coupable le roman inédit de ce recueil. Les Eaux de sous le monde est un titre intrigant, pas évident à prononcer, mais empreint d’une certaine poésie. J’étais certaine de retrouver la magie de l’univers et les mots si doux de l’auteur, je ne fus pas déçue. Dans une ambiance monasteriale digne d’un Le Nom de la Rose, on suit une enquête sur l’apparition mystérieuse et horripilante d’un animal porteur d’une voix… spéciale. L'enquête est très posée, aborde davantage la vie et les inimitiés des sœurs. Le rythme s'accélère un peu sur la fin et je n’ai fait qu’une bouchée de la résolution de l'énigme, satisfaite du traitement fait par l’auteur.
J’ai retrouvé avec plaisir la magie des mots. Stefan Platteau a une force si singulière dans ses mots, je suis embarquée dès les premières lignes et c’est difficile derrière de lâcher le bouquin (et de passer à autre chose, qui n’aura forcément pas la même saveur).
Ce n’est certes qu’un recueil de trois textes, dont deux inédits seulement, ça ne pouvait donc pas être à la hauteur des romans… Et pourtant ce fut le cas, après une présence des personnages, une orchestration magistrale du scénario, de l’émotion et des tensions. On rencontre des personnages qui ne sont qu’évoqués dans la série, on approfondit les croyances de chacun… Non vraiment, ce n’est pas indispensable pour comprendre ce fameux Sentier des Astres, mais ce serait bête de s’en priver !
19/20
Les autres titres de la saga :
Hors série 1. Dévoreur
Hors série 2. Le Roi Cornu
Hors série 3. Les Embrasés
1. Manesh
2. Shakti
3. Meijo
4. Jaunes Yeux
- saga en cours -