Noir toscan (Anna Luisa Pignatelli)

Noir toscan (Anna Luisa Pignatelli)

Ah la Toscane, ses parfums et ses paysages lumineux qui incitent à la dolce vita… Et bien, oubliez cette carte postale, car avec Anna Luisa Pignatelli, c’est un plongeon dans la noirceur de l’âme humaine que le roman garantit. Le héros de cette sombre histoire porte bien mal son nom, Noir, car s’il y a bien un seul être capable d’irradier de la bonté et de la chaleur, c’est lui. Autour de lui, une nature âpre, délivrée de la présence humaine, ce bout de terre désolée que le jeunes fuient pour les mirages de la ville. Dans ce désert d’Accona, ne restent que deux catégories d’êtres humains, les solitaires, un brin misanthropes, quelque peu exclus, en quête d’un peu d’amitié et de solidarité, et les autres, les sauvages, dont la vie est si rude, si archaïque, qu’ils semblent n’avoir d’autres choix que de libérer leurs bas instincts. Et devinez qui trinque ? La nature. Les animaux, les arbres.

Alors, je le dis sans détour, ce fut une lecture fort déprimante. Si le texte est beau, le personnage de Noir si digne de compassion, le roman est aussi un constat plus qu’amer sur la cruauté de nature humaine. On se jalouse pour un morceau de terre, on met à l’écart « l’étranger » (en résumé, celui qui habite à plus de 10 km de ton patelin !), et puis surtout, on tue. On massacre, on piège, on mutile, tout ce qui porte plumes ou poils;
Imaginez l’atmosphère quand une louve en quête de territoire débarque dans cette contrée inhospitalière !
Pour Noir, du côté du faible, du papillon, du lièvre et des oliviers, le combat est perdu d’avance. Et cela, on le devine déjà au tiers du récit. Ce n’est pas tant la conclusion tragique qui est importante que la peinture glaçante d’une communauté d’hommes se vautrant dans la bassesse, la haine, et la violence, repliée sur elle-même. Bref, ce genre de voisinage qui empoisonne la vie des gens simples et bons, qui aspirent à une vie en harmonie avec la nature. C’est en tout cas le pari réussi de l’auteure, celui d’avoir donné envie de protéger cette nature parfois si fragile, et sans laquelle, comme je le répète à l’envi, nous ne serions absolument rien.

éé