Arturo Pérez-Reverte, né en 1951, est un écrivain, scénariste espagnol et ancien correspondant de guerre. Diplômé en sciences politiques et en journalisme, il est correspondant de guerre durant une vingtaine d'années (1973-1994), de Chypre au Liban, en passant par les Malouines, d'abord pour le quotidien Pueblo (pendant douze ans), puis pour la télévision espagnole (TVE) pendant neuf ans. Depuis 1986 il se consacre exclusivement à la littérature. Le Club Dumas ou L'Ombre de Richelieu date de 1993 et a été adapté très librement au cinéma en 1999, sous le titre La Neuvième Porte par Roman Polanski, avec Johnny Depp.
Lucas Corso, notre héros, est un chasseur de livres, amateur de gin, parcourant l’Europe pour dénicher des éditions rares demandées par les libraires. A ce titre, son ami libraire Flavio La Ponte lui demande de prouver l'authenticité du manuscrit du Vin d'Anjou, le chapitre 42 des Trois Mousquetaires d'Alexandre Dumas, appartenant à l’éditeur Enrique Taillefer, qui vient d'être retrouvé suicidé (?). En parallèle, un autre libraire, Varo Borja, veut savoir si son exemplaire des Neufs Portes du Royaume des Ombres, manuel de démonologie et de goétie, est bien le seul publié par un imprimeur vénitien en 1666 car deux autres exemplaires sont répertoriés mais seul celui-ci détiendrait le pouvoir d’entrer en relation avec le Diable. L’enquête prend vite un tour dramatique quand Corso échappe à des attentats et est suivi par un homme balafré ressemblant au comte de Rochefort, tandis qu’une jeune étudiante se faisant appeler Irène Adler (!) semble veiller sur lui... Et quel est le lien mystérieux entre ces deux livres ?
Un roman particulièrement dense et cultivé. L’écrivain connait son Dumas sur le bout des doigts, l’intrigue du roman suit en parallèle, ou plutôt en écho, les aventures des mousquetaires, des extraits pointus du livre servant l’évolution du roman de l’Espagnol et parmi ses acteurs nous retrouvons une Milady sous les traits de la veuve Taillefer et un Rochefort derrière le visage balafré du sicaire qui espionne Corso. Cet aspect du bouquin est un vrai régal.
L’autre piste suivie par Corso concernant le livre diabolique ne manque pas de culture, elle non plus. Les livres rares et références ésotériques abondent, certains vont peut-être décrocher s’ils n’aiment pas ce milieu, pourtant jamais il n’y a de faits surnaturels, seules des possibilités ou des quêtes de ces faits sont la base de cette partie de la trame narrative, « agrémentée » de quelques morts suspectes. Une ombre noire plane au-dessus de notre héros, imperturbable dans sa mission. Et cette Irene Adler (cf. Sherlock Holmes) qui le suit pas à pas sans que l’on ne sache jamais qui elle est et quel est son but.
L’épilogue détricotera habilement la fausse intrigue du roman !
Ce que j’ai le plus aimé dans ce bouquin ce sont les références littéraires vraiment pointues à Dumas et à d’autres ; les renseignements très documentés sur les vieux livres, leurs reliures et les techniques employées par les faussaires ; les références, là encore multiples, aux films et au cinéma.
Par contre, le style m’a paru un peu vieilli parfois, tant dans l’écriture elle-même que dans le scénario général. Mais basta ! J’ai bien aimé.