Shy - Max Porter

 Shy   -  Max Porter


Porter
























Editions du sous-sol
Parution : 18/08/23
Traduit de l'anglais par Charles Recoursé
Pages : 144
Isbn : 9782364686748
Prix : 17.50 €Présentation de l'éditeur

En 1995, quelque part dans la campagne anglaise, un garçon surnommé Shy mène la bataille la plus éprouvante qui soit, celle de la dernière chance. Violent, décrocheur scolaire, il est envoyé dans une résidence pour mineurs délinquants implantée dans un manoir du XVIIe siècle, classé au patrimoine, et que dirige une équipe de jeunes travailleurs sociaux. L’École de la Dernière Chance, victime des promoteurs, va bientôt fermer. Shy décide de s’évader au milieu de la nuit, de laisser derrière lui cet endroit peuplé de jeunes diables – tantôt amis d’infortune, tantôt tortionnaires – et de s’enfoncer dans la mare voisine lesté de plusieurs kilos de pierres accrochées au dos. Au bout de la nuit, Shy se retourne alors sur sa courte vie.
Max Porter plonge, avec son écriture si singulière, dans la spirale d’un gamin que la société rejette, mettant à nu, avec une lucidité poignante – et bouleversante –, cette triple fracture à l’origine de l’échec à répétition, de la souffrance profonde et tenace, qui vous colle comme une deuxième peau. Un livre saisissant sur cette façon dont les mots nous sauvent ou nous tuent. Comment survivre lorsqu’on vous retire votre dernière chance ?
Traduit de l’anglais par Charles Recoursé.
Mon avis
J'avais très envie de découvrir l'écriture de Max Porter. 
Comment dire ! C'est déconcertant, interpellant !  Rien qu'en tournant les pages de Shy, on découvre plusieurs polices d'écriture, de grandeurs de caractères.  Un style d'écriture atypique, c'est certain.
Même si j'ai été déconcertée, j'ai été happée par ce récit qui nous plonge dans la tête d'un ado en difficulté d'être au monde.  
Shy a tout fait, il a volé, sniffé, frappé son prof, s'est fait viré de l'école.  Nous sommes en 1995 en Angleterre, il est à l'école de la dernière chance, une résidence pour mineurs délinquants mais malheureusement celle-ci va fermer car des promoteurs immobiliers ont d'autres projets.
Shy fugue et se dirige droit vers une mare, un sac à dos rempli de pierres bien lourdes pour être certain de ne pas remonter et d'en finir.
Il n'en peut plus de ce monde, de ses cauchemars, de ses pétages de plomb, de cette impossibilité de communiquer, de ne pas savoir se faire des amis, de toujours disjoncter.  Il souffre et est violent sans raison.  Il a honte, se sent coupable, est solitaire dans un mal-être constant, incompris malgré l'amour de sa mère.
Toutes ces voix dans sa tête... Il revit sa courte vie, c'est le chaos le plus complet, toute cette rage, ce désespoir.
Avec la forme de l'écriture, parfois sur quelques pages sans réelle ponctuation, Max Porter se glisse dans la tête de Shy.  On comprend comme c'est terrifiant.  On ressent la tristesse colossale de Shy, l'agitation et sa détresse transpirent dans l'écriture.
J'ai beaucoup pensé aux "dragons" du roman de Jérôme Colin.  Un livre puissant, touchant, indispensable pour qui veut essayer de comprendre.
Ma note : 8.5/10
Les jolies phrases
Tu ne te connais pas encore. Crois-Moi. Ça viendra, tout ça.  Apprendre à se connaître, c'est un chantier qui s'étire sur plusieurs saisons.  Toi, tu en es encore au printemps. 
Les signaux d'avertissement, Shy.  Apprends à les déceler et à les identifier.  Prends conscience de tes émotions et de l'effet qu'elles ont sur tes actes.  N'oublie pas, c'est toi qui tiens le volant. 
L'esprit est un univers avec ses trous noirs et tout le reste, dit Steve.  L'esprit est une chose extraordinaire, c'est indéniable. 
Ce que je te conseille, c'est de viser juste au milieu, Shy.  Quand tu pètes le feu, et quand tu vas mal tu pètes les plombs. Je ne vais pas te mentir, c'est épuisant.