Auteur : Sonia Alain
Éditions : Les éditeurs réunis
À paraitre en France le : 15 janvier 2024
376 pages
Thème : Romance Historique
disponible sur le site de l'éditeur
Fait partie de la duologie
Les inconnues de l'ile d'Orléans
J'ai adoré !
Résumé
« Mai 1792. La grogne du peuple français envers les aristocrates est désormais intenable. La jeune Anceline Gobeil doit fuir pour survivre, car on la considère comme une traîtresse. Étant au service du baron de Ferrand et de sa famille, elle n’hésite pas à les suivre sur un bateau de marchandises en partance pour Québec. Ils échappent ainsi à une mort certaine, mais devront se bâtir une nouvelle vie en terre inconnue. La baronne, Constance, profite de la traversée pour adopter Anceline en secret et lui attribuer son nom prestigieux, ce qui lui confère la protection réservée à l'élite à bord du navire. L’ancienne roturière doit alors prendre garde à ne pas éveiller les soupçons du capitaine Antoine de Savoie. Heureusement pour elle, un noble passager, Albéric de Grandmaison, intervient en sa faveur. Une fois à destination, Anceline et sa nouvelle famille s’installent sur l’île d’Orléans. Albéric est retenu dans la Vieille Capitale pour des raisons politiques, mais rêve de le rejoindre en secret. Les de Ferrand réussiront-ils à se tailler une place dans cette région inhospitalière ? Le passé d'Anceline, qui trahirait son statut d'intruse parmi son clan richissime, va-t-il finir par la rattraper malgré la distance ? » Ma chronique
Deuxième et dernier tome de cette duologie et même si ce n'est pas un coup de cœur comme pour le premier, j'ai adoré cette nouvelle aventure. Il débute comme le précédent, à savoir une famille de noble qui doit fuir la France en pleine Terreur, qui veut survivre. Sauf qu'eux vont déjà y perdre beaucoup avant de pouvoir arriver jusqu'à l'embarcadère. C'est une famille que nous avons vu à plusieurs reprises dans le premier tome, il s'agit des de Ferrand. Le couple et leur fille Anceline se retrouve dans le même bateau, celui de notre cher Capitaine Antoine de Savoie qui avait déjà un rôle dans le premier et en a un nouveau dans celui-là, un peu plus important je dirais même. Anceline connait donc Anne-Françoise ainsi que sa famille, ainsi que le "fiancé" de l'ainée. Une Anceline qui tremble de peur avec tout ce qu'elle a vu, subit et les cauchemars ne s'arrête pas en si bon chemin. Nous voyons donc la traversée par les yeux d'Anceline, avec ses propres suppositions, ses frayeurs et le fait que ce cher Antoine semble connaître son secret, celui dont elle a le plus peur. Ce Capitaine est malgré tout ce que nous connaissons déjà de lui, un gentleman et il est tenace. Il ne lâche rien, absolument rien et va se rendre compte qu'il n'est pas le seul homme à être ainsi. Sauf que lui est un... gentil on dira et que d'autres ne le sont pas. Des rôles où la peur est présente, où les mauvais souvenirs également et où le secret de notre héroïne semble lui pourrir la vie, parce qu'elle ne veut pas être une opportuniste et surtout que les de Ferrand puissent avoir des ennuis.
La nature profonde de Anceline est encore plus douce que Anne-Françoise, mais sauvageonne à sa manière. Elle ne veut faire de mal à personne et cette idée d'être présente, d'être en vie alors que d'autres ne le sont pas, lui fait du ma également. Recommencer à zéro, oui, pour eux trois c'est une obligation, mais le prix à payer est lourd, excessivement lourd. Chaque minute ensemble les ramène à cette fameuse soirée où ils ont tous perdus les uns comme les autres. Chaque minute passée ensemble les aide également à remonter la pente un peu plus chaque jour. Les douleurs psychologiques sont toujours plus douloureuses qu'un bleu ou un coup.Et lorsque vous avez un auteure sadique dans les parages, ce ne sont que le début des ennuis. Alors que nous apercevons un peu de ciel bleu, le cœur est plus léger, pas vrai ? Que nenni, l'effroyable se produit. Entre les souvenirs qui remontent sous la forme de fantômes bien vivants et d'autres bien morts, Anceline et sa famille formée vont devoir se battre un peu plus. Ce n'est pas parce qu'ils sont "nobles" qu'il ne faut pas oublier ce nouveau départ. Se retrouver à plusieurs familles dans e village ou pas loi peut être une aubaine ou au contraire une malédiction. Pour nos personnages, ils verront de tout et saurons vers qui se tourner. L'éducation n'a pas l'odeur de l'argent, nous le constatons en voyant comment les habitants, les villageois, les employés, les patrons, et autres protagonistes réagissent ou agissent. Il suffit parfois de peu pour faire basculer un homme ou une femme du mauvais côté et depuis le premier tome, nous suivons plusieurs personnages dont un qui m'a franchement déçu. Je n'en dis pas plus à ce sujet, il vous faudra le lire pour le découvrir. Il est vrai que ce n'est pas un coup de cœur et Sonia sait pourquoi : j'ai eu l'impression d'avoir des redites entre le premier et le second tome, ce qui est logique, vu que nous avons deux lignes parallèles mais avec des personnages différents, qui se rejoignent par moment. Des faits qui nous donnent l'impression de déjà-vu, par chance ce n'est que sur deux ou trois chapitres grand max. Passé ce petit bémol, les événements se succèdent rapidement dans le sens où Anceline ne va pas avoir de véritables journées de repos. Tout comme Anne-Françoise, elle va changer de vie et à deux reprises. C'est un brin de femme qui doit être forte pour les autres et pour elle-même, avec tout ce qu'ils ont subi en plus de cette Terreur, être un homme ou une femme dans son cas à abattre n'est pas de tout repos. La méchanceté gratuite est de mise et s'ils tombent sur les bonnes personnes, ce n'est pas toujours le cas. Surtout quand les révolutionnaires qui étaient déjà dans le premier tome semblent prendre un peu plus le pas dans ce second et apporter beaucoup d'ennuis. Il vaut mieux faire attention à ses fréquentations. Notre jeune femme doit donc faire très attention à ce qu'elle doit dire, faire ou montrer, même si sa "mère" madame de Ferrand adore la titiller dans le bon sens. Elle m'a fait penser à la maman de Gauvin qui cherche toujours à fourrer son enfant quelque soit l'âge qu'il a dans les pattes du sexe opposé, pour y voir déjà des petits-enfants ? Enfin, toujours est-il que ce second tome, nous baignons dans pas mal de confusions, avec ce secret qu'ils doivent porter tous les trois, que Anceline a du mal à s'y faire et qu'elle doit en plus chasser les démons de son passé qui lui reviennent en pleine figure (sans oublier les nouveautés depuis l'embarcation qui la poursuivent, bande de vilains !) Tiens un petit mot sur Antoine : j'ai adoré sa façon de voir les choses, d'aller contre son père bien-pensant et surtout c'est un homme d'honneur !Un tome où les rebondissements sont imposants, où il vaut mieux ne pas s'attacher à trop de personnages et le froid va vous être fatal. La neige, quand j'étais petite, j'adorais jouer dedans, faire des boules de neige, imaginer un ours et entendre mon père le jouer. Sauf que dans la vraie vie, dans ce type de nature, les ours sont pères mais bien en chair et en os et ils sont énormes et avides de chairs fraiches, comme les loups et autres animaux de cet acabit. Les promenades devraient être interdites, je dis cela, juste par précaution. L'Histoire est affolante, les courses-poursuites sont intenses, les moments de calmes bien trop courts et la réalité ne dépasse pas toujours la fiction. Sonia nous entraine sur des chemins périlleux où l'amour est gagnant, mais à que prix ? parfois il y a des pertes humaines, parfois des matériaux, des syndromes psychologiques ou physiques douloureux. La plume est plus acérée par moment, mais il faut bien cela lorsque les personnages sont plus mesquins, mauvais encore et prêts à tout pour obtenir ce qu'ils désirent. Le pouvoir, l'argent n'est rien en pleine forêt et certains auraient dû se poser la question avant de vouloir tenter d'obtenir gain de cause par la force. Les personnages évoluent et il est vrai qu'à cette période, bon sang ! Le manque de communication se fait ressentir, surtout entre deux personnes de sexe opposé. Pas de trio amoureux (j'ai vraiment eu peur à un moment donné que Sonia parte dedans) juste des sensations, des émotions, des sentiments, des ressentiments et du dégout aussi. Nous retrouvons Albéric certes, mais aussi Antoine, Anne-Françoise, Gauvin et Ludovic (mouais lui on aurait pu s'en passer surtout vu la fin du premier tome bien entendu) et tous ceux qui ont fait de cette duologie autant de péripéties. En conclusion, un second tome qui ne suit pas le premier, mais qui est en parallèle de la première histoire, donc nous avons quelques plans qui sont repris. Des personnages qui vont et viennent, qui font leur vie malgré les aléas, malgré leur ressentiment, leur fuite, leur peur. Les émotions sont présentes, les secrets aussi et la noblesse du cœur est bien plus importante que celle d'un titre. L'histoire d'Anceline est différente, plus brute de part son passé, le choix d'avoir accepté d'aider les de Ferrand et de devenir quelqu'un d'autre à plusieurs reprises. Sa vie prend un sacré tournant. Son courage est immense et pour cela il lui fallait un "adversaire", que dis-je un homme capable de voir au-delà de ce quelle peut donner en apparence. Je suis ravie d'avoir la fin tant attendue pour elle et ceux qui restent. Sur ce, je vous souhaite une bonne découverte !
Extrait choisi :
« Anceline figea net dans son élan, étonnée par le comportement inattendu du capitaine. Elle pinça les lèvres, suspicieuse. Elle n'avait pas l'intention de se faire berner si facilement, si c'était le but inavoué de cet homme. L'absence de sourire chez la jeune femme n'aida pas à alléger l'atmosphère, et Antoine en fut déçu. Il aurait aimé parvenir à la dérider un peu, mais Anceline de Ferrand n'était pas prête à lui pardonner. Il en eut la confirmation lorsqu'elle s'adressa de nouveau à lui.
— Certes, je vous suis reconnaissante de m'avoir secourue lorsque j'étais aux prises avec les insurgés au moment d'embarquer à bord de votre goélette, mais là s'arrête ma gratitude. Nous n'avons rien en commun, vous et moi, vous le savez.
— Mais ? la coupa Antoine avec un déplaisir évident.
Elle lui lança un regard noir en retour. L'expression taciturne de l'aristocrate lui déplaisait.
— Mais je ne vous apprécie pas, lâcha-t-elle d'un ton qui le prit de court. »