Anita Brookner (1928-2016), est une romancière britannique. Elle se lance tardivement dans l'écriture en 1981 à l'âge de 53 ans. Dès lors, elle publiera chaque année un livre. Elle remporte le Booker Prize en 1984 pour Hôtel du lac. Elle est l'auteur de vingt-quatre romans, tous traduits en français. Elle est faite commandeur de l'ordre de l'Empire britannique en 1990.
Edith Hope est écrivaine sous pseudonyme de romans sentimentaux. Elle a quitté Londres pour séjourner dans un hôtel au bord du lac Léman durant la morte-saison à la fin de l’été. Immédiatement nous savons qu’elle est ici exilée, le temps de « redevenir celle que j’étais avant de faire cette chose effarante » qui nous semblera longtemps mystérieuse…
Dans cet hôtel au luxe discret et à cette époque, les quelques clients se réduisent à la comtesse de Bonneuil, la vieille veuve Pusey et sa fille Jennifer qui font « une impression puissante et indéfinissable » sur Edith, Monica « dont on devait taire le nom, bien que son mari fût dans le Gotha anglais » très maigre, anorexique, avec un petit chien.
Les journées d’Edith se déroulent lentement, elle travaille sur son nouveau roman, elle observe les clientes de l’hôtel et imagine leurs vies, pourtant « elle était capable d’inventer des personnages de romans, mais incapable de déchiffrer le caractère des gens ». Et puis elle rédige de longues lettres journalières à David, son amant, par ailleurs marié avec des enfants.
La personnalité de notre héroïne se dessine rapidement, elle est proche de la quarantaine, discrète, effacée, coincée dans une vie qui n’est certainement pas celle qu’elle rêverait sans qu’elle en prenne conscience ; elle écrit ses bouquins, voit David quand il est disponible et puis c’est à peu près tout. Et ça pourrait durer ainsi longtemps.
Mais entre en scène Philip Neville, un industriel aisé d’un certain âge, une ombre dans cet hôtel jusqu’alors, il s’intéresse à Edith, « un homme dont la personnalité et la finesse d’esprit sortaient de l’ordinaire ». Quelques sorties alentour et des discussions où ses propos provocateurs et directs, font prendre conscience à Edith de sa situation et trois jours avant de retourner chez lui, il propose le mariage à Edith, un mariage de raison qui serait pour chacun d’eux un contrat gagnant/gagnant (si vous lisez ce livre vous saurez pourquoi). Edith va devoir choisir… !
Une belle analyse des caractères féminins, même si aujourd’hui elle a un peu vieilli par rapport aux années 80.
C’est le second roman de l’écrivaine que je lis et je suis à nouveau surpris, théoriquement ses livres ne sont pas sensés m’intéresser et quand je les entame j’en suis convaincu, pourtant au fil de ma lecture je ne peux m’empêcher de suivre le récit qui se déploie facilement avec beaucoup d’empathie pour ses personnages, sans que le bouquin soit trop long non plus, et je le referme satisfait de ma lecture. Rien d’extraordinaire mais c’est vraiment sympathique.