La langue des choses cachées - Cécile Coulon ♥♥♥♥♥
L'iconoclaste
Parution : 11 janvier 2024
Pages : 144
Isbn : 9782378804046
Prix : 17.90 €
Présentation de l'éditeur
À la tombée du jour, un jeune guérisseur se rend dans un village reculé. Sa mère lui a toujours dit : " Ne laisse jamais de traces de ton passage. " Il obéit toujours à sa mère. Sauf cette nuit-là.
Cécile Coulon explore dans ce roman des thèmes universels : la force
poétique de la nature et la noirceur des hommes. Elle est l'autrice
de Une bête au Paradis, Prix littéraire du Monde, Trois saisons d'orage, prix des Libraires, et du recueil de poèmes Les Ronces, prix Apollinaire.
Avec La Langue des choses cachées, ses talents de romancière et
de poétesse se mêlent dans une oeuvre littéraire exceptionnelle.
Cécile Coulon
Originaire de Clermont-Ferrand, Cécile Coulon publie son premier livre à seize ans. Depuis, elle ne cesse de nous surprendre, de nous émerveiller. En quelques années, elle a publié sept romans dont Une bête
au paradis, un grand succès de librairie, récompensé par le prix littéraire du Monde, et deux recueils de poèmes dont l’un, Les Ronces a reçu le prix Apollinaire en 2018. Cécile Coulon est également éditrice à l’Iconopop, une collection de textes brefs et poétiques à l’Iconoclaste.
Mon avis
Un jeune homme arrive à la tombée du jour dans le petit village reculé "Le fond du Puits", c'est sa mère qu'on avait appelé mais celle-ci trop vieille envoie son fils pour la première fois.
Il est nommé "coupeur de feu", "guérisseur", "rebouteux", "sorcier", il porte le don transmis de mère en fils, celui d'entendre la langue cachée des choses et de rétablir l'équilibre des choses. Il est celui que l'on appelle lorsque les hommes ne savent pas trop où demander de l'aide.
Jusque là, son rôle était d'observer sa mère, apprendre les gestes qui soignent, réparent ce que les hommes ont abîmé, accompagner la mort. On a appelé sa mère et c'est lui qui vient seul pour la première fois.
Il sait qu'il ne doit pas laisser de trace de son passage, n'écouter qu'une demande à la fois mais comme à chaque première fois cela ne se passe pas comme on l'entend. Il va désobéir, transgresser la règle.
C'est un jeune homme sortant de l'adolescence qui arrive sans expérience. Il repartira transformé, mûri, conscient de la violence des hommes et de la souffrance des femmes, de la notion de vengeance, mais aussi de l'équilibre fragile qui peut à tout moment se renverser.
C'est un conte noir sur la nature et ses mystères, les héritages et leurs violences que nous propose Cécile Coulon. Un texte sublime, magnifique !
Ce conte noir aux allures fantastiques va à l'essentiel, un récit intense qui parle de la nature humaine, de l'homme capable du meilleur comme du pire ! Il est question de la dualité de l'être , l'homme à la fois monstre et coeur tendre, rempli de noirceur et d'amour.
Cécile Coulon va au coeur des choses avec des mots choisis d'une force et d'une poésie incroyables. Une écriture épurée, un texte magnifique resseré d'une puissance incroyable.
C'est sublime.
Un énorme coup de coeur ♥♥♥♥♥
Les jolies phrases
Nous voyons les choses cachées, il n'y a pas de mots pour cela.
Comment un homme pareil peut-il donner un enfant sacré, comment d'un corps brutal peut naître une chose si fragile, comment, comment, comment, il n'en sait rien, ce père atroce, mais il ne peut pas perdre ce gamin, il ne peut pas le laisser mourir sans tout tenter, même appeler ce garçon, cet étranger, ce fils de la mère connue ici pour sauver les graves et les minables? Cet enfant est son salut, la lueur dans la boue, la couronne sur la crasse, cet ange, il ne le mérite pas, mais une douceur a percé sous les épaules rouges du père, un morceau d'amour qui tangue, qui grince. Le miracle de l'enfant, c'est d'avoir débusqué chez son père cette émotion qu'il ne connaît pas mais qui le ronge. Si l'enfant meurt, il sera moins qu'un homme, moins qu'une bête et cette brute aux épaules rouges a peur de ce qu'il y a sous les hommes et les bêtes : le vide.
Sa mémoire, elle, est intacte : le drame, c'est de tout savoir, de se rendre compte que le temps défait le corps et que le corps défait est une barricade trouée où les souvenirs s'engouffrent.
...il était là pour apprendre à éteindre les grands feux furieux que ces moments, tous identiques, allumeraient dans le coeur pourri des hommes et le coeur brisé des femmes.
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