Le livre de Rose – Emmanuelle Favier
Éditions Les Pérégrines (2023)
La Rose du titre, c’est Rose Valland, attachée de conservation au musée du Jeu de Paume, qui, durant la guerre, s’acharna au péril de sa vie à noter les spoliations d’œuvres d’art perpétrées par les nazis, afin de les communiquer à la Résistance. Par la suite, elle eut un rôle fondamental dans la localisation et la récupération de ces œuvres.
Ce roman original se présente comme le journal tenu en 2023 par une femme dans la quarantaine, qui vit en couple avec un certain E. Elle a réalisé quelques documentaires, traverse une période de doutes et éprouve des difficultés à démarrer un nouveau projet. Relancée à plusieurs reprises par son éditrice pour proposer un sujet de film, elle propose sans y réfléchir le nom de Rose Valland, influencée par les conseils de sa mère qui vient de lire un roman consacré à cette héroïne. Elle commence alors des recherches sur cette femme dont elle ne connaît pas grand chose. Dans un premier temps, elle est peu passionnée par son sujet. Il faut dire qu’elle est confrontée, dans sa vie privée, à un dilemme car son compagnon lui a fait part de son désir d’avoir un enfant, alors qu’ils avaient clairement établi au début de leur relation qu’ils n’en auraient pas. Son journal progresse donc entre ces deux axes, son intérêt pour Rose Valland s’accroissant au fur et à mesure de ses découvertes sur la vie hors du commun de son sujet.
Ce livre m’a été offert par quelqu’un qui avait lu un roman, Le temps des faussaires, dans lequel apparaissait la figure de Rose Valland et qui l’avait marqué. J’ai été, dans un premier temps, assez déçue de ma lecture car au début, il y est plus question des états d’âme de la narratrice, de son désœuvrement et de ses interrogations que de la vie de Rose Valland. Puis, lorsqu’elle commence ses recherches dans les archives et qu’elle découvre petit à petit le caractère extraordinaire de cette femme et l’importance fondamentale de son action, la narration devient prenante et vraiment intéressante.
Au-delà de Rose Valland, le récit met en lumière les trafics d’œuvres orchestrés par les nazis, le combat de la résistance pour les contrer et le travail de fourmi qui a été nécessaire par la suite pour la récupération. Il y a également un point commun entre le passé et le présent qui relie la motivation de Rose, son attachement à la transmission de l’Art aux générations futures, à la préoccupation du compagnon de la narratrice qui prend conscience avec l’âge qu’il ne va rien transmettre de son existence.
En cherchant des informations sur Emmanuelle Favier que je lis pour la première fois, j’ai appris qu’elle s’était déjà intéressée à Rose Valland dans son roman La part des cendres. Voilà pour moi une prochaine idée de lecture !
En septembre 2023, Emmanuelle Favier était interviewée sur RFI à propos de son livre. À écouter ici.